Vint Cerf quitte la tête de l'ICANN
Ce n'est pas une surprise en soi, depuis près d'un an il affichait sa volonté de quitter l'ICANN (Internet Corporation of Assigned Names and Numbers), mais avec le départ de Vint Cerf, la très controversée - et très proche de l'administration américaine - agence pour la gestion des domaines de l'Internet pourrait bien enfin tenter de trouver une légitimité qui lui fait politiquement défaut.
Agé de 64 ans, admiré mondialement comme l'un des fondateurs et gourous de l'Internet - en 1969, étudiant à l'UCLA, il réalisa les premiers tests de ce qui est devenu l'Internet - Vint Cerf a rejoint l'ICANN en 1999, avant de prendre la présidence du 'board' (conseil d'administration) en 2000, répondant aux attentes des Etats-Unis qui souhaitaient placer à la tête de l'agence une personnalité reconnue.
Sous sa présidence, Vint Cerf laissera d'abord le souvenir d'une agence controversée par sa politique sélective, voire arbitraire, agissant avec une lenteur handicapante pour les candidats à disposer d'un domaine, pour finalement n'être que le relais de la politique américaine en retardant l'introduction de nouveaux domaines de pays émergents, comme la Chine ou le Brésil, ou encore comme soumis aux états d'âme du président américain, en rejetant par exemple le domaine '.xxx'.
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Pour autant, la présidence de l'ICANN n'a certainement pas dû être des plus faciles, et Vint Cerf a du faire preuve de diplomatie en de nombreuses occasions où son statut de gourou a parfois permis d'apaiser les tensions. L'administration américaine a cependant dû peser de tout son poids lors du dernier Sommet pour la société de l'information (Tunis, 2005), pour éviter que le nommage Internet ne passe sous la houlette de l'ONU (Organisation des Nations Unies).
La vision américaine du départ de Vint Cerf, relayée par les médias américains, est celle d'une agence qui depuis quelques mois s'est engagée dans une réforme approuvée par tous, avec la simplification des mécanismes nécessaires à la création de nouvelles adresses Internet.
D'une manière plus réaliste, Vint Cerf quitte une agence dont le fonctionnement reste hermétique, encore trop liée à l'administration américaine qui entend conserver le contrôle de l'Internet, et qui par des applications cosmétiques tente de survivre pour en conserver le contrôle.
Qui lui succédera ? Ce ne sera certes pas un gourou du Net, ils ont certainement autre chose à faire. Deux noms circulent parmi les membres du 'board' de l'ICANN, Peter Dengate Thrust, un homme de loi, et Roberto Gaetano, un expert en télécommunication.
En replongeant dans un relatif anonymat, le futur président de l'ICANN aura certainement une carte à jouer.
Quant à Vint Cerf lui même, il quitte la présidence de l'ICANN à la fin de son mandat. Il conserve en revanche le poste de 'Chef évangéliste Internet' qu'il occupe depuis 2005 chez Google. Et avec son temps libre (il aurait consacré de 25 % à 40 % de son temps à l'ICANN), il devrait terminer cinq livres en cours de rédaction.
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