Process mining : qui sont les principaux fournisseurs
Publié par Clément Bohic le | Mis à jour le
Le process mining a désormais son Magic Quadrant. Comment ce segment de marché se présente-t-il sous le prisme de Gartner ?
« RPA : avec ou sans process mining ? » Ainsi avions-nous repris, voilà bientôt trois ans, des données dénotant une certaine corrélation entre l'usage de ces deux technologies.
Les données en question provenaient d'ABBYY. L'entreprise fait aujourd'hui partie des « leaders » dans le premier Magic Quadrant que Gartner dédie aux outils d'exploration de processus.
Le lien avec la RPA est aussi présent dans l'analyse du cabinet américain. Il est notamment le socle d'un des quatre « cas d'usage clés » sur lesquels s'est fondée son analyse du marché. En l'occurrence, la découverte d'opportunités d'automatisation.
Les trois autres cas d'usage sont, dans les grandes lignes, l'amélioration des processus, la validation de leur conformité... et ce que Gartner qualifie de « business mining ». Ou comment connecter activités et stratégies sous le prisme des parcours utilisateurs, des cycles de vie de produits, des interactions entre systèmes, etc.
Il y a bien une liste d'exigences fonctionnelles, qui vont de la préparation de données à l'analyse prédictive en passant par la simulation. Mais on nous prie - ce qui n'est pas systématique dans les Magic Quadrants - de bien noter que l'évaluation se base surtout sur les capacités des offreurs à « répondre aux besoins du marché ». Besoins synthétisés, entre autres, sous la forme des cas d'usage ci-exposés.
Au rang des critères business, on aura noté l'absence de seuil minimal de clientèle. Le palier de chiffre d'affaires était par ailleurs relativement bas en comparaison à celui requis sur d'autres segments de marché : 5 M$ sur l'exercice 2021 grâce aux outils de process mining... voire 2 M$ si croissance annuelle d'au moins 40 %. Il était même possible de trouver place au Quadrant sans respecter ce critère si on faisait, texto, partie des :
Quinze fournisseurs, six « leaders »
Le positionnement dans le Quadrant se fonde sur deux dimensions. D'un côté, un axe « vision ». Il est centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). De l'autre, un axe « exécution » qui reflète la capacité à répondre effectivement à la demande (expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...).
Sur l'axe « vision », les fournisseurs classés se placent dans cet ordre :
Fournisseur | |
1 | Celonis |
2 | SAP Signavio |
3 | Software AG |
4 | MEHRWERK |
5 | BusinessOptix |
6 | ABBYY |
7 | QPR Software |
8 | Apromore |
9 | Pegasystems (Everflow) |
10 | UIPath |
11 | Appian (Lana-labs) |
12 | IBM (Cognitive Technology) |
13 | Microsoft (Minit) |
14 | StereoLOGIC |
15 | Fluxicon |
Sur l'axe « exécution » :
Fournisseur | |
1 | Celonis |
2 | Software AG |
3 | UIPath |
4 | SAP Signavio |
5 | MEHRWERK |
6 | IBM (Cognitive Technology) |
7 | ABBYY |
8 | Microsoft (Minit) |
9 | Apromore |
10 | QPR Software |
11 | Appian (Lana-labs) |
12 | BusinessOptix |
13 | StereoLOGIC |
14 | Pegasystems (Everflow) |
15 | Fluxicon |
Gartner décerne dix « mentions honorables », dont une à l'entreprise française Livejourney, dont le californien QAD s'est emparé fin 2022.
Process mining... et task mining ?
Chez les « leaders », ABBYY a précisément droit à un bon point pour les jonctions qu'il a établies avec la RPA ; principalement en intégrant son process mining à Blue Prism. Une autre passerelle lui vaut une bonne appréciation : celle montée avec ses technologies de capture de données.
On peut pas en dire autant sur l'expérience client, pour deux motifs : UI compliquée et limitations au niveau des connecteurs.
Celonis aussi fait l'objet d'un reproche sur ce volet. Dans son cas, c'est en raison de la complexité globale du produit, conséquence de son exhaustivité.
Celonis ne se distingue pas non plus positivement sur le task mining (exploration de tâches) : ses capacités sont « basiques ». Il n'est pas le seul : Signavio a également le droit à un mauvais point, parce qu'il n'en propose pas en natif et que son « partenaire privilégié » fournit des fonctionnalités limitées.
Toujours concernant Signavio, Gartner s'inquiète du focus croissant sur les cas d'usage liés à SAP depuis l'acquisition par le groupe allemand. Autre élément qu'il signale : la complexité des prix.
Cette dernière remarque vaut aussi pour Celonis. Additionnée d'un constat : c'est cher, d'autant plus qu'une aide à l'implémentation/exploitation est souvent nécessaire.
Chez Software AG, ce n'est pas tant la cherté qui pose problème que - une fois encore - la complexité du modèle économique. L'outil de process mining de l'entreprise allemande est décliné en de multiples versions et se trouve dans une suite dont les autres modules (BPA, RPA, WebMethods...) impliquent des coûts supplémentaires. Il faut y ajouter le licensing fondé sur différents profils d'utilisateurs (périmètres d'accès variés).
L'orienté objet, approche émergente du process mining
Pas non plus salué pour la facilité d'usage, Software AG l'est en revanche pour l'ouverture de ses outils (connecteurs) comme sa capacité globale à couvrir le cycle de vie des processus. Signavio l'est quant à lui pour son alignement efficace sur la stratégie commerciale de SAP et sa gestion des parcours client.
Pour des bons points « innovation », on peut chercher chez Celonis. Avec, en vitrine, les briques Business Miner (exploration sur la base de questions-réponses) et Process Sphere (technologie orientée objet). Ou chez MEHRWERK, justement parce qu'il fut le premier des fournisseurs classés au Quadrant à proposer du process mining orienté objet.
Du côté d'Apromore, on se distingue sur le trio prix - facilité d'usage - task mining. Pour le premier point, grâce aux options de contractualisation (par utilisateur pour les petites équipes, par projet pour les consultants, par volume total de données ou volume maximal par dataset pour les grandes entreprises). Pour le second, autant au niveau du déploiement que de la formation nécessaire. Et pour le troisième, grâce à des partenariats « opportunistes »...
C'est moins bien pour Apromore sur le suivi business, tout particulièrement sur la cadence de remontée des données. Ses stratégies sectorielles ne se valent en outre pas en fonction des plaques géographiques (plutôt en Europe pour les gouvernements, en Asie pour la logistique...).
MERHWERK a, entre tous les « leaders », une forme d'exclusivité qui peut lui être à la fois technologiquement favorable et stratégiquement préjudiciable : sa plate-forme de process mining mpmX fonctionne nativement sur Qlik, sans licence supplémentaire exigée.
Photo d'illustration © Quardia Inc. - Adobe Stock