Dropbox met HTTP/3 à l'épreuve pour la recherche
Publié par Clément Bohic le | Mis à jour le
Que vaut HTTP/3 face à HTTP/2 ? Dropbox a effectué la comparaison sous l'angle de la recherche de contenu.
Dans quelle mesure HTTP/3 peut-il faire gagner en qualité de service ? Dropbox a récemment mené une expérimentation à ce sujet, axée sur la recherche de contenu.
À la base, il y avait des données relevées en 2022 sur les serveurs de prod en HTTP/2. Dropbox en communique une en particulier : une latence moyenne de 400 à 450 ms au 75e centile. C'est-à-dire en éliminant les 25 % de requêtes les plus « lentes ».
Cette latence était à peu près pour moitié liée au réseau. Avec des disparités entre zones géographiques. La plaque Amériques, où se trouvent l'essentiel des datacenters de Dropbox, s'en tirait le mieux. Tout au contraire de l'Asie (15 % du volume de requêtes), l'Europe (25 %) se trouvant entre les deux.
Dropbox lorgnait HTTP/3 sous deux grands angles, liés au protocole de transport sous-jacent (QUIC ; Quick UDP Internet Connections). D'une part, le fait qu'il fusionne connexion et chiffrement en un seul handshake. De l'autre, l'élimination du phénomène de « blocage en tête de ligne » inhérent au protocole TCP sur lequel repose HTTP/2 : lorsqu'un flux subit une perte de paquets, la connexion dans son ensemble est affectée.
HTTP/3, un gain véritable pour 10 % des utilisateurs
L'expérimentation a impliqué la création d'un sous-domaine sur le site principal, avec un endpoint capable de répondre en HTTP/3. Dans cette configuration, la latence serveur était proche de zéro, facilitant l'estimation de la latence réseau.
Les tests ont été conduits pendant environ deux semaines, « en conditions réelles » avec quelques garde-fous pour éviter d'impacter les performances chez les utilisateurs finaux. À chaque fois, Dropbox envoyait cinq requêtes HTTP/2 en parallèle, puis faisait de même en HTTP/3.
L'échantillon global a avoisiné 300 000 requêtes HTTP/3 par jour, avec un trafic en crête de plus de 1500 requêtes par seconde.
Pour la majorité des utilisateurs, l'apport de HTTP a été moindre : 5 à 15 ms de gagnées par requête. Les bénéfices sont plus nets à partir du 90e centile, donc pour les 10 % d'utilisateurs les moins bien servis : 48 ms. On atteint même 146 ms au 95e centile.
Sur la plaque Asie, les gains aux 90e et 95e centiles atteignent respectivement 77 et 200 ms. Dropbox impute l'essentiel de ces gains à la suppression du blocage en tête de ligne. Le gain sur le handshake est d'autant moins significatif que les connexions au site sont généralement de longue durée.
Ces bénéfices peuvent aller au-delà de la recherche, pour toucher par exemple aux opérations sur les fichiers ou à la recommandation algorithmique de contenu.
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