Une IT « coûteuse » dans le viseur de Société Générale
Publié par Clément Bohic le | Mis à jour le
Dans le cadre de son plan 2026, Société Générale a identifié d'importantes opportunités de réduction des coûts sur l'informatique.
Héberger 75 % du SI dans le cloud à l'horizon 2026 ? Cet objectif figure dans le plan stratégique que le groupe Société Générale a annoncé cette semaine.
À première vue, les prévisions sont moins « ambitieuses » qu'elles ne le furent. Par exemple au regard du plan stratégique « Transform to Grow », présenté fin 2017. Il y était question de « cloudifier », sous trois ans, 80 % de l'infrastructure éligible.
But non atteint ? Difficile d'en juger, tant le SI s'est transformé depuis lors. En point d'orgue, la fusion* des réseaux Société Générale et Crédit du Nord. Fusion juridique depuis le 1er janvier 2023... et informatique depuis le printemps. Le processus aura nécessité deux ans et demi de travaux en amont, pour quatre millions d'heures de travail.
Des démarches de convergence avaient été enclenchées au préalable, et de longue date. Voilà presque dix ans, le groupe affirmait disposer d'un socle commun et d'applications métiers mutualisées « sur les 35 000 postes de travail des conseillers des deux réseaux ». Il recensait alors 10 000 collaborateurs à la DSI, pour 3,8 Md€ de budget annuel.
Une « stratégie de plate-forme » à revoir
La facture a enflé depuis : 4,7 Md€ dépensés en 2022. Assez pour que Slavomir Krupa, le DG groupe, en vienne à prôner une « stratégie de plate-forme plus disciplinée ».
L'IT est dans le collimateur de l'intéressé, qui y voit un levier important d'économies : 600 M€ brut en 2026 vs 2022. « Rapport à sa taille et à nos concurrents, notre technologie est coûteuse », a-t-il assené dans le cadre de la présentation du plan. Et de pointer un fonctionnement « largement décentralisé » qui a mené à une « architecture complexe », à une « infrastructure fragmentée » et à un « vaste catalogue d'applications ». D'où des niveaux d'efficience réduits et moins d'opportunités de mener à bien la fameuse « stratégie de plate-forme », amorcée sous la direction de son prédécesseur Frédéric Oudéa.
Pour l'heure, la DSI change de tête. Exit Carlos Gonçalves. Bruno Delas lui succède. Rattaché à la directrice des opérations Laura Mather, il est lui-même remplacé à l'ITIM (Innovation, Technologies et IT) par Laurent Stricher, qui demeure en parallèle DSI du réseau de la banque de détail SG.
Open source et livraison continue
La réduction des coûts impliquera une diminution du recours aux prestataires externes.
Fin 2017, à l'annonce du plan Transform to Grow, les chiffres officiels étaient de 23500 ETP à la DSI, dont 66 % en interne. Société Générale avait fixé plusieurs objectifs pour l'échéance 2020. Parmi eux, la « cloudification à 80 % », donc. Mais aussi :
> Avoir digitalisé 25 processus majeurs, couvrant 80 % des opérations
> Réaliser la moitié des développements en livraison continue
> Utiliser 30 % de bases de données open source
En matière de cybersécurité, il était question d'investir 650 M€ sur trois ans. Les prévisions pour 2023-2026 sont, a minima, du même ordre : « plus d'un milliard d'euros ». La mutualisation et la réutilisation « systématiques » devront concourir aux 600 M€ d'économies brutes envisagées - soit environ un tiers des synergies de coûts.
La partie banque de grande clientèle et solutions investisseurs a sa propre stratégie moyen terme, établie en 2021. Parmi les objectifs, décommissionner 20 % des applications et parvenir à livrer en moins de deux semaines tout service destiné aux clients.
* La fusion concrète doit être achevée au 1er décembre 2025.
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