IBM : l'éléphant peut-il encore danser ?
Publié par La rédaction le | Mis à jour le
Comme au début des années 90, IBM est confronté à une transformation majeure de son activité. Tout l'enjeu réside dans la capacité de Big Blue à se transformer rapidement. Et ce n'est pas encore gagné.
« Qui a dit que les éléphants ne savent pas danser ». C'est ainsi que Lou Gerstner, le patron d'IBM entre 1993 et 2002, avait titré le livre retraçant sa décennie à la tête de Big Blue (voir ci-contre). Une décennie au cours de laquelle IBM est parvenu à se sortir d'une crise sévère, en se tournant vers le marché des services et du e-business. Si la crise actuelle que traverse Big Blue n'a pas la sévérité de celle du début des années 90 - la société continue à être profitable. même si c'est de justesse (+ 18 millions au T3) -, elle repose la question de la capacité de cette organisation tentaculaire à se transformer pour s'adapter à la nouvelle donne du Cloud.
La société a certes multiplié les décisions stratégiques ces derniers mois : rachat du spécialiste du Cloud public SoftLayer pour 2 milliards de dollars, plan d'investissement dans 15 nouveaux datacenters (dont un en France), ouverture d'une division Watson spécialisée dans le machine learning dans laquelle le groupe a investi 1 milliard de dollars, cession de l'activité serveurs x86 à Lenovo (sortie des comptes de Big Blue au 1er octobre) et vente annoncée de l'activité semi-conducteurs. Sans oublier l'accord avec Apple dans la mobilité. Tim Cook, le Pdg de la firme à la pomme, a d'ailleurs annoncé hier que les premiers produits nés de ce rapprochement verront le jour dès le mois prochain. Basés sur les terminaux d'Apple et les services Cloud et analytiques de Big Blue, ils seront destinés aux marchés de la banque, de l'assurance, des transports, du voyage, aux télécoms ou encore au secteur public.
L'hypothèse de la scission pour l'instant écartée
Autant d'éléments qui font dire à Ginni Rometty, la Pdg d'IBM, que la stratégie est la bonne. Reste à savoir si la vitesse d'exécution sera suffisante pour ne pas épuiser la patience des marchés et des analystes. Le titre a d'ailleurs sévèrement dévissé hier en bourse, du fait des résultats trimestriels décevants mais aussi de la décision d'IBM de revenir sur ses objectifs de rentabilité.
Face à des défis similaires, d'autres grands noms du secteur, HP et Symantec, ont choisi de se scinder précisément pour améliorer leur capacité d'exécution sur différents marchés. Une hypothèse pour l'instant écartée par la direction de Big Blue.
« Notre entreprise est mieux positionné aujourd'hui qu'il y a 5 ans », a martelé Ginni Rometty, évoquant les résultats en progrès d'IBM dans le Cloud, la mobilité, les réseaux sociaux et l'analytique ou la sécurité. Reste que, malgré ces efforts, les divisions services et logiciel de Big Blue affichent toutes deux des niveaux d'activité en retrait au troisième trimestre. Et que les activités qui seront conservées une fois les cessions d'activité réalisées voient leur rentabilité reculer de 17 % sur un an. Pas vraiment de quoi rassurer les marchés financiers.
Cloud : 3 % du total
Le positionnement de Big Blue est certes logique. Selon les chiffres d'IDC, la mobilité, le Cloud, les réseaux sociaux, la sécurité et les applications analytiques représenteront, en 2014, 10,7 % du marché total des services en France, mais seront en croissance de 22 % sur un an. Dans le même temps, les activités plus traditionnelles s'affichent, elles, en décroissance. Reste à savoir à quelle vitesse l'éléphant IBM pourra changer de pied et déplacer son centre de gravité sur ces poches de croissance. Malgré ses efforts, le Cloud chez IBM ne pèse aujourd'hui 'que' 3,1 milliards de dollars du chiffre d'affaires en rythme annuel. Soit un peu plus de 3 % du total du groupe. « Nous devons faire plus et nous devons le faire plus vite », a reconnu Ginni Rometty. Pas forcément évident dans une entreprise de quelque 430 000 personnes (dont 190 000 dans les services) réparties sur 170 pays.
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