Start-up : pourquoi Aspectize veut dézinguer le développement objets
Pour la start-up Aspectize, la programmation orientée objets ne répond plus aux attentes actuelles des utilisateurs. D'où un nouveau concept découplant au maximum logique métier et fonctions techniques. A la clef, une réduction drastique du nombre de lignes de code à écrire.
Peut-on être une toute petite start-up parisienne et avoir raison contre la planète entière ? C'est en tout cas le pari un peu fou d'Aspectize, fondé en 2007 par deux ex-dirigeants de Winwise (un spécialiste du développement en environnement Microsoft aujourd'hui filiale d'Alten). « Notre constat de départ est assez simple : développer un nouveau système d'information passe par l'écriture de nombreux déchets, par la réécriture de nombreux éléments techniques sans valeur ajoutée. Nous pensons que cette problématique, qui perdure depuis 25 ans malgré les efforts déployés par les éditeurs, est liée à des erreurs historiques, notamment à la domination de la programmation orientée objets », assure Nicolas Roux, Pdg et co-fondateur d'Aspectize. Selon ce dernier, le développement objets mélange les aspects techniques et métiers. « Ce qui signifie que les objets ne sont pas réutilisables comme on le souhaiterait. On devrait penser plutôt en termes de données », assure Nicolas Roux.
Entre 20 et 50 fois moins de code
C'est sur cette base, une rupture profonde par rapport à tout ce qui enseigné depuis des années aux développeurs, qu'Aspectize se lance dans la conception d'un produit (sorti en 2010) embarquant le maximum de concepts techniques, permettant aux développeurs .Net de se concentrer sur les aspects métiers et de ne pas passer leur temps à réécrire des lignes relatives aux opérations les plus répétitives (traitement des erreurs, gestion des paramètres, requêtes SQL.). Ce produit, venant se greffer au Visual Studio de Microsoft et nommé EntityDesigner, permet de décrire les données relationnelles. « Dans notre optique, nous manipulons 3 éléments essentiels. Une organisation des données décrivant un schéma relationnel. Une interface graphique, en HTML 5 et logée côté navigateur. Et enfin des services permettant de transformer les données. » Le second outil de la start-up, BindingStudio, permet, lui, de décrire les relations entre ces trois catégories d'éléments. « Avec ce paradigme, on écrit entre 20 et 50 fois moins de code, assure Nicolas Roux. Ce qui évidemment a un impact considérable sur la maintenance ».
La clef de cette réduction drastique ? La réutilisation de fonctions techniques. « Par exemple, au cours d'un projet chez Air Liquide, sur 1 500 requêtes SQL qu'ils utilisaient, ils ont exploité 1495 fois le standard embarqué dans notre produit », note Nicolas Roux. Et personnalisé à quelques reprises le code estimant pouvoir améliorer le standard sur ces requêtes.
Une expression de besoins minimaliste
A la rentrée, cet environnement complet (un Application Paas), sera disponible pleinement dans le Cloud Azure (la partie run et gestion de configurations est déjà dans le nuage de Microsoft, voir capture ci-contre). « Nous voulons aller vers un écosystème permettant aux développeurs de partager des fonctions réutilisables », assure le Pdg. Reste à convaincre les DSI, les SSII ou les éditeurs. Pour l'heure, la petite société travaille essentiellement en mode service, pour des entités métiers de grands comptes, des éditeurs souhaitant accélérer leur transition vers le Cloud ou des start-up, comme Reward Process (gestion de commissions), Draftquest (atelier d'écriture) ou OnePark (parkings partagés). « A ces dernières, nous offrons très rapidement un premier produit viable, à partir d'une expression de besoin très synthétique », assure Nicolas Roux. Une nécessité qu'on retrouve dans les entreprises où les métiers peinent souvent à rédiger un cahier des charges précis en amont du projet. « Quel que soit le sujet, dès le premier jour du projet, nous sommes en mesure de présenter quelque chose que les futurs utilisateurs peuvent critiquer », promet Nicolas Roux.
Si Aspectize est encore le principal utilisateur de sa solution - « à nous de prouver les bienfaits de notre technologie », dit Nicolas Roux -, c'est aussi qu'elle nécessite une remise en cause des démarches et réflexes habituels des développeurs. Réflexes rabâchés lors de leur formation. « Il faut un déclic », reconnaît le Pdg. Pourtant, selon Nicolas Roux, l'effort de formation à EntityDesigner serait limité. « Nous avons ainsi formé des développeurs PHP à .Net et à notre outil en 5 jours. Alors que se familiariser avec PHP seul demande trois à quatre semaines ». A ce jour, une quinzaine de personnes seraient formées aux outils Aspectize.
La start-up emploie aujourd'hui 3 personnes, dont ses 2 co-fondateurs. La société est autofinancée et rentable, selon son Pdg. « Nous avons besoin de trouver notre niche de marché avant d'ouvrir le capital », assure-t-il.
Crédit photo : © Mike Kiev / Fotolia.com
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