Nexthink vise une introduction en bourse d'ici trois à cinq ans
Publié par Ariane Beky le | Mis à jour le
Fort d'une levée de fonds de 40 millions de dollars, le spécialiste européen de l'analyse en temps réel des systèmes d'information Nexthink gagne Boston, vise Wall Street, et dope ses développements.
Née en 2004 d'un projet de recherche en intelligence artificielle développé au sein de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), l'entreprise suisse Nexthink a développé une technologie d'analyse temps-réel et de bout en bout de l'activité opérationnelle du système d'information et des usages sur les terminaux des utilisateurs. Les investisseurs apprécient. L'éditeur de logiciels annonce, ce mercredi, avoir bouclé un tour de table, emmené par le fonds de capital-risque Highland Europe. Les fonds Waypoint Capital, Galeo Ventures et Auriga Partners (l'un des trois investisseurs existant de Nexthink) ont également participé à cette opération d'envergure : 40 millions de dollars ont été levés. Cette nouvelle série porte le total des capitaux levés par l'éditeur à 65 millions de dollars à ce jour.
Supervision du SI en temps réel
La technologie Nexthink collecte et analyse en temps réel l'activité des postes de travail (PC, smartphones, tablettes et clients virtuels), applications et connexions réseau, liés aux services informatiques consommés par les utilisateurs. Les DSI disposent ainsi d'un outil de supervision, de gestion du risque et de la conformité du système d'information. « Cette approche, basée sur les données analytiques provenant des postes de travail, permet aux équipes de support de réduire de 30 % le nombre d'incidents rencontrés par les utilisateurs, tout en détectant d'éventuelles failles de sécurité sur plusieurs milliers de postes en l''espace de quelques secondes », promet l'éditeur.
Les 40 millions de dollars levés permettent à Nexthink d'accélérer les développements de sa technologie d'IT Analytics, de préparer une introduction en bourse prévue « d'ici trois à cinq ans », de renforcer sa R&D, ses forces commerciales et sa présence à l'international. L'ouverture à Boston (Massachusetts) du siège social chargé de piloter l'activité commerciale de l'éditeur aux États-Unis témoigne de cette ambition. Pourquoi Boston plutôt que la Silicon Valley ? « Parce que la côté Est des États-Unis est plus proche de l'Europe, parce que les talents y sont nombreux (avec la présence du MIT) et que les entreprises IT y sont bien représentées », explique à la rédaction Pedro Bados, président et co-fondateur de Nexthink. Mais le siège social mondial de l'entreprise restera bien ancré en Suisse, à Lausanne. Car l'Europe peut créer et piloter la croissance de technologies de pointe, selon l'éditeur.
Après Lausanne et Boston, Wall Street ?
Nexthink revendique plus de 600 clients, entreprises et administrations, pour sa technologie. Ses solutions sont déployées sur un parc de 2,4 millions de terminaux dans le monde. En France, le ministère de la Défense, qui gère 250 000 postes de travail, fait partie de ses clients. Et les performances sont au rendez-vous, assure l'éditeur.
En 2015, l'activité de Nexthink a enregistré une croissance annuelle globale de plus de 50 %. La hausse a été plus marquée en Europe du Nord (170 % en un an), en Amérique du Nord (157 %) et dans la région Allemagne-Suisse-Autriche (60 %). L'entreprise ambitionne de réaliser un chiffre d'affaires de 100 millions de dollars à horizon 2020, mais ne dit rien de ses objectifs de profitabilité.
Actuellement, Nexthink emploie 220 collaborateurs, dont 120 personnes à Lausanne (40 % de profils tech). L'éditeur s'appuie sur une équipe internationale d'ingénieurs. Mais dit peiner à recruter localement les profils expérimentés recherchés, et déclare ne pas hésiter à « débaucher des talents aux États-Unis ». « D'ici trois à cinq ans », en amont de son entrée en bourse, probablement au Nasdaq, l'entreprise devrait « compter entre 600 à 700 employés, dont 350 à Lausanne », précise Pedro Bados.
Lire aussi :
« le Big Data en temps réel n'est pas une exigence, c'est une libération »
Balardgone : démarrage difficile pour l'externalisation de l'IT de la Défense