Comment le Finops s’est imposé aux entreprises
Publié par Alain Clapaud le - mis à jour à
L’approche FinOps s’est imposée dans les entreprises qui ont basculé leurs ressources IT dans le Cloud. C’est désormais une démarche indispensable pour enrayer l’explosion des coûts, mais aussi un moyen de maîtriser l’empreinte carbone de son IT.
Selon les derniers chiffres du cabinet d’études Markess by Exægis, le marché français du Cloud est passé de 1,4 milliard € en 2020 à 2,5 milliards en 2022.
Une croissance significative qui s’explique par un nombre croissant d’entreprises qui migrent des ressources IT vers le Cloud, mais aussi par la hausse des factures Cloud de chaque entreprise.
De manière quasi inéluctable, après avoir migré quelques ressources, le nombre de cas d’usage dans le Cloud s’accroît rapidement, les équipes consomment de plus en plus de ressources et les factures s’envolent.
Très vite, les DSI doivent réagir et mettre en place des solutions de contrôle des coûts, ce fut la naissance du FinOps (contraction d’opérations financières).
Antoine Lagier, cofondateur de FinOps.World souligne : « En 2010, lorsque nous avons rédigé un premier référenciel FinOps.World, il s’agissait d’affirmer une philosophie et des fondamentaux, alors que ces pratiques étaient encore un peu obscures. ».
Et de poursuivre, « Aujourd’hui, sur l’IaaS, les entreprises connaissent à peu près les pratiques et ont déjà débuté des implémentations. Néanmoins, ces approches restent encore très centrées sur l’Infrastructure as a Service (IaaS) et beaucoup moins sur le SaaS et le développement natif dans le Cloud. »
Faire du FinOps avec ses propres moyens
Beaucoup d’entreprises s’appuient sur les données et les outils fournis par les hyperscalers
pour optimiser leurs dépenses : réduction des instances, gestion plus stricte du cycle de vie des données, réservation d’instances ou encore signer des contrats d’engagement sur les volumes pour obtenir de meilleurs tarifs, il existe de nombreuses bonnes pratiques à appliquer.
Pour une start-up dont l’activité repose sur un seul fournisseur de services cloud, il reste possible de gérer la facture sur une feuille Excel. Mais pour les grands groupes dont de nombreuses entités peuvent provisionner des ressources auprès de multiples fournisseurs Cloud, la problématique est plus complexe.
« Pour le Lead FinOps qui est censé orchestrer la démarche dans toute l’organisation, cela reste un challenge d’impliquer tout le monde, et être certain que toute l’entreprise a bien intégré le coût du Cloud comme indicateur clef » ajoute Antoine Lagier. « L’effort de sensibilisation, d’animation de communauté et de formation reste important, d’autant que les équipes tournent et qu’il y a toujours un turn-over. » affirme-t-il.
Outiller la démarche avec une solution éditeur semble la solution pour faire face à cette complexité croissante et de multiples éditeurs se pressent sur le marché : IBM Apptio, Centilytics, NetApp CloudCheckr, VMware Tanzu CloudHealth, Flexera, Kubecost ou encore les éditeurs français Lota.cloud et Accenture Cloudeasier.
Open Text, qui édite la solution de Cloud Management Hybrid Cloud Management X (HCMX), issue de HP Software puis Micro Focus, propose ainsi le module FinOps Express .
« Nous sommes sollicités lorsque les coûts du cloud deviennent prohibitifs. C’est ce qui pousse la majorité de nos prospects à envisager le déploiement de ce module FinOps » explique Virgile Delécolle, Strategic Advisor EMEA & LATAM chez OpenText.
« Nous commençons à voir quelques entreprises qui veulent appliquer les bonnes pratiques FinOps dès le début de leur migration Cloud, mais cela reste des cas assez exceptionnels. » précise-t-il.
Stimuler ses engagements avec les CSP
Globalement, la solution FinOps Express couvre les trois grandes phases du FinOps : informer, optimiser, opérer. Elle assure la collecte des données de consommation afin de les rendre accessibles à tous dans l’entreprise.
Un volet est consacré à l’optimisation financière avec la collecte des recommandations proposées par les fournisseurs Cloud, mais aussi pour faire des simulations sur les engagements qu’il est possible de prendre auprès d’eux. « On peut toujours jouer sur la puissance des instances, mais on sait que la gestion des engagements est le levier le plus efficace pour faire baisser la facture Cloud à l’échelle de l’entreprise. » ajoute Virgile Delécolle.
OpenText insiste beaucoup sur les capacités de gouvernance apportée par sa solution. « Les entreprises créent des centres d’excellence FinOps. Pourtant, dans de grandes structures où il y a des milliers d’utilisateurs, ces centres ne peuvent pas gérer toutes les communications avec les équipes en direct. Mettre en place des workflows même très simples permet de fluidifier les demandes de ressources des équipes. » précise-t-il.
Autre éditeur de poids sur le marché des plateformes FinOps, Apptio, un éditeur dont IBM a
bouclé l’acquisition pour 4,6 milliards $ en août 2023.
« Notre différenciant par rapport à certains de nos concurrents est de pouvoir fournir une vision multi-Cloud des coûts, avec aucun silo en termes de restitution. » explique Harry Wallez, Senior Technical Sales Engineer chez Apptio.
La plateforme ingère des données issues des différents fournisseurs Cloud ainsi que des services PaaS et SaaS indépendants tels que MongoDB, Snowflake ou Datadog qui représentent aujourd’hui des coûts significatifs pour certaines entreprises.
« Au-delà de la plateforme elle-même, notre valeur ajoutée, c’est de suivre en continu l’évolution des offres des fournisseurs Cloud pour le compte des entreprises. Nous sommes capables de répondre très rapidement sur des technologies ou des thématiques nouvelles comme c’est actuellement le cas avec le GreenOps. » indique Harry Wallez.
FinOps et GreenOps se rejoignent
Alors que le GreenOps s’attache à décompter au plus juste la consommation du Cloud, c’est naturellement vers lui que l’entreprise se tourne pour avoir une idée des émissions CO2 de son informatique. Si elles ne sont pas identiques, les deux démarches restent très proches et il existe une vraie synergie entre une approche plus frugale du Cloud et une bonne gestion financière de ces ressources et une bonne gestion environnementale de l’IT.
Les éditeurs ont doté leurs solutions FinOps de capacités de calcul des émissions carbone des
ressources IT, mais cela pose un vrai sujet de méthodologie avec les données publiées par les hyperscalers.
Leurs méthodologies sont très variées et les standards internationaux leurs permettent de jouer de manière excessive sur les modes de calculs, sur ce qui est pris en compte ou pas. Si bien qu’il est encore complexe de comparer des métriques pourtant simples comme l’impact environnemental d’une machine virtuelle chez tous les fournisseurs Cloud.