Donner ses mots de passe sur les réseaux sociaux pour rentrer aux US ?
Publié par Jacques Cheminat le | Mis à jour le
Le ministre de l'Intérieur américain, John Kelly, a évoqué la possibilité que certains voyageurs étrangers soient tenus de donner leurs mots de passe sur les réseaux sociaux pour rentrer aux Etats-Unis.
Décidément, l'administration Trump ne fait pas les choses à moitié. En décembre dernier, on apprenait que le gouvernement américain commençait à demander aux voyageurs étrangers souhaitant se rendre aux États-Unis de renseigner leurs profils sur les réseaux sociaux. Cette requête est optionnelle, pour les ressortissants de pays inclus dans la liste d'exemption de visa (dont la France fait partie) et soumis à l'ESTA (Electronic System for Travel Authorization). Un menu déroulant répertoriant Facebook, Twitter, Google+, Instagram et LinkedIn est toutefois intégré dans le formulaire.
John Kelly, ministre de la sécurité intérieure des Etats-Unis, vient de lancer un nouveau pavé dans la mare en évoquant, lors d'une audition devant le Sénat hier, le fait que les voyageurs étrangers (notamment issus des 7 pays blacklistés par le décret Trump) venant aux Etats-Unis seraient tenus de fournir leurs mots de passe sur les médias sociaux aux autorités d'immigration avant de rentrer sur le territoire américain. « Nous voulons pouvoir dire, par exemple, quels sites web vous visitez et demander les mots de passe pour vérifier ce qu'ils font sur Internet ». Et d'ajouter : « s'ils ne veulent pas donner cette information, ils ne rentrent pas ».
Une suggestion déjà critiquée
Pour autant, John Kelly explique qu'il s'agit « d'un travail en cours » et pas d'une position officielle du gouvernement. Mais il justifie ce projet : « nous pouvons demander ce genre d'informations et si les personnes veulent vraiment venir en Amérique alors elles coopéreront, sinon au suivant ». Ce projet s'inscrit dans une ambiance particulière après le décret du Président Donald Trump sur l'immigration. Ce texte interdit le territoire américain aux ressortissants de 7 pays. Le secteur de l'IT s'est insurgé contre ce décret et tente de le contester devant les tribunaux. Deux juges ont suspendu au niveau fédéral son application, provoquant par la même occasion l'ire du nouveau Président.
Les propos de John Kelly ont été rapidement vilipendés par les associations de défense des droits civils et de protection de la vie privée. Pour elles, donner les mots de passe des médias sociaux relève de la violation de la vie privée. Si une telle mesure était prise, il faut s'attendre à ce que des pays installent les mêmes principes pour les voyageurs américains au nom du principe de réciprocité.
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