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Télécoms : investissements records dans le très haut débit en 2016

Publié par Christophe Lagane le | Mis à jour le

En 2016, les opérateurs ont investi plus d'un milliard d'euros de plus qu'en 2015 dans les infrastructures réseau, selon le bilan annuel de l'Arcep.

« Il y a un an, j'ai appelé les opérateurs à casser leurs tirelires car la situation du pays en matière de connectivité était très mauvaise sur le fixe et mauvaise sur le mobile. » C'est par ce rappel que Sébastien Soriano (photo ci-dessus) a introduit la présentation du rapport 2016 de l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) sur le marché des télécoms en France. Depuis, la situation s'est améliorée. « On a constaté une sorte de réveil de l'investissement », assure le président de l'Autorité.

De fait, les investissements des opérateurs dans le réseau (hors contenus, banque ou autre, donc), et hors achat de fréquence, se sont améliorés de plus d'un milliard d'euros par rapport à 2015 pour atteindre 8,9 milliards (7,8 en 2015 et 7 en 2014). Soit une hausse de 13,4%. Du jamais vu depuis que le régulateur a mis en place son observatoire. L'essentiel des dépenses sont portées par les réseaux fixes qui engouffrent 6,2 milliards (+13,3%) alors que les infrastructures mobiles ont englouti 2,67 milliards (+13,7%).

La fibre prend le relais des recrutements fixe

Ce regain d'investissement s'explique en partie par ceux que SFR a consenti pour rattraper son retard sur la partie mobile (4G). Sur le fixe, « l'ensemble des acteurs y contribue », assure Stéphane Lhermitte, directeur des Affaires économiques et de la prospective du régulateur. Avec un effort particulier sur les réseaux très haut débit (THD) fixes et mobiles qui représentent 34% du total des investissements (3 milliards d'euros). En hausse de plus de 25% en un an.

Stéphane Lhermitte, directeur des Affaires économiques et de la prospective de l'Arcep

Ces investissements se reflètent aussi dans la hausse du nombre d'utilisateurs des services THD. « Le très haut débit commence à remplacer le haut débit », assure Stéphane Lhermitte (photo ci-contre). Fin 2016, l'Arcep comptait 5,4 millions de foyers sur des liens à très grande vitesse. Dont 3,4 millions (63%) à plus de 100 Mbit/s avec 2,2 millions de prises FTTH (fibre optique à domicile) en service et 1,2 million en coaxial (FTTB). souligne le responsable. Les 2 millions de lignes offrant entre 30 et 100 Mbit/s sont fournis par le câble et le VDSL2. Au final, 1,2 million d'abonnements THD sont venus s'ajouter en 2016. Soit une hausse comparable à 2015. A la différence que « la fibre représente plus de la moitié de la hausse des abonnements haut débit ». Le FTTH s'impose.

La 4G massivement adoptée

Sur le volet mobile, « on observe un passage des clients 3G en 4G », constate le responsable avec plus de 10 millions de nouveaux utilisateurs THD sur l'année. Les près de 32 millions de clients 4G constituait 44% des abonnements mobiles en fin d'année dernière. Un chiffre probablement supérieur aujourd'hui alors que, selon les résultats du premier trimestre récemment dévoilés par les opérateurs, leur base d'abonnés 4G dépasse allègrement les 50%. La tendance va donc se vérifier en 2017 avec la poursuite des déploiements de sites 4G, la généralisation des terminaux compatibles et des forfaits adaptés à la consommation de la data en mobilité. Celle-ci s'élevait en moyenne à 1,9 Go par mois par client dont 2,8 Go pour les abonnés 4G. Un volume qui s'élevait à 3,3 Go pour le seul 4e trimestre.

Malgré ces hausses massives, le revenu global des opérateurs est resté en recul. De 0,8% par rapport à 2015 avec 35,7 milliards d'euros de chiffres d'affaires déclarés. Mais la tendance à la baisse qui frappe le secteur depuis 2011 tend à se tasser tant sur l'activité fixe (-0,5% à 16,9 milliards) que mobile (-0,7% à 14,1 milliards). Stéphane Lhermitte note néanmoins une hausse des revenus au dernier trimestre 2016. Hausse qui a eu tendance à se confirmer au premier trimestre 2017. Il restera néanmoins à vérifier que la tendance suivra sur le reste de l'année alors que les tarifs catalogues mesurés par l'Arcep dans son indice des prix montre « un mouvement assez brusque de baisse suite à la stratégie d'un opérateur », souligne Sébastien Soriano (voir courbes ci-contre). En l'occurrence celle de SFR qui a lancé une offre fixe à 24,99 euros (hors location de la box).

Baisse continue des emplois

En revanche, ce qui baisse sans discontinuer depuis 2012, voire 2004, ce sont les emplois. Avec 115?231 salariés chez les opérateurs, 2016 a connu une perte de 3?100 postes de moins qu'en 2015. Dans la droite ligne de la tendance observée ces dernières années (-3?000 à -?4000 par an). Il s'agit des emplois directs des opérateurs et non ceux de l'ensemble du secteur des télécoms. Cette diminution reflète donc potentiellement une externalisation des compétences à la manière de SFR qui, dans le cadre de son plan de restructuration engagé après son rachat par Altice, a externalisé son activité de distribution fin 2016. Par ailleurs, si les emplois des non cadre chutent, ceux des cadre augmentent désormais plus vite.

Dans tous les cas, les opérateurs devraient poursuivre leurs déploiements et donc leurs investissements, notamment dans les réseaux fixes et mobiles. 7 à 8 millions de prises THD fixes sont attendues au cours des trois prochaines années (par les acteurs privés et fixes). Et 10?000 nouveaux sites 4G sont prévus sur la même période. Sébastien Soriano est d'ailleurs convaincu du bienfait de la vive concurrence sur le secteur. « La concurrence est l'élément clé pour dynamiser l'investissement », affirme-t-il en soulignant le cercle vertueux qui en découle. « S'il y a concurrence, les opérateurs sont obligés d'investir pour produire de l'innovation, de la qualité de service que les clients sont prêts à payer. » Mais, aux yeux du régulateur, le rôle des opérateurs dépasse aujourd'hui le seul cadre des télécoms. « Maintenant que la concurrence est globalement installée, il y a une attente pour que le secteur des télécoms remplissent ses objectifs sociaux de construire la brique de base de l'économie numérique », conclue Sébastien Soriano.

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