Migrer vers le Cloud : le choix des armes
Publié par Alain Clapaud le | Mis à jour le
Quelle entreprise n’a pas initié son « Move to Cloud » en 2023 ? Si peu d’entre elles visent le 100 % Cloud, de nombreuses applications y basculent. Les CSP et les éditeurs indépendants cherchent à faciliter ces projets avec des outils adaptés.
Ces dernières années, les projets de « Move to Cloud » se sont multipliés chez les grands comptes et beaucoup de ces projets se poursuivent encore.
L’enquête Trends of IT 2023 réalisée par Silicon et KPMG, menée auprès de plus de 200 managers IT en France, confirme que 46 % d’entre eux ont adopté une stratégie multi-Cloud privé et public.
De multiples approches sont possibles pour mener ces vastes programmes de transformation.
Le « Lift and Shift » est probablement la plus simple et de nombreux outils sont à la disposition des chefs de projet pour migrer applications et données vers les principaux Cloud du marché.
Assez logiquement, chaque CSP propose ses propres méthodologies et outils pour faciliter la montée dans son Cloud, notamment un véritable cockpit de pilotage de la migration. Chez Amazon Web Services, il s’agit de l’AWS Migration Hub, du centre de migration de Google Cloud et d’Azure Migrate pour Microsoft.
Tristan Miche, architecte Cloud chez Ippon Technologies connaît bien ces outils pour les exploiter sur les projets où il intervient :
« Pour ce qui est des outils de discovery, la tendance est clairement aujourd’hui d’utiliser les outils fournis par les Cloud providers. Ces outils se sont beaucoup améliorés. Le surcoût des solutions spécialisées ne se justifie plus. »
L’expert distingue les outils de migration pure pour faire du « Lift and Shift » comme, par exemple, AWS MGN (« Application Migration Service »), des outils plus globaux dédiés à la gestion de la migration « Il faut pouvoir disposer d’une solution pour gérer le portfolio d’applications et de services, gérer les vagues de déploiements, et bien sûr les tests. Là encore, les solutions proposées par les fournisseurs Cloud tels qu’Azure Migrate assurent bien cette fonction », précise-t-il.
Créer un pont entre on-premise et Cloud public
VMware est l’un des grands éditeurs de solution d’infrastructure à avoir créé un pont entre les architectures sur site, où il régnait en maître, et le Cloud. L’éditeur a dévoilé HCX sur VMworld Europe en 2017.
La solution s’appuie sur la technologie VMware vMotion qui offre cette capacité de pouvoir déplacer une charge de travail sans interruption : « HCX apporte plusieurs fonctionnalités fortes et c’est très important pour nos clients, car la plupart d’entre eux nous disent que telle ou telle application ne peut absolument pas s’arrêter », résume Frédéric Grange, Senior Director, Cloud Solutions Architecture chez VMware EMEA.
« L’atout d’HCX est de pouvoir récupérer à peu près n’importe quelle workload pour la migrer vers un environnement VMware. Une capacité dont les outils de migration proposés par les hyperscalers ne disposent pas. Nous savons prendre une image Xen pour l’amener dans un environnement vSphere, de même que pour une image Hyper-V. » ajoute-t-il.
Enfin, la troisième fonctionnalité d’HCX est moins usitée par les entreprises, c’est le « Cloud Brokering ».
Frédéric Grange précise : « Outre cette capacité à migrer des workloads, l’une des grandes forces d’HCX, c’est sa capacité à être agnostique vis-à-vis des workloads en entrée, mais aussi vis-à-vis du Cloud en sortie. VMware a une approche multi-Cloud avec ses partenaires, que ce soit AWS, Microsoft, Google, Alibaba et Oracle avec un même HCX dans l’environnement du client et son environnement Cloud. Autre atout, la solution est gratuite pour les clients qui migrent vers un environnement que nous supportons. »
La Data, un domaine clé pour la continuité d’activité lors de la migration
Pour migrer les bases de données, Tristan Miche juge les outils fournis par les hyperscalers insuf-fisants : « Pour leurs bases de données, les entreprises doivent mettre en place des architectures répliquées, des systèmes de restauration. Elles veulent aussi changer de base de données à l’occasion de la migration, notamment pour quitter Oracle. Sur ce plan, les outils fournis par les Cloud provider ne vont pas assez loin et toutes les versions des SGBD ne sont pas supportées », détaille-t-il.
L’expert estime qu’il faut privilégier des outils réellement adaptés à la migration de données, à l’image de Fivetran ou de Airbyte.
De son côté, le spécialiste de l’intégration de données Tibco aborde cette problématique du « Move to Cloud » selon deux approches bien distinctes. Celui-ci propose notamment la virtualisation de données via son offre Tibco Data Virtualisation.
« La virtualisation est une solution qui couvre les besoins à court terme, estime Sadaq Boutrif, directeur Stratégie technologique Grands Comptes pour la France chez Tibco. En ce sens, elle constitue un facteur d’accélération très fort sur des projets de migration / transformation vers le Cloud. On voit beaucoup d’adoptions de cette approche dans la migration SAP vers S4HANA. »
D’autres architectes opteront pour la mise en place d’un bus de messagerie Kafka pour faire communiquer applications sur site avec celles qui prennent le chemin du Cloud. Mais pour Tibco, une autre approche est possible : s’appuyer sur un IPaaS (« Integration Platform as a Service »), un service Cloud qui va jouer le rôle de pivot lors de la transformation du SI : « Le but est de moderniser le système d’information à l’occasion du programme de transformation afin de lui donner plus de souplesse, et de se mettre en capacité de réussir cette transformation », précise Sadaq Boutrif.
S’il n’existe pas qu’une seule manière de migrer vers le Cloud, de nombreux outils sont disponibles pour résoudre les problématiques techniques de tels projets. Reste à en gérer les aspects humains et organisationnels… un tout autre défi.
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