La RSE dans le numérique : de l'intention à la réalisation
D'après le dernier rapport du Shift Project, le numérique émet aujourd'hui 4 % des gaz à effet de serre au niveau mondial, soit davantage que le transport aérien civil. Si jusqu'à maintenant ce domaine n'était pas questionné, il est temps de s'interroger sur ses impacts, et surtout des actions que l'on peut mettre en place pour les limiter.
Poussée par la prise de conscience des jeunes générations, la RSE - responsabilité sociétale de l'entreprise - commence à devenir pour de plus en plus d'employés, un incontournable de la stratégie d'entreprise. Mais la décliner en objectifs et actions concrets est bien plus complexe.
Et pour réussir à s'y lancer concrètement, faire un état des lieux des différents enjeux, au niveau de la gouvernance, des employés, de la communauté, de l'environnement et du business devrait être la première action à engager.
L'étape suivante sera d'évaluer ces enjeux sur un axe Importance/Performance.
Cette évaluation permet d'engager les points clés sur lesquels l'entreprise doit s'améliorer. Elle pourra même aller jusqu'à s'engager dans une démarche de certification par un organisme externe, par exemple le label B-Coorp ou le label Numérique Responsable, permettant de définir un calendrier et des objectifs chiffrés, qui simplifie leur intégration dans une stratégie globale d'entreprise.
Cette démarche doit alors pouvoir s'étendre à tous les niveaux de l'entreprise. Les DSI, architectes, développeurs ont tous leur rôle à jouer dans la conception de services et produits numériques, en activant plusieurs leviers pour les rendre plus sobres et inclusifs.
Premier levier : créer des services qui répondent à une nécessité réelle pour l'utilisateur final et éviter de créer des fonctionnalités qui consomment davantage de ressources sans y apporter de la valeur ajoutée. Si nous prenons l'exemple des notifications : plébisciter dès la conception d'une application un usage raisonné en les rendant totalement personnalisables.
Ainsi l'application va répondre davantage aux besoins d'un utilisateur, au lieu d'ajouter des interruptions inutiles dans sa journée.
Second levier : pouvoir rendre les produits accessibles par la totalité des publics, notamment ceux atteints de handicaps. Des principes simples, comme le suivi de standards d'accessibilité en matière de contraste et de couleurs, ou l'adaptation de la taille du texte de l'application sont autant de moyens de la rendre utilisable par le plus grand nombre. L'emploi de mécanismes trompeurs ou d'interfaces piégeuses est aussi à proscrire, pour ne pas inciter l'utilisateur à réaliser une action qu'il n'aurait pas voulu faire.
Enfin, il faut inclure à la réflexion la réduction de la consommation d'énergie des produits. Le retour à la low-tech peut changer complètement la façon pour les développeurs de construire un site ou une application, une des contraintes de conception pouvant par exemple être la taille maximum du site.
L'intégration plus systématique du mode hors ligne permet de limiter les appels réseaux, et optimiser l'utilisation des serveurs. Ainsi, leur nombre peut être ajusté aux variations du trafic en éteignant ceux qui sont sous-utilisés. Ce sont là des moyens efficaces pour diminuer l'impact énergétique.
En parallèle, l'entreprise peut proposer une boîte à outils qui permettrait à chacun d'avoir une liste de bonnes pratiques RSE à mettre en place dès le début d'un projet. Ainsi, chaque action sera éclairée par l'impact final des projets réalisés.
La RSE est désormais plus qu'un nice-to-have, c'est une vraie approche à placer au coeur de l'entreprise. Déclinée en objectifs et actions concrets et mesurables, elle permettra d'impliquer tous les employés pour faire émerger une méthode plus durable et responsable de création des produits numériques.
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