Vague de suicides: du mieux chez France Télécom, vraiment?
Et de 7 ! Depuis 2009 et la « mode » des suicides de Didier Lombard ( ancien dirigeant du groupe), les accords du 6 mai signés dans le cadre des négociations sur le stress et sur le versement d'un intéressement supplémentaire portent à 7 le nombre d'accords groupe signés pour améliorer les conditions de travail des salariés.
Les choses changent chez l'opérateur téléphonique? La direction s'y attache en tout cas. Les négociations entamées fin 2009, après les 35 suicides de ces deux dernières années, viennent en effet de déboucher sur trois nouveaux accords. L'évaluation et la prévention des risques psychosociaux est au premier plan, avec la création d'un Comité national de prévention du stress. Viennent ensuite l'accord sur le fonctionnement des instances représentatives du personnel et un dernier sur le versement d'un intéressement supplémentaire de 600 euros par salarié au titre des résultats 2009.
France Télécom semble prendre ses responsabilités avec cet accord
Ces accords réunissent la direction et quatre syndicats de l'opérateur télécom, la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, SUD représentant 62 % des suffrages exprimés lors des dernières élections professionnelles. La Confédération Générale du Travail (CGT) et Force Ouvrière (FO) se sont exprimées contre.
Si ces accords ne sont pas soutenus par tous les syndicats, ils semblent pourtant aller dans le bon sens, France Télécom prendrait ses responsabilités. C'est du moins ce que résume l'AFP, qui a pu se procurer une copie de l'accord sur l'évaluation et la prévention des risques liés aux risques psycho-sociaux au travail de France Télécom.
Selon l'agence de presse, ce rapport reconnaît que « les facteurs de stress peuvent être liés notamment à l'organisation du travail», aux « méthodes de management », à « l'environnement de travail et aux conditions de travail(open-space, respect des pauses, temps de travail, etc.) », et au « contenu du travail et à ses exigences (délais, qualité normes objectifs, relations clients, etc..)».
Fauteuils de massage et espaces zen au centre d'appels de Rennes
« L'incertitude quant à ce qui est attendu au travail, les perspectives d'emploi, etc. », « l'incertitude liée à la politique de mobilité » ou « l'isolement des salariés » sont ainsi désignés comme facteurs de stress. De ces conclusions découle donc un Comité national de prévention du stress, qui ne fait pas l'unanimité parmi les syndicats du groupe.
Les syndicats, la direction et les conseillers en prévention chargés de faire des propositions à la direction pour un « plan d'actions pluriannuel » seront pourtant réunis au sein de ce Comité. Pour la CGT et pour FO, ce Comité pourrait « déposséder les comités d'hygiène et de sécurité de leurs prérogatives », indique l'agence de presse. Si FO soutient que cet accord « n'apporte pas d'amélioration », la CFDT affirme au contraire que l'accord « marque une rupture »
Peut-être peut-on voir un signe de cette rupture dans l'inauguration ce même 6 mai d'un centre d'appels avec des espaces détente à Rennes. Cette rénovation s'inscrit dans la logique, désormais en place, de prévention de stress de l'entreprise. « Couleurs acidulées, salles de détente, stickers aux murs choisis par les employés ou surface de travail agrandies,rapporteLe Figaro qui était sur place. En prime,« un espace zen avec des fauteuils électriques de massage » pour les 500 salariés de ce centre. Ridicule pour certains, de bonne volonté pour d'autres.
Une démarche qui découle directement « [. des] éléments qui nous sont remontés », indique Stéphane Richard, directeur général d'Orange, qui inaugurait le centre. « Nous avons noté le souhait des salariés de travailler dans un environnement plus agréable ».
FO, SUD-PTT, CFE-CGC et la CFDT parties civiles contre France Télécom
Cette inauguration permettait aussi de faire le point. Ainsi, au sein du centre rennais, « la plupart des gens travaillent un samedi sur deux mais on trouve un petit groupe qui intervient trois samedis sur quatre ». Des conditions de travail pas franchement évidentes, Stéphane Richard en convient. Il reconnaît ainsi qu'il « faut réfléchir à une organisation du travail respectueuse des équilibres de vie des salariés», mais avoue dans le même temps qu'il « serait illusoire de penser que l'on peut faire autrement. »
Stéphane Richard a aussi insisté sur « la mutation très profonde » vécue par l'entreprise dans son mode de management. « Il faudra du temps pour conduire les changements nécessaires. Mais il ne saurait y avoir de doute sur la détermination de l'équipe [dirigeante] et son niveau de priorité », rapporte le quotidien Libération.
De la détermination, il en faudra d'autant très certainement à l'entreprise. Quatre de ses syndicats (FO depuis hier et SUD-PTT, CFE-CGC, CFDT) sont déjà partie civile dans l'information judiciaire ouverte contre X le 9 avril pour harcèlement moral. Cette information judiciaire fait suite à la plainte du syndicat SUD-PTT déposée en décembre 2009 et à un rapport de l'inspection du travail mettant en cause la politique de gestion du personnel.
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