Web Index : Tim Berners-Lee veut contrer la surveillance gouvernementale
Publié par Ariane Beky le | Mis à jour le
Les lois d'une majorité de pays sont inefficaces pour protéger les communications en ligne de la surveillance des gouvernements. Les citoyens doivent s'engager, selon l'inventeur du Web.
Malgré les révélations d'Edward Snowden sur les écoutes et les annonces de Washington en faveur d'une réforme des politiques de renseignement, la protection de la vie privée n'est toujours pas la priorité d'une majorité de pays. En témoigne l'édition 2014-15 du Web Index rendue publique par la World Wide Web Foundation. Pour son fondateur britannique, Tim Berners-Lee, l'interception de données de millions d'internautes par des gouvernement et leurs agences, en particulier la NSA américaine et le GCHQ britannique, doit cesser. Et ce grâce à l'engagement du public.
Ni surveillance généralisée, ni paranoïa
« Nous ne devrions pas nous contenter de constater que nos données privées sont surveillées, nous devrions insister sur le droit au respect de notre vie privée », a expliqué l'inventeur du World Wide Web dans les colonnes de TechRepublic. « L'espionnage pratiqué par un gouvernement est plus insidieux que la censure ». Un individu devrait « pouvoir étudier un sujet sensible sans avoir le sentiment que quelqu'un regarde par-dessus son épaule », a ajouté l'informaticien qui considère Internet comme un droit fondamental.
Les lois destinées à protéger la vie privée sont « faibles » ou « inexistantes » dans 84% des 86 pays de l'index mesurant l'impact économique et social du web. Ce taux était de 63% lors de l'édition 2013 du rapport. Comment expliquer cette différence de 21 points ? « Nous en savons beaucoup plus désormais sur ce que les gouvernements arrivent à obtenir. De nombreuses informations nouvelles ont été révélées l'an dernier concernant leur capacité à contourner les procédures et les règles de droit, même lorsque ces garanties sont inscrites dans la loi », déclarent les auteurs du rapport 2014. Ils ajoutent que la tendance est, « malheureusement », à l'expansion de la collecte en vrac de métadonnées.
La France 11e du Web Index mondial
Les règles de protection de la vie privée au Royaume-Uni (au 4e rang général du Web Index derrière le Danemark, la Finlande et la Norvège), aux États-Unis (6e), en France (11e), en Australie (13e) et au Canada (16e) ne seraient pas plus efficaces que celles de la Chine (44e au général), la Russie (35e) ou encore la Turquie (38e). Ces 8 pays obtenant tous une note inférieure à 3 sur 10 en la matière. La France a perdu des points depuis l'adoption de la loi du 18 décembre 2013 relative à la programmation militaire. Ce texte, qui a fait l'objet de vifs débats, étend l'accès administratif aux données de connexion et géolocalisation en temps réel, sans contrôle judiciaire.
« Si vous donnez d'importants pouvoirs à quelqu'un, a commenté Tim Berners-Lee, vous devez trouver le moyen de vous assurer que ces pouvoirs sont proportionnels à la menace. Si c'est le cas, vous avez tout de même besoin de contre-pouvoirs pour observer les observateurs et espionner les espions, et en rendre compte à la population et à la justice. »
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