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MWC 2011 : le 'm-health', quand les mobiles boostent le secteur santé

Publié par La rédaction le | Mis à jour le

Pratiquement ignoré il y a encore 2 ans, le m-health est aujourd'hui considéré comme une des applications les plus prometteuses servies par l'industrie des communications mobiles. Mais le chemin vers son déploiement généralisé est encore long.

Comment un domaine aussi vital que la santé a-t-il pu être délaissé jusque là par les acteurs de la communication mobile? Vu strictement sous l'angle du 'business', le potentiel est énorme, disent les analystes et les opérateurs qui se sont exprimés à Barcelone sur ce sujet. Entre autres: AT&T, Telefonica et Orange.
Chacun sait que les tendances de fond dans le domaine de la santé sont l'augmentation du coût des soins, le vieillissement d'une population par ailleurs de plus en plus exigeante, la raréfaction du personnel soignant, et la réductions des investissements publics en matière d'établissements de soins. Mais chacun de ces défis peut également être vu comme une opportunité de revenus pour les opérateurs, les fabricants d'appareils mobiles évolués, et les éditeurs de logiciel.

L'opérateur le plus avancé dans ce domaine est sans doute l'espagnol Telefonica. Il a mené des centaines d'expériences pilotes en Europe et dans l'ensemble de l'Amérique Latine. « Les pilotes, ça suffit!« , a pourtant lancé José Perdomo en charge du secteur 'santé' chez l'opérateur ibérique. « Maintenant que nous avons montré à travers ces pilotes que la technologie est au point, il est temps de passer au déploiement ». Avis partagé par Hervé Algrin, directeur du développement chez Orange Healthcare.
Mais si cette application-phare est la plus porteuse, c'est aussi la plus complexe à mettre en oeuvre, au delà des expériences pilotes, toutes positives. Qu'on en juge:
. il est à la fois très économique et très séduisant de pouvoir se servir de son smartphone pour collecter des informations sur son état de santé, et ainsi de passer du mode réactif au mode proactif, nettement moins coûteux, en communiquant électroniquement avec son médecin. On bénéficie ainsi très rapidement d'un premier diagnostic. Mais quid des inerties culturelles en matière de confidentialité des données médicales (en particulier en France) ?.

. intégrer le nomadisme dans les applications de surveillance médicale individuelle: c'est facilement réalisable grâce aux terminaux mobiles intelligents qui nous sont vantés chaque année à Barcelone. Mais quid des établissements de santé qui s'ignorent mutuellement, et qui sont si réticents quand il faut mettre en commun leurs informations et leurs ressources ?

. éviter aux personnes atteintes de maladies chroniques d'être si souvent hospitalisées: cela correspond à une demande réelle et peut se gérer grâce à des applications de mesures régulières intégrables facilement aux téléphones mobiles. Mais quid du coût de développement de ces applications, et du coût des smartphones ainsi équipés?

On le voit, le « m-Health » est bien plus que la télémédecine ou le « docteur dans la poche », car il implique de nombreux secteurs d'activité. Le modèle économique reste à inventer. Pour les opérateurs, par une ironie des mots, la « killer application » serait donc celle qui contribue à moins mourir, comme le fait remarquer le professeur Ganapathy, président de la Société Indienne de télémédecine: « En Inde, justement, n'oublions pas que le prix d'un téléphone d'entrée de gamme équivaut à 1 mois de salaire moyen. Les opérateurs doivent être les facilitateurs de ces projets de télésanté via les mobiles, et doivent comprendre que leurs revenus viendront des ARPU (consommations par utilisateur). Pourquoi alors ne pas mettre le smartphone médicalisé à 1 Euro, comme ils l'ont fait pour les téléphones classiques afin de capter leur clientèle ? »

De son côté, AT&T relève d'autres problématiques propres à ces applications: il faudra bien trouver des solutions, qui passeront d'ailleurs pas le téléphone mobile lui-même. Le manque d'intégration des solutions actuelles et l'absence de standards restent à régler. Pour l'instant, au salon MWC 2011 de Barcelone, on constate une présence encore timide et disparate de quelques acteurs spécialisés. L'enjeu de la « santé mobile » (utilisons ce terme en attendant mieux) est tel qu'on peut être très optimiste quant à son potentiel de développement.

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Consultant, Cabinet B&L (Bream & Laanaia)

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