Téléchargement illégal : les observateurs du réseau déjà en place
Lors des débats acharnés sur l'éventuelle création de l'autorité appelée Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet), le chiffre de 450.000 téléchargements illégaux par jour a été annoncé. Servant d'argument choc pour mettre en place la méthode de la riposte graduée, cet indicateur est le fruit de la collaboration entre plusieurs entreprises. En étroite relation avec les services de l'Etat, ces sociétés observent, enquêtent sur ce qui se télécharge, comment et surtout combien.Partant du constat que de plus en plus d'éditeurs d'applications cherchent à connaître leur audience, des sociétés se sont faite une spécialité d'observer et d'analyser ce type d'informations. Mesures d'audiences donc mais aussi études de marché ou encore traçabilité de l'Information, il existe désormais un véritable arsenal pour connaître les habitudes de téléchargement des français.
Thibault Bechetoille, le p-dg de Qosmos explique le procédé : « Qosmos surveille 300 applications et protocoles allant de MSN à iTunes pour les plus populaires. Pour un protocole donné, grâce à l'attribution conférée par la Commission Olivennes, nous pouvons alors obtenir un code de hachage. Ce dernier va alors représenter la signature du fichier. Il poursuit, pour avoir une bonne traçabilité de l'information, nous sommes capable de reconnaître le protocole p2p utilisé puis d'en extraire l'attribut 'hash key' ».
Ainsi la société participe à la base de données constituée en vue de la création de la future Hadopi. Rappelons que cette base comprendra 5.000 titres musicaux taggués. Si un de ces fichiers est téléchargé, la riposte graduée se mettra en place.
Qosmos pourra donc voir
ce qui est illicitement téléchargé. Une activité complémentaire de celle de la société Advestigo. Vantée par Hervé Rony directeur général du Snep (Syndicat national des éditeurs de phonogrammes) et Bernard Miyet, président du directoire de la Sacem, c'est à cette jeune société que l'on doit le chiffre 'tombé du ciel' de 450.000 téléchargements par jour. Sous le « parrainage bienveillant » de la Sacem, l'entreprise a appliqué la méthode du fingerprintingaux contenus texte, audio-visuels ou encore à la photographie.
Cette technique de sécurisation des droits sert à reconnaître une empreinte de sécurité. Elle permet alors de retrouver l'origine d'une fraude en cas de copie illégale. Michel Roux, p-dg d'Advestigo en explique le positionnement : « Nous plaçons notre analyse du coté de l'utilisateur du réseau. On voit alors ce qui est proposé et par un modèle statistique on peut observer 100% de ce qu'il s'y passe. On accumule alors une grande quantité d'informations, les extrapolations statistiques sont alors possibles pour avoir un niveau global des téléchargements« . Advestigo va donc voir combien de fois un fichier piraté et taggué a été téléchargé.
Récemment, c'est MySpace (groupe NewsCorp, Rupert Murdoch) et Auditude qui ont proposé une méthode différente de traitement des contenus sur le Web. La technologie identifie alors automatiquement les contenus postés par un utilisateur. Les contenus non-officiels sont automatiquement taggués d'une publicité. Une autre approche.
En France se dessine plutôt un schéma d'observation puis une logique répressive contre l'internaute « pirate ». Michel Roux tente alors de décrire ce processus : « se dessine une répartition entre acteurs de la filière audio qui auront pour charge de détecter en aveugle une infraction. Elle sera ensuite relayée aux FAI pour connaître s'il s'agit d'un récidiviste. Avec les ayants-droit, la discussion se poursuit encore. »
Un débat qui continue mais une architecture déjà bien en place pour un projet de loi qui devrait être voté début 2009. Si loin mais si vite arrivé.
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