Cebit : bienvenue dans l'ère du datacenter compact
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Inspirés par les concepts de datacenter géant venus du Cloud, des groupes d'électronique comme le Taïwanais Delta déploient des solutions modulaires permettant de bâtir des datacenters prêts à l'emploi.
C'est une des tendances assez nettes entrevues lors du Cebit, le grand salon allemand des technologies qui se tient en ce moment à Hanovre (Basse Saxe) : le datacenter modulaire et compact. Un virage qu'illustre notamment Delta Electronics. Ce fabricant taïwanais (6,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2016), venu essentiellement de la vente de composants (alimentation, dissipation de chaleur.), développe de plus en plus des systèmes modulaires et des solutions prêtes à l'emploi. « Le besoin des utilisateurs de disposer de réponses rapides à leurs requêtes pousse au développement d'une informatique de bord de réseau ou edge computing, résume Jackie Chang, le Pdg de Delta Electronics en Europe. Avec cette architecture, vous pouvez décentraliser une large partie des données. Si celles-ci ne sont utiles qu'à des utilisateurs français, pourquoi aller les stocker en Arizona ? »
Pour Charles Tsai, le responsable de l'activité Mission Critical (soit les équipements pour datacenters) de l'électronicien taïwanais (à droite sur la photo ci-dessus), cette transition est en cours, portée notamment par les opérateurs mobiles. « Ce qui était hier des centres de switching va devenir demain des datacenters. On va assister à la naissance de CDN décentralisés », explique le dirigeant. Pour accompagner cette transformation du marché, Delta présente notamment dans les allées du Cebit son datacenter en conteneur et sa solution modulaire (chaque module étant contruit autour d'une allée froide). Le constructeur asiatique dévoile également son alimentation sans interruption (UPS) ultra-dense (600 kVA/m2).
Datacenters hyperscale : designs imposés !
Des tendances qu'on retrouve chez des concurrents de Delta, comme Eaton. Le fabricant américain (près de 20 milliards de dollars en 2016) présente lui aussi sur le Cebit son datacenter en conteneur. Signalons aussi le Turc Canovate, qui met en avant ce qu'il qualifie de plus petit datacenter au monde : une armoire 24U autonome en termes de gestion de l'électricité et de production de froid (de 2 à 4 kW).
Ces évolutions de l'offre - même si le concept du datacenter en conteneur n'est pas neuf - renvoient à celles du marché, avec des entreprises qui cherchent à rationaliser leurs infrastructures via un mix mariant recours au Cloud, utilisation de datacenters en colocation et salles machine rénovées et optimisées en interne. « L'approche modulaire du datacenter n'est pas neuve, souligne Jackie Chang. Les prestataires de datacenters hyperscale (soit les grands acteurs du Cloud, comme AWS, Microsoft, Google ou Facebook, NDLR) l'emploient depuis longtemps, à une échelle bien plus importante. » Des acteurs qui déforment aussi la structure du marché, puisqu'ils imposent aux électroniciens leurs propres designs et provoquent une féroce guerre des prix entre fournisseurs. Delta Electronics confirme d'ailleurs, qu'avec ces acteurs, il intervient plutôt en tant que fournisseur de composants. « Ils possèdent leur propre architecture », dit Charles Tsai, qui assure toutefois que son groupe travaille avec l'ensemble des acteurs des datacenters hyperscale.
Né en 1971, Delta Electronics s'est implanté en Europe à la fin des années 80. Le groupe a largement renforcé sa présence sur le Vieux Continent via le rachat du Norvégien Eltek en 2015. Aujourd'hui, Delta emploie 2 700 personnes au total sur le continent et y possède deux usines (en Slovaquie). En France, l'électronicien a plus de mal à s'implanter, du fait du poids de son concurrent Schneider dans l'Hexagone. Delta y emploie moins de 40 personnes.
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