Atos : David Layani (OnePoint) veut bâtir un "New One AtoS"
Publié par Philippe Leroy le | Mis à jour le
David Layani, patron de Onepoint et premier actionnaire d’Atos, demande que les projets de scission des principales activités de l’ESN. Il plaide pour une recapitalisation pour construire un « New One AtoS ».
C’est le nouvel épisode que tout le monde attendait. Dans une interview au Figaro ( réservé aux abonnés), David Layani, patron-fondateur de Onepoint et premier actionnaire de l’ESN avec 11,4 % sort du silence pour faire des propositions sur son avenir.
« Il faut mettre fin immédiatement à tout projet de cession en préservant l’intégrité des actifs pour bâtir un New One Atos qui reparte sur des bonnes bases » avance-t-il.
Pour le moment, l’échec des négociations avec Daniel Kretinsky pour la reprise de Tech Foundations ( infogérance) et d’Airbus pour l’activité BDS (Big Data & Security ) vont dans ce sens.
Pour autant, Atos discute actuellement avec ses banques sous la conduite de l’administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux, à la tête du cabinet FHB, pour renégocier les échéances de sa dette et rien ne dit qu’une stratégie de cession ne revienne parmi les options envisagées.
Faire un Airbus du cyber et du digital
Face à cette incertitude, David Layani affiche sa confiance : « Non seulement Atos peut se relever, mais il doit se relever. Malgré toutes ses difficultés, le groupe peut s’en sortir, grâce à ses actifs de grande qualité, ses 100000 talents dans 70 pays, ses clients prestigieux et sa marque encore reconnue. ».
Et de dessiner les contours très larges d’une stratégie : « Mon projet est de faire d’Atos l’Airbus du cyber et du digital : la plate- forme européenne du digital, de la cybersécurité et de l’intelligence artificielle, et le premier opérateur européen de cloud souverain, dans un marché émergent dominé par les Chinois et les Américains ».
Pour son premier actionnaire, le temps joue désormais contre Atos : « Quand on est un client d’Atos ou un salarié avec un talent recon nu et très demandé par le marché, je comprends qu’on se pose des questions. C’est pour ça qu’il faut agir très vite, avant les JO et avant l’été. »
Et de se placer au coeur de la nouvelle stratégie de reprise en dépit de la différence de taille entre les deux acteurs : 500 millions de chiffre d’affaires pour Onepoint contre 10 milliards pour Atos.
« Si toutes les conditions sont réunies, sur la base de notre vision, de notre projet, on est prêt à participer à l’augmentation de capital pour conserver notre position d’actionnaire de référence, à la coordonner, et même à la sécuriser» affirme-t-il au Figaro.
Il estime que ses propositions sont les seules options pour garder l’ESN dans le giron industriel français avec la perspective de retrouver une croissance de 6 % à 8% d’ici d’ici deux ou trois ans et un taux de marge comparable à celui de ses concurrents.
Bercy se mêle du dossier Atos
« De l’autre côté, il y a quoi ? Des purs financiers et des opportunistes qui attendent qu’Atos aille au tapis pour ramasser des bouts à la casse. Soit on règle le problème vite avec notre solution industrielle, soit on attend et on laisse Atos aller au tapis. » pourfend David Layani.
Sa sortie médiatique est-elle susceptible de faire évoluer la direction d’Atos et de réchauffer la relation avec leur premier actionnaire ? A priori non. Dans un « statement » publié dans la matinée, l’ESN affirme que « Ces propos n’engagent pas la société et son Conseil d’administration. Le plan de Onepoint n’a pas été présenté au Conseil d’administration de la société qui, si et quand il le sera, pourra l’analyser et communiquer en temps voulu sur sa position. »
Une manière de lui rappeler que les procédures de gouvernance s’appliquent en dépit de la situation financière très dégradée. D’autant que le ministère de l’économie s’est enfin décidée, la semaine dernière, d’intervenir dans le dossier suite à l’annonce de l’échec des négociations avec Airbus, révélant que le Comité interministériel de restructuration industrielle participe aux discussions avec la direction, le conseil d’administration, la mandataire ad hoc et les créanciers d’Atos.
Et d’affirmer que « L’Etat construira dans les prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques.» Reste à savoir si David Layani sera partie prenante de cette « solution ».