Cyril Morcrette, Mappy : « Nous utilisons et contribuons aux logiciels Open Source »
Mappy, spécialiste de la recherche d'itinéraire sur le le web, est en pleine mutation notamment avec une présence de plus en plus forte sur le mobile. Cette stratégie implique des adaptations dans l'infrastructure IT de l'éditeur. Cyril Morcrette, CTO de Mappy revient pour Silicon.fr sur les problématiques IT, les orientations et aussi les ambitions.
Silicon.fr : Quelles sont les problématiques IT de votre entreprise ?
Cyril Morcrette : Mappy est l'une des premières destinations des internautes et des mobinautes européens, avec une audience de l'ordre de 10 millions de visiteurs uniques par mois. D'un point de vue technique, cela représente un volume de 300 To, un débit de l'ordre de 1 Gbit/s, relativement stable tout au long de la journée ou de l'année, même si nous devons faire face à des hausses d'activité pendant les congés ou lors des intempéries, et à un volume de requête qui ne dépasse pas le million par minute.
Notre problématique est triple : gérer notre outil cartographique sur le web et désormais sur le mobile, avec la prise en compte des multiples types d'écrans des smartphones ou des tablettes, introduire des images en haute définition, ce qui peut se traduite par une multiplication par 20 de la consommation de données chez certain de nos utilisateurs, et enfin ouvrir notre plate-forme à des sites tiers, qui peuvent reprendre nos cartes ou au contraire injecter leurs propres données cartographiques ou commerciales.
Comment a évolué votre infrastructure matérielle ces dernières années ?
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En 15 ans, l'infrastructure de Mappy a beaucoup évolué et après avoir testé l'infogérance à nos débuts, nous avons fait le choix d'administrer nous-mêmes nos serveurs, que nous hébergeons chez Telehouse à Paris. Le parc se compose de plus de 500 équipements (serveurs, réseau, stockage, .) dont 380 serveurs physiques, principalement fournis par HP et Dell. Les machines les plus puissances sont des serveurs HP de 16 cours, avec jusqu'à 192 Go de RAM, que nous destinons à la virtualisation, ainsi qu'à la gestion de la base de données ou au calcul intensif.
Nous avons testé le cloud chez AWS, notamment pour lancer le service de photos panoramiques 360 °, mais une fois l'usage du service stabilisé, nous avons finalement décidé de le réinternaliser cette activité, notamment pour des raisons financières. Nous avons la chance d'avoir une forte expertise interne dans la gestion de notre infrastructure et de pouvoir anticiper nos pics d'activité, ce qui réduit la pertinence d'une solution plus élastique comme le Cloud. Dans notre cas, c'est économiquement plus réaliste d'acheter et de gérer nous-même nos serveurs.
Quels sont vos choix en matière de progiciels applicatifs ou d'infrastructure ?
Pour notre infrastructure, nous misons sur des solutions solides et éprouvées comme Vmware pour la virtualisation ou encore Zabbix pour la supervision. Par contre, nous avons progressivement abandonné tous les serveurs propriétaires Oracle ou Microsoft, au profit de solutions Open Source comme Debian et de bases de données PostgreSQL/PostGIS (Geographical information System).
Nous utilisons également des logiciels Open Source comme Puppet, Jenkins ou GIT, pour la gestion des configurations, l'intégration continue, le continous delivery ou pour promouvoir une démarche DevOps en interne. Nous sommes enfin également contributeurs Open Source, notamment pour des outils métiers comme MapNik, propres aux solutions géographiques.
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Quel sujet IT vous semble prioritaire pour ces prochaines années ?
Pour Mappy, ce sont le mobile, l'ouverture des données. et leur sécurité.
La croissance de l'audience passe désormais par les smartphones ou les tablettes mais ces écrans sont très fragmentés entre une multitude de formats, de systèmes d'exploitations sans parler de la bataille entre sites web mobiles et applications. Nous sommes obligés de faire des arbitrages, parfois des impasses, et d'essayer de mutualiser nos développements pour qu'une même ressource puisse fonctionne sur une tablette iOS ou un smartphone Android.
Dans la mobilité, l'autre grand sujet c'est l'ouverture des données et la notion de Big Data. Mappy est bien plus qu'un outil cartographique et se positionne aujourd'hui comme une plate-forme « web to store« , capable de renvoyer des internautes ou des mobinautes dans les points de vente traditionnels de nos clients. Cela nous oblige à agréger de plus en plus d'éléments multimédia (cartes, photos, panorama, etc.) mais également des informations de nature commerciale (horaires, catalogue produit, tarifs).
Enfin le dernier grand sujet, c'est bien évidemment la cohérence et la sécurité des données, en particulier quand il s'agit de données personnelles telles que les habitudes de consommations de nos internautes.
Avec le recul, quel conseil pourriez-vous donner à d'autres directeurs informatiques ?
Je dirais qu'il ne faut pas négliger la qualité de ses collaborateurs et ne pas faire de compromis au moment de leur recrutement. Il faut bien évidemment tester les compétences mais également l'état d'esprit des nouvelles recrues car cela peut nuire à la mentalité de toute une équipe.
Chez Mappy, nous veillons par ailleurs à inculquer une véritable culture de l'innovation au travers de « Make It days ». Les équipes informatiques ont par exemple proposé de nouvelles interfaces utilisateurs qui ont été retenues par les équipes marketing. C'est important que l'innovation s'impose comme une notion transversale à toute une entreprise.
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