La capitalisation boursière, autre coût du cloud public
Publié par Clément Bohic le - mis à jour à
Andreessen Horowitz s'est intéressé aux coûts du cloud public sous un angle particulier : leur impact sur la capitalisation boursière. Qu'en ressort-il ?
Le cloud public, jeu dangereux pour les sociétés cotées ? Andreessen Horowitz ne s'exprime pas ainsi, mais pointe l'existence d'un risque. En l'occurrence, sur les capitalisations boursières.
Le fonds d'investissement base son analyse sur un échantillon exclusivement composé d'éditeurs SaaS. Et plus précisément sur ce qu'ils communiquent dans leur documentation financière.
Principal constat : la promesse d'abaissement des coûts, levier d'adoption majeur du cloud, se vérifie généralement lorsque les entreprises lancent leur activité. Mais l'effet s'estompe à mesure qu'elles passent à l'échelle et que leur croissance ralentit. Face à la baisse de cet indicateur, les investisseurs ont tendance à chercher des signaux de performance à court terme. Notamment les marges. que le cloud réduit aussi.
Lorsqu'on prend conscience de cette situation, une option consiste à revenir en arrière. Mais la démarche peut se révéler compliquée. Surtout si on s'est concentré sur le développement de fonctionnalités plutôt que sur l'optimisation de l'infrastructure.
Parmi ceux qui ont réinternalisé une partie de leurs workloads, Andreessen Horowitz mentionne Dropbox. L'entreprise américaine apparaît comme un cas emblématique de par l'ampleur de son action. Peu après son IPO (23 mars 2018), elle avait affirmé avoir économisé 75 millions de dollars sur deux ans à travers une « optimisation d'infrastructure ». Laquelle avait essentiellement impliqué. un rapatriement en colocation. Son taux de marge brute avait doublé entre 2015 et 2018 (de 33 à 67 %).
Cloud public : des dépenses supérieures aux engagements
Sur le top 50 pris en considération, 100 milliards de dollars de capitalisation boursière auraient été perdus en lien avec l'impact du cloud sur les marges. Cette estimation, précise Andreessen Horowitz, se fonde sur l'hypothèse de rapatriements intégraux. Ce qui, dans la pratique, ne se constate pas. Les plus « agressifs » tendent à conserver 10 à 30 % de leurs workloads dans le cloud public. Mais d'un autre côté, le fonds s'appuie sur les engagements contractuels dont les éditeurs font part. Engagements qui, souvent, cachent des coûts plus importantes. Des dépenses cloud à hauteur de 75-80 % du coût des ventes ne sont pas rares.
D'après les observations d'Andreessen Horowitz, pour chaque dollar de marge brute « sauvé », la capitalisation augmente en moyenne de 24 à 25 dollars. Rapport qui pourrait être encore plus élevé en considérant le cash-flow libre.
La démonstration a ses limites. Datadog, par exemple, cotait, fin mai, à un peu moins de 30 milliards de dollars. Soit environ 40 fois sa marge brute prévisionnelle pour 2021. Dans son précédent formulaire S-1, l'éditeur avait mentionné un contrat de trois ans avec AWS, pour 225 millions de dollars. En estimant qu'il pourrait économiser la moitié, soit 37,5 millions par an, sa capitalisation devrait afficher. 1,5 milliard de dollars.
Sous cet angle, une consigne à retenir : ne pas penser exclusivement cloud. Ou en tout cas architecturer ses charges de travail pour faciliter leur déplacement. Et se rappeler que les modèles OpEx se développent sur les offres hors cloud public.
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