La théorie CK comme vecteur d’innovation dans les projets de transformation numérique

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Dans un contexte de concurrence renforcée et mondialisée, il est de plus en plus important pour les entreprises de parvenir à se différencier du reste du marché. Elles sont ainsi poussées à explorer plus loin qu’une simple amélioration de la performance de leurs produits, et doivent proposer des concepts innovants pour casser les codes du marché, on parle d’innovation disruptive.

La théorie CK, en quoi ça consiste ? 

Pour répondre à ces enjeux d’innovation disruptive, souvent dans des délais restreints, diverses théories, dont la théorie CK ont été développées. Apparue dans les années 90, cette dernière se base sur une nouvelle approche de la conception qui cherche à confronter les connaissances issues de l’expérience à l’exploration d’idées nouvelles.

Cette théorie oppose ainsi deux espaces : l’espace C (Conception) où l’on regroupe l’ensemble des idées nouvelles qui pourraient conduire à de l’innovation, et l’espace K (Knowledge) où l’on capitalise l’ensemble des connaissances engrangées sur le sujet étudié. Ces espaces sont liés et grandissent ensemble, l’acquisition de nouvelles connaissances favorise l’émergence de nouvelles idées, et inversement ces dernières vont activer de nouvelles connaissances.

Plaçons-nous, par exemple, dans le contexte d’une conception de voitures intelligentes. Historiquement, nous avons de nombreuses connaissances sur l’automobile et sur l’intelligence artificielle. Cette accumulation de connaissances nous permet d’imaginer plus facilement des applications nouvelles : conduite assistée, voitures autonomes, etc. L’exploration de ces nouveaux concepts conduisant naturellement ensuite à acquérir de nouvelles connaissances (la façon dont une intelligence artificielle peut percevoir l’environnement physique qui l’entoure, par exemple), on comprend bien comment ces espaces sont amenés à se compléter au fil du temps.

L’application au management de projet

Les applications de la théorie CK sont nombreuses : proposition de processus innovants dans l’ingénierie, permettre à une direction générale de mieux connaitre son marché et d’établir un plan d’action de développement innovant, ou encore afin de mieux répondre aux besoins des clients dans le management des services.  Mais là où la théorie CK prend peut-être le plus son sens, c’est dans le cadre de la conception d’un produit, notamment dans le cadre de projets de transformation numérique, à travers l’approche DKCP (Definition, Knowledge, Conception et Proposition).

Cette méthodologie (DKCP) se matérialise sous la forme d’un ou plusieurs ateliers collectifs  regroupant des acteurs techniques, concepteurs et de pilotage de projet. On y définit au préalable un champ de l’innovation qui détermine le périmètre à l’intérieur duquel on va travailler dans la cadre de l’exploration. Ici nous reprendrons pour l’exemple « L’automobile pour particulier ». Ce champ de l’innovation amène à saturer l’espace des connaissances avec ce que l’on connait et ce dont on pourrait avoir besoin (« Voiture », « Intelligence artificielle », etc.). Un concept initial est alors déterminé (« Voiture connectée »), ce qui permet d’explorer de nouveaux concepts projecteurs (« Voiture connectée qui roule toute seule », « Voiture qui vole »). Des allers-retours entre l’espace C et K ont alors lieu, permettant de dégager l’innovation tout en prenant en compte la faisabilité. La dernière étape de la méthodologie DKCP consiste à fixer un programme d’action basé sur le diagramme CK final (budget, temps, ressources, etc.).

Figure : Exemple de diagramme CK – L’automobile pour particulier

Les limites de la méthode (ou comment bien réussir son CK)

La théorie CK est par définition plus adaptée à des cas de recherche d’innovation disruptive, et ne se prête pas forcément à tous les projets. En effet, la méthode incite à casser les codes et ne pas simplement rechercher une amélioration de la performance de l’entreprise ou de la qualité d’un produit ou d’un service.

La théorie CK est une méthodologie exigeante qui nécessite également d’être « pilotée » de près pour plusieurs raisons :

  • Pour limiter l’effet de fixation qui limite l’innovation. En effet, lors de l’expansion de l’espace conception il faut s’assurer que le modèle dominant n’en donne pas un nouveau, conduisant à une conception trop linéaire. 
  • Pour cadrer le champ de l’innovation afin d’éviter d’avoir un champ trop large et inatteignable ou un champ trop étroit réduisant la possibilité de rupture. Les concepts projecteurs issus du champ de l’innovation doivent déranger mais rester imaginables. Tout l’enjeu est donc de trouver le bon compromis entre une idée ouverte et une idée concrète.
  • Enfin, il est important de saturer l’espace des connaissances avant de commencer tout projet de conception. Un espace K dense est un élément clé de l’émergence de nouveaux concepts en rupture avec l’existant.

En synthèse, la théorie CK, correctement appliquée, permet de favoriser l’innovation disruptive en cassant l’effet de fixation que l’on peut généralement rencontrer dans les projets SI et organisationnels de transformation numérique. Elle permet également de capitaliser une base de connaissance réutilisable pour de futurs concepts. Cependant, la théorie CK n’est pas forcément adaptée à tous les contextes, et avant de la mettre en œuvre, il est important d’étudier l’opportunité de son utilisation comparativement à d’autres méthodologies de conception favorisant l’innovation comme le Design Thinking, le Lean Startup, le Lean Canvas, etc.

Sources :


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Consultant
mc2i Groupe
Diplomé d'un MSc en Corporate Finance de l'ESCEM (Ecole Supérieure de Commerce et de Management), Antoine a acquis de l'expérience en tant que Chef de projet Finance et Contrôle interne avant de rejoindre mc2i Groupe, cabinet de conseil en transformation numérique, en juillet 2017. Actuellement en poste auprès du premier distributeur de gaz français, il participe à la réalisation de leurs projets informatiques et notamment, en contrôle de gestion.
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