Windows 10 : Bing pousse les utilisateurs à adopter Edge
Publié par David Feugey le | Mis à jour le
Microsoft imite Google en proposant sur son moteur de recherche Bing d'adopter le navigateur web Edge en lieu et place de Chrome ou Firefox.
VentureBeat rapporte que Microsoft utilise le moteur de recherche Bing pour booster la popularité de son navigateur web de nouvelle génération Edge, proposé en standard dans Windows 10.
Lorsque les utilisateurs lancent une recherche sur Chrome ou Firefox au sein de Bing, un bandeau apparaît dans les résultats du moteur : « Microsoft recommande Microsoft Edge sous Windows 10. » Ce bandeau et le lien associé n'apparaissent qu'à la première recherche portant sur les termes Chrome ou Firefox. Contactés, les représentants de Microsoft indiquent que cette notification n'a pour objectif que d'offrir une information permettant aux internautes de maximiser leur expérience web . À la bonne heure.
Un navigateur web très encombrant
Rappelons qu'avec Windows 10, ceux qui installent un peu trop rapidement la mise à jour, et ratent par la même occasion certaines options assez discrètes de l'assistant, se retrouvent avec Edge comme navigateur web par défaut, et Bing comme moteur de recherche. Et ce même s'ils n'utilisaient pas Internet Explorer auparavant. Mozilla s'est insurgé contre cette pratique, considérée comme déloyale (voir à ce propos notre précédent article « Windows 10 : Mozilla mécontent du choix par défaut du navigateur Edge »).
De plus, changer le paramètre du navigateur web par défaut ne peut plus être réalisé automatiquement par l'application, qui ne peut que rediriger les utilisateurs vers la section correspondante du panneau de configuration. Microsoft voudrait compliquer la tâche de ceux souhaitant adopter un autre navigateur web qu'Edge qu'il ne s'y serait pas pris autrement.
La firme avait été condamnée pour abus de position dominante par l'UE, dans sa volonté d'imposer Internet Explorer sur le marché. Elle cède visiblement aujourd'hui de nouveau à ses anciens démons. Sans trop de risque de se faire taper sur les doigts toutefois, Internet Explorer étant délaissé, Bing loin d'une position de leader et Edge encore méconnu. De plus, ce programme d'incitation à l'utilisation d'Edge est limité actuellement au marché nord-américain.
En tout état de cause, le temps que l'Union européenne se saisisse de l'affaire, Edge se sera fait une place sur le marché. Et comme il est très rapide et efficace, l'entrée en lice d'un nouveau 'ballot screen' ne pourra alors plus rien changer à l'affaire.
Et le cas Google ?
Sur le terrain de Bing, Microsoft pourra arguer que d'autres acteurs ne se gênent pas. À commencer par Google, qui rentre tout à fait dans le cadre de l'abus de position dominante lorsqu'il indique aux utilisateurs d'Internet Explorer se rendant sur son moteur de recherche qu'il existe « une meilleure façon de parcourir le Web » ; télécharger et installer son navigateur web Chrome.
À quand un 'ballot screen' sur Google Search afin de forcer la société à proposer une véritable sélection de butineurs sur la page de garde de son moteur de recherche ? Probablement jamais. La Commission européenne a en effet plus urgent à faire avec le cas Google, qui a adopté une stratégie très différente de celle de Microsoft.
Alors que la firme de Redmond avait ouvertement utilisé la popularité de Windows pour imposer Internet Explorer, celle de Mountain View est plus subtile, avec de multiples petits abus de position dominante, qui peuvent sembler isolément sans grande gravité, mais qui - mis bout à bout - l'éloignent de son idéal d'origine : « don't be evil ».
À lire aussi, notre dossier Windows 10 :
Windows 10 : l'OS metro-desktop efficace, mais dense (épisode 1)
Windows 10 : l'OS multidevices réellement allégé ? (épisode 2)
Windows 10 : les performances du navigateur Edge réalistes ? (épisode 3)
Windows 10 : un mini Office, basique, mais gratuit (épisode 4)
Windows 10 : la sécurité et l'authentification renforcées (épisode 5)
Windows 10 : un modèle commercial avantageux (épisode 6)