Une pénurie de profils dans la tech française... vraiment ?
Tech in France (ex-Afdel) publie, en partenariat avec Apollo conseil & courtage, la troisième édition du baromètre « People in tech ». Selon cette étude RH réalisée auprès de 144 éditeurs de logiciels et solutions Internet dans l'Hexagone, les recrutements dans la tech française devraient progresser de 48% en 2017. En extrapolant ces résultats à l'ensemble des entreprises du secteur (elles sont environ 2500), ce sont 10 831 recrutements qui sont anticipés pour 2017, contre 7282 en 2016.
Cette dynamique, déjà tempérée par le turnover et la sous-représentation des femmes (30% des effectifs, moins de 10% des développeurs), « pourrait se heurter à une pénurie de profils », selon Tech in France. Une thèse déjà maintes fois entendue mais à laquelle le Munci, association professionnelle d'informaticiens, ne croit toujours pas.
De quelle pénurie parle-t-on ?
« Les difficultés de recrutement ne traduisent absolument pas une pénurie de main d'oeuvre globale dans nos métiers, mais simplement, parfois, une pénurie de compétences (à ne pas confondre) », explique à Silicon.fr un porte-parole du Munci. « Par ailleurs, ces difficultés de recrutement existent aussi, et de plus en plus, du coté des demandeurs d'emploi qui sont aujourd'hui plus de 88 000 dans les métiers IT (+33% en 5 ans), dont 25 000 développeurs (+47% en 5 ans !). À titre de comparaison, le nombre de demandeurs d'emploi sur l'ensemble du marché du travail (cat. A,B,C,D,E) a progressé de 26% sur la même période ».
Le Munci observe, par ailleurs, que Tech in France fait référence sur son site à une étude européenne (e-Skills 2013) « mal interprétée de toute part ». L'association d'informaticiens précise à ce propos : « ce ne sont pas 900 000 emplois IT qui seront 'vacants' à l'horizon 2020 dans l'Union européenne, mais 900 000 emplois 'à pourvoir'. Or, la grande majorité de ces emplois seront pourvus, bien sûr », juge l'association. Elle estime, en revanche, « que 10 000 à 20 000 emplois ne sont pas pourvus dans le numérique faute de candidats qualifiés ». Selon le Munci, ce « décalage entre l'offre et la demande est inévitable sur un marché du travail aussi spécialisé, diversifié, évolutif, externalisé et exigeant que le nôtre. Rien à voir avec d'autres métiers en tension comme ceux de la boucherie ou des garçons de café. »
Formation et guerre des talents
Si le constat de la situation diverge, le Munci et Tech In France, qui prône le développement d'actions efficaces en matière d'éducation et de formation, peuvent se rejoindre sur certains points.
« En matière de formation, nous sommes en phase avec les revendications de Tech in France, admet le Munci. Toutefois, nous sommes un peu circonspects sur le programme Grande école du numérique, d'autre part, nous savons bien que la formation n'est pas la seule réponse aux problèmes de l'emploi dans notre secteur. Ces problèmes s'expliquent aussi, en grande partie, par certaines pratiques de recrutement (jeunisme, culte du bac+5, rejet des chômeurs de plus de 6 mois, concentration des emplois en Île-de-France, difficultés de sourcing, etc.). » Et puis « il y a de plus en plus de freelances dans nos métiers : autant de candidats en moins pour nos SSII et éditeurs. Mais les entreprises y trouvent leur compte », selon l'association.
Tech In France, de son côté, n'hésite pas à mettre l'accent sur la moyenne d'âge des actifs de la tech (36 ans, contre 40 ans tous secteurs confondus). L'organisation rappelle aussi que le taux de CDI (94,8%) y est bien supérieur à la moyenne nationale (87,9%). Et que les salaires médians du secteur varient de 35 243 euros bruts pour le support à 42 380 euros pour les développeurs, et de 44 687 euros pour le marketing à 61 134 euros pour les forces de vente. Autant d'atouts pour séduire cadres et jeunes diplômés.
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