EuroHPC : où la France s'inscrit avec le consortium Jules Verne
Publié par Clément Bohic le | Mis à jour le
Sous l'égide du consortium Jules Verne, la France va accueillir un supercalculateur exaflopique, brique de l'édifice EuroHPC.
Un superordinateur exaflopique, combien ça coûte ? Potentiellement, plus de 500 millions d'euros. C'est en tout cas l'enveloppe prévue pour financer celui dont le consortium Jules Verne aura la responsabilité.
Il s'agira du deuxième système de classe exascale mis en oeuvre dans le cadre de l'entreprise commune EuroHPC. Le premier n'est pas encore opérationnel (il est censé l'être en 2024). Mais la convention d'hébergement est signée, avec le Centre de recherche de Juliers (Allemagne). Prochaine étape, prévue cette année : l'appel d'offres pour l'acquisition à proprement parler.
Le supercalculateur du consortium Jules Verne sera quant à lui hébergé en France, au Très Grand Centre de calcul du CEA - pour une ouverture prévue en 2025. La convention n'est pas encore signée. Et pour cause : EuroHPC vient tout juste de valider le projet. Qui était le seul à avoir postulé dans le cadre de l'appel à propositions lancé en décembre dernier.
Le coût total d'acquisition est estimé à 334,8 M€. Auxquels s'ajouteront 206,9 M€ de coûts d'exploitation. Soit un budget total de 541,7 M€. L'UE apportera 50 % de ce montant. La France, représentée au consortium par le GENCI et le CEA, injectera l'essentiel du reste : 263 M€ en l'occurrence. Les Pays-Bas, représentés quant à eux par leur centre national de calcul intensif, participeront à hauteur de 8 M€.
On nous promet « plus de 300 Po » de stockage au démarrage. Et des partitions expérimentales de calcul quantique hybride. L'ONERA (Office national d'études et de recherches aérospatiales) et l'IFPEN (IFP Énergies nouvelles, successeur de l'Institut français du pétrole) ont l'intention de rejoindre la partie française du consortium.
Jules Verne dans la galaxie EuroHPC
Consécutive à une réunion du conseil d'administration d'EuroHPC, l'annonce de la sélection du consortium Jules Verne n'arrive pas seule. Elle s'accompagne notamment de la sélection d'un autre projet d'hébergement de supercalculateur, mais de classe pré-exascale. Là aussi, il n'y avait qu'un candidat : l'université de Linköping (Suède). Elle hébergera le dénommé Arrhenius, hommage au géologue qui a découvert la gadolinite (ou ytterbite). L'enveloppe financière est d'une toute autre dimension : moins de 70 M€, dont 35 % pris en charge par l'UE.
Au dernier pointage, EuroHPC a huit systèmes pré-exascale sous contrat. Six sont opérationnels. Nommément, LUMI (Finlande), LEONARDO (Italie), Vega (Slovénie), MeluXina (Luxembourg), Discoverer (Bulgarie) et Karolina (République tchèque). La mise en service de Deucalion (Portugal) et de MareNostrum5 (Espagne) est censée être une question de semaines. La Grèce, l'Irlande, la Hongrie et la Pologne ont aussi été désignées pour accueillir de tels supercalculateurs.
Lors de sa réunion, le conseil d'administration d'EuroHPC a aussi amendé son programme de travail 2023. Pour y ajouter, en particulier, un appel à propositions pour accompagner l'adoption du HPC dans le tissu des PME. D'autres AAP sont lancés dans le même temps, dont l'un portant sur les technologies d'interconnexion. S'y ajoutera, plus tard cette année, un AMI consacré à la jonction avec les ordinateurs quantiques.
Ce train d'annonces a été l'occasion de rappeler la mise à jour, en mars dernier, de la stratégie de communication d'EuroHPC. Il est, par exemple, question de créer une newsletter et d'impliquer les étudiants du programme EUMaster4HPC.
EuroHPC en connexion avec le Japon
D'autres appels à propositions clos dernièrement n'avaient engendré qu'une candidature. L'un d'entre eux, axé compétences, couvrait deux aspects. D'une part, le développement d'une « Training Platform », portail de promotion des initiatives de formation dans l'écosystème EuroHPC. De l'autre, l'accroissement de la contribution de l'Europe à l'International HPC Summer School à l'horizon 2024-2025. Contribution recommandée à l'UE : environ 2 M€ sur deux ans.
Le projet HANAMI s'étendra quant à lui sur trois ans. Inscrit dans le partenariat « spécial numérique » que la France et le Japon ont signé en mai 2022, il en constitue le volet HPC. La biomédecine fait partie des domaines communs prioritaires, aux côtés de la science des matérieaux et de la modélisation du climat comme des phénomènes naturels (on nous cite séismes et tsunamis).
Illustration principale générée par IA