Pour gérer vos consentements :

Trésors de la langue française: histoires de c...

Publié par La rédaction le - mis à jour à

Dès qu'il est gros, en plusieurs volumes, un dictionnaire est encombrant, mal pratique. Il fallait bien s'en contenter avant l'invention de l'informatique. Rien n'est plus utile qu'un dictionnaire convenable.

Convenable? Pour ne pas s'égarer sur tous les sens d'un mot? Et là, le Petit Robert, dans sa énième édition dépourvue d'illustration, est indispensable. Mais pour aller plus loin, plus loin dans les étoiles? Eh bien, il existe désormais Le Trésor de la langue française. Un monument: quelque 100.000 mots, 270.000 définitions, 430.000 exemples - et, du coup, 23.000 pa-ges, en 16 volumes ! Depuis moins d'un an, ce Trésor, imposant et incomparable, est dans Internet - et d'une consultation plus que facile: https://atilf.inalf.fr/tlfv3.htm Il y a tous les mots et même les mots qui, pour des raisons disons de décence, ne figurent pas dans le Littré ou dans d'autres dictionnaires. Je sais que je ne vous choquerai pas en citant la définition d'un mot qui ne fut prononcé pour la première fois au cinéma qu'en 1949, dans Manon, de Clouzot, soulevant, je dois le dire, une petite tempête. Il s'agit d'un mot que tout un chacun emploie tous les jours - un ancien Premier ministre a même employé un de ses composés - mais pratiquement jamais dans son sens initial. CON, subst. masc. et adj. A. Subst., trivial. Région du corps féminin où aboutissent l'urètre et la vulve.

Ces mégères révolutionnaires, qui pissent à con béant sur les cadavres des gens qu'elles ont égorgés (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1885, p. 429). En partic. Sexe (organes génitaux externes) de la femme : 1. C'est une impiété inepte d'avoir fait du mot con un terme bas, une injure. Le mépris de la faiblesse? Mais nous sommes si heureux qu'el-les soient faibles. C'est non seulement le propagateur de la nature, mais le conciliateur, le vrai fond de la vie sociale pour l'homme. MICHELET, Journal, 1857, p. 331. 2. Chez lui [Paul Gavarni], l'obsession presque morale du cul, du con. Sa fascination est là et c'est comme un éblouissement. Ses divagations, ses systèmes, sa philosophie y reviennent sans cesse, comme à un centre de l'humanité, l'anneau où passe la succession des générations. E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1868, p. 404. P. méton., vieilli. Les choses du con. Rapports sexuels : 3. .Daudet, comme un peu grisé par l'électricité de l'orage, dit : « Oh! c'est positif : dans les choses du con, j'ai été un scélérat, . E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1892, p. 287. B. P. méton., au fig., vulg. [P. réf. au sexe de la femme pris comme symbole de l'impuissance et de la passivité] 1. Subst. Personne idiote, bête. Vieux con, espèce de con : 4. « Mon cher maître, vous avez un merveilleux talent pour faire le portrait de vos amis. Quelle magistrale galerie de cons! » E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1894, p. 589. SYNT. Grand, petit, sale con; une bande de cons; avoir l'air d'un con; être le roi des cons. Piège à cons. Attrape-nigaud. Ne fais pas le con (fam.). Sois raisonnable. Loc. À la con. Ridicule, sans valeur. 2. [En constr. d'attribut ou d'appos., avec valeur d'adj.; le plus souvent inv. en genre] Bête, stupide. a) [En parlant d'une pers.] Tu es encore plus con que tu n'en as l'air (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 170). Loc. Con comme la lune. Tout à fait idiot. Je le trouvais con comme la lune (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 155). b) [En parlant d'une chose abstr.] Ton histoire est drôlement con. C'est con, ce que tu dis là! (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 42). Par atténuation, fam. Naïf : 5. Vous vous trompez, Annie. Si nous faisons mieux connaissance, vous vous apercevrez que « l'édification du socialisme » est la seule et unique tâche que je prenne au sérieux, . ça a l'air un peu con de le dire comme ça. mais c'est vous qui m'y obligez. VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 158. Rem. On rencontre également le fém. conne (qui atteste le passage définitif du mot à l'emploi fig. comme subst. adjectivé). Eh conne, dit la voix de Gabriel, si y'a personne tu boucles la lourde (QUENEAU, Zazie dans le métro, 1959, p. 179). Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1. Ca 1195-1200 physiol. subst. (Ro-man de Renart, éd. M. Roques, 14568); 2. 1831 arg. adj. (Mérimée à Stendhal, Corr. gén., 1, 90 ds QUEM.); 1872 conne (LARCH., p. 101). 1 du lat. class. cunnus physiol.; 2 prob. réfection de conard* (FEW t. 2, p. 1541a). Fréq. abs. littér. : 184. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 69, b) 214; XXe s. : a) 247, b) 727. DÉR. 1. Connard, conneau, connaud, conno(t), (conno, connot)subst. masc., vulg. Triple idiot. Je me demande un peu! . Où qu'il peut percher son connard qui va lui racheter des telles ordures?(CÉ-LINE, Mort à crédit, 1936, p. 616). Quand il rentrera l'autre guignol! . on fera les connos et puis c'est tout! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936 p. 671). 1re attest. a) 1280 conart lecture jugée possible par A. Långfors ds Romania t. 58, p. 288 (Clefs d'amors, éd. Doutrepont, 1315 : covart; var. B. Cornart); XIVe s. (J. LE SENECHAL, Cent Ballades, éd. G. Raynaud); b) av. 1896 conneau (VERLAINE, Correspondance, t. 3, p. 251); de con, suff. -ard*, -eau*. Le mot est peut-être dû à une altération de cornard* (cf. bon(n)e pour borne). Fréq. abs. littér. Con(n)ard : 12. 2. Connasse, subst. fém., vulg. Femme très sotte. Tu veux partir, connasse. Oui, partir, cavaler ailleurs (A. ARNOUX, Zulma l'infidèle, 1960, p. 40). 1re attest. a) 1610 anat. (BEROALDE DE VERVILLE, Le Moyen de parvenir, Kalendrier II, 212 ds HUG.); b) ca 1810 « femme ou homme bête » appliqué à la femme honnête et à la prostituée inexperte (d'apr. ESN. 1966); de con, suff. péj. -asse*. 3. Connement, adv., vulg. Bêtement. Faut pas, Pierrot, que tu te froisses; j'ai fait ça un peu connement hier, sous le coup d'une mauvaise impression (A. SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 200). 1re attest. 1953 id.; de con, suff. -ment2*. Un correcteur surdoué? De la même manière, il y a vraiment tous les mots et je suggère à un homme de théâtre de bâtir un onemanshow en lisant des extraits soigneusement choisi du TLF; Et ce n'est pas tout. On peut retrouver tous les mots d'origine espagnole ou scandinave, tous les exemple tirés de Victor Hugo ou d'Albert Simonin, toutes les expressions contenant le mot chat ou chien, etc. Une seule case est proposée pour indiquer le mot recherché. «Si, dans cette case, précise le TLF, vous tapez un mot correctement orthographié, vous aurez directement le résultat cherché. Dans le cas contraire, un correcteur d'erreurs extrêmement sophistiqué vient à votre secours. Il rattrape les fautes d'accents, les redoublements de consonnes, se joue des tirets des mots composés, cherche les équivalents phonétiques, envisage le fait que vous n'avez pas tapé un infinitif pour rechercher un verbe ou un singulier pour rechercher un nom commun, etc.» Pour chaque mot, on peut aussi communiquer avec: -les dictionnaires de l'Académie française; -la base lexicale de l'Atilf; -la base Frantext. Je n'en finirais pas d'énumérer tous les raffinements en forme d'avantages du TLF. Et The last but not the least : il y a la prononciation de tous les mots. J'ai eu ainsi la confirmation que patio se prononçait bien avec un son plus proche du 't' que du 's'. Respectueusement vôtre, le ci-devant Siliconchroniqueur

La rédaction vous recommande