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Arm : une neutralité sacrifiée sur l’autel géopolitique ?

Arm, la « Suisse des semi-conducteurs » ? Son cofondateur Hermann Hauser avait employé l’expression dans le contexte du projet d’acquisition par NVIDIA. Une manière de rappeler la neutralité commerciale de l’entreprise. Neutralité qu’un tel rapprochement pouvait, estimait-il, remettre en cause.

Le rapprochement n’a pas eu lieu. Mais d’autres risques ont émergé. Ils sont de nature normative. Leur origine : les États-Unis. Début octobre, Washington a resserré l’étau sur les exportations technologiques vers la Chine et la Russie. Dans son collimateur, officiellement, les biens à double usage. C’est-à-dire initialement conçus pour un usage civil, mais susceptible de détournement à des fins militaires.

En vertu de ces nouvelles règles, au-delà d’un certain seuil de performance, les USA ont leur mot à dire sur l’exportation de ces technologies, dès lors qu’elles sont – au moins en partie – issues du territoire américain.

Arm aurait estimé ne pas être, dans ces conditions, en mesure de vendre ses puces Neoverse V (les plus puissantes de son catalogue) sur les marchés concernés. Il s’agirait d’une première.

Arm, mais pas que

Lesdites règles interdisent plus globalement aux sociétés américaines d’exporter vers la Chine et la Russie tout outillage qui pourrait aider à fabriquer des semi-conducteurs. Elles empêchent aussi les personnes physiques et les personnes morales de fournir du support aux fabricants de semi-conducteurs dans ces deux pays. La base légale est la même que celle que l’administration Trump a utilisée contre Huawei.

La Chine vient de porter plainte auprès de l’OMC. On notera que cette dernière a récemment déclaré injustifiées les taxes que les États-Unis avaient mises en place en 2018 sur plusieurs matières premières au nom de la sécurité nationale.

Dans l’industrie des semi-conducteurs, la réalité des ambitions américaines ne fait guère de doute : la question militaire apparaît comme un prétexte pour freiner le développement technologique de la Chine.

Les États-Unis tentent d’ailleurs de convaincre leurs alliés de resserrer eux aussi l’étau. En tête de liste, le Japon et les Pays-Bas, qui abritent deux fournisseurs de machines de photolithographie (respectivement, Tokyo Electron et ASML). Les négociations, amorcées de longue date, n’ont pour le moment pas officiellement abouti. Elles auraient notamment achoppé sur le seuil de finesse de gravure.

Photo d’illustration © knssr – Adobe Stock

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