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Tristan Nitot (Mozilla Europe): «Mozilla change»

Publié par La rédaction le | Mis à jour le

Les nombreux changements orchestrés autour du développement de Firefox depuis la version 4 déstabilise la communauté Mozilla qui compte bien se faire entendre. ou rompre les liens avec la Fondation.

Accélération du cycle de développement de Firefox au risque de bouleverser la stratégie des entreprises, abandon éventuelle du numéro de version, mise à jour automatique. La polémique éclate face à l'orientation prise par la Fondation Mozilla autour des développements du (encore) premier navigateur alternatif à Internet Explorer.

Les protestations de la communauté au sens large prennent de l'ampleur. La tension serait palpable « entre Mozilla Corporation - et là j'entends au sens large, la gouvernance (mot à la mode), les décideurs et employés - et les contributeurs bénévoles - qu'ils soient localisateurs, codeurs ou évangélistes », selon Philippe Dessante, rapporte ITespresso.fr. En qualité de chef de l'équipe French Mozilla (qui regroupe les volontaires en charge de la traduction en français des fonctionnalités du navigateur Firefox), il s'exprime sur les frustrations ressenties à travers un billet en date du 17 août sur le blog du projet (indépendant de la Fondation).

« En ce moment, il se forme un fossé qui s'ouvre de plus en plus entre les contributeurs bénévoles et Mozilla, commente-t-il. Ce qui a provoqué les récentes défections de contributeurs talentueux et motivés. » « Certains employés ne nous voient que comme des faire-valoir et nous traitent à la limite du mépris », ajoute-t-il.

Même si les relations personnelles sont au beau fixe, on ressent un malaise dans le fonctionnement: « Quelle réponse à [nos remarques] ? Pas grand-chose, bien souvent un 'c'est comme ça et pas autrement', mais on va faire un groupe de travail et on en rediscute. » Philippe Dessante émet une proposition : la présence d'un représentant de la communauté « au sein de la Fondation ou de la Corporation [qui] donnerait son avis éclairé par des conseils des contributeurs ».

Contacté le 22 août par ITespresso.fr, Tristan Nitot, président de Mozilla Europe, se déclare conscient des critiques émises. « On suit le sujet de près, mais sans inquiétudes. Je reconnais que Mozilla change, et tout changement n'est pas toujours facile. » Le représentant européen de la Fondation Mozilla renvoie vers l'une des contributions de son blog où il explique comment l'arrivée des tablettes, les changements dans les technologies Web ou le développement des App Stores oblige Mozilla à s'adapter.

Car, après s'être battue pour le respect des standards du Web sur le marché des navigateurs et avoir effectué une percée sur le marché des navigateur avec Firefox (qui détient autour de 30 % des parts en moyenne), l'éditeur doit maintenant poursuivre ses efforts pour « le maintien du choix et de l'innovation sur Internet ».

Beaucoup des changements - décriés par les volontaires - s'inscrivent ainsi dans cette vision stratégique sur l'évolution des navigateurs. Mais, sur l'aspect purement managérial, les contributeurs ont l'impression de ne pas être écoutés. Tristan Nitot assure qu'une « réunion va être organisée pour en discuter ». Tout en précisant que « la gouvernance n'est pas quelque chose qui peut se changer à la volée ».

La Fondation ne reste pas insensible à cette envie de reconnaissance, comme en témoigne le projet ReMo. Celui-ci a vocation à officialiser des centaines de « représentants Mozilla » issus de la cohorte des volontaires à travers le monde. Une manière de déléguer la représentation de la Fondation à un nombre plus étendu de contributeurs. Mais ces nouveaux « ambassadeurs » ne disposeront pas d'influence dans les prises de décisions. La Fondation Mozilla doit néanmoins trouver une solution pour rétablir la confiance de sa communauté, pilier central de son développement.

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