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Procès WorldCom: Ebbers ne savait rien, ne voyait rien

Publié par Arnaud Dimberton le - mis à jour à

Jugé pour la plus grande faillite de l'histoire des Etats-unis, l'ex-P-DG de l'opérateur télécoms Worldcom se défend, en soulignant qu'il déléguait les décisions trop techniques pour lui à son financier Scott Sullivan. Tout s'explique alors!

Après les tentatives de Scott Sullivan, l'ex financier du groupe Worldcom devenu MCI, d'impliquer son ancien patron, Bernie Ebbers maintient sa ligne de défense arguant de son ignorance en matière financière. A 63 ans, Ebbers a toujours nié son implication dans l'affaire, réfutant les accusations de complot, fraude boursière et fausses déclarations au gendarme américain de la bourse, qui lui valent de se retrouver seul sur le banc des accusés à New York.

Alors qu'il encourt plusieurs années de prison, l'ex-patron a essayé d'attendrir le jury en exposant son parcours d'autodidacte arrivé presque par accident dans les affaires. Un discours larmoyant selon la presse. En choisissant de passer pour une victime, Ebbers essaye de faire oublier sa réputation de P-DG exigeant et autoritaire. De son coté, la défense tente de faire croire que ses compétences limitées en finances et en comptabilité ne lui permettaient pas d'organiser une telle fraude record de 11 milliards de dollars. Le but est de faire endosser à Scott Sullivan la responsabilité de la fraude qui a mené à la faillite en 2002. Face au précoce Sullivan, qui n'a que 33 ans lorsqu'il prend de telles fonctions en 1994 et dont Wall Street vante déjà « la maîtrise aiguë des chiffres », Ebbers est forcément un patron qui fait confiance. L'accusation a essayé de démonter cette thèse de l'absence de maîtrise de l'ex-PDG. L'avocat de Sullivan interroge Ebbers : «Vous n'aviez pas un ?il sur ses activités au jour le jour ?», « Oh non , Oh non !» répond Bernie Ebbers. Puis le procureur fédéral David Anders lui fait admettre qu'il est familier des termes savants des bilans financiers et qu'il se penchait lui-même de près sur les comptes des sociétés cibles d'OPA dans les années 90.« Le ratio du prix sur le bénéfice par action ça vous dit quelque chose ?», réponse surréaliste de Ebbers : « J'ai déjà entendu ça ». L'ancien patron cherche par tous les moyens à défendre sa crédibilité de grand patron, mais cherche absolument à montrer qu'il n'était expert en rien. Et qu'il n'avait pas ordonné à Sullivan de falsifier les comptes. Mais la démonstration du procureur s'avère fastidieuse et pas forcément convaincante. Ebbers est même apparu assez détendu tout au long de la journée. Ce sportif, un temps videur dans un bar, finira sans diplôme autre que celui d'éducateur physique. Après son mariage, il devient gérant de motels dans le Mississippi pour nourrir sa famille. Puis dans les années 80 il lance une PME dans les télécoms car ce secteur est susceptible de « générer des liquidités pour acheter plus de motels ». Cette petite entreprise LDDS, deviendra Worldcom au termes de multiples fusions, dont une gigantesque avec MCI finalisée en 1998. En juillet 2002, le deuxième opérateur de télécoms longue distance des Etats-Unis après ATT avait dû se placer sous la protection de la loi sur les faillites après la découverte de malversations. Rebaptisée MCI, le groupe est sorti de la faillite en avril 2004.

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