Tribune - La blockchain dans le débat public
Alors que beaucoup suivent avec attention la chute du cours du bitcoin et des autres cryptomonnaies, les prédicateurs nous annoncent la fin de la technologie blockchain, miroir aux alouettes, qui serait tout près de disparaître. C'est oublié que la blockchain est porteuse d'applications concrètes qui garantissent la poursuite de son développement tandis que les mouvements des cryptomonnaies sont aussi imprévisibles que les autres cours de bourse.
D'autres orateurs agitent la menace que la blockchain ferait peser sur les institutions publiques. Ceux-là passent complètement à côté des nombreuses opportunités que portent la blockchain pour nos gouvernements et pour l'activité démocratique, même dans des domaines cruciaux comme les taxes et le contrôle de l'argent public.
Des services publics sont déjà impactés à l'échelon local pour organiser le partage de vélo dans le canton de Zug en Suisse ou pour améliorer le partage des données dans la gestion des déchets à Utrecht aux Pays-Bas. Les initiatives à l'échelon central suivront et elles seront de grandes ampleurs.
Contrairement aux accusations si souvent rabâchées, la blockchain ne mettra pas fin aux gouvernements, pas plus qu'internet ne l'a fait. La blockchain est un puissant vecteur de rapprochement des services publics et des citoyens.
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Les applications possibles de la technologie blockchain pour un gouvernement?: collecte des impôts et gestion de l'identité
La blockchain telle qu'introduite avec Bitcoin permet un système de paiement électronique pair-à-pair où peuvent aujourd'hui être enregistrés et gérés tous types d'actifs. Outre la gestion, la blockchain permet l'application de la réglementation de manière immuable et instantanée. Au cours des prochaines années nous allons assister à de plus en plus de coopération et d'interopérabilité pour l'ensemble des acteurs économiques. Il s'agit là du dépassement tant attendu d'un monde où l'enregistrement repose trop souvent sur le format papier et sur des systèmes d'enregistrement électroniques en silo.
Une application particulièrement pertinente est celle de la perception des impôts. Avec les contrats intelligents (smart contracts), il est possible de créer des conditions de répartition des paiements automatiquement en temps réel, et ceci sans les coûts associés au back-office.
La perception de la TVA peut donc se faire immédiatement et s'accompagner de la transparence de l'enregistrement chronologique fourni par la blockchain. Cette transparence permet aux citoyens et aux comptables publics de suivre précisément l'affectation des dépenses publiques.
L'identité numérique est également un autre exemple d'application concrète de la blockchain tant elle renouvelle l'approche de cet enjeu majeur pour la souveraineté nationale et individuelle. Les organismes gouvernementaux qui sont passés à un système d'identification numérique ont été confrontée aux problèmes de protection de l'accès aux registres correspondants.
En parallèle, des initiatives privées se sont développées pour faciliter l'authentification des individus dans différents services en ligne. Il est aujourd'hui beaucoup plus répandu et facile de s'authentifier avec Facebook, Google, Twitter etc. qu'avec France Connect mais au passage les données personnelles des utilisateurs sont quasiment systématiquement sacrifiées.
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Le projet blockchain uPort en particulier est en train d'apporter une réponse radicale à ce problème. La blockchain permet de générer un identifiant unique dédiée à un service en un simple clic et d'avoir une attestation d'un tier de confiance telle qu'une autorité gouvernementale sur les caractéristiques nécessaire à l'accès au service. Ainsi, dans l'esprit du RGPD, une application qui aurait besoin de vérifier la majorité d'un utilisateur devra se contenter de l'attestation correspondante sans collecter au passage le lieu de résidence ou encore la situation matrimoniale.
La notion de gouvernement est encore pertinente avec la blockchain
Les travaux réalisés par l'Observatoire et Forum Européen de la Blockchain montrent que celle-ci a plus vocation à transformer et décentraliser les gouvernements qu'à les remplacer. Les citoyens veulent et ont besoin des services publics que ceux-ci soient régaliens ou non, il n'y a pas de débat là-dessus. La blockchain est porteuse d'innovations pour améliorer la façon dont ces services sont fournis aux citoyens, entre autre via une gouvernance plus directe.
Lorsque ConsenSys rencontre des instances gouvernementales les questions qui reviennent systématiquement sont «?quelle est la bonne politique à mettre en place? Allons-nous favoriser ou freiner l'innovation avec telles ou telles mesures???». Ces interrogations sont fondamentales et rappellent celles qui se posaient à l'aube d'Internet.
En France, le rapport Théry de 1994 sur l'avenir des autoroutes de l'information tentait d'analyser le rôle qu'Internet allait tenir. Internet apparaissait alors comme inadapté à la fourniture de services commerciaux de par son mode de fonctionnement coopératif et sa large ouverture à tous types d'utilisateurs. En conséquence la priorité a été donnée au développement du réseau national du Minitel.
Aujourd'hui la France semble s'engager pour de bon dans une approche volontariste à l'égard de la blockchain avec un équilibre entre potentiel d'innovation et de croissance tout en protégeant les consommateurs. Il faut d'ailleurs se féliciter que le savoir-faire français en matière de blockchain soit d'ores et déjà internationalement reconnu avec des entreprises comme iExec pour le cloud computing et Ledger pour les portefeuilles blockchain hautement sécurisés.
Il est temps de dépasser les amalgames entre la technologie blockchain et le cours des cryptomonnaies. On ne peut pas juger la blockchain à l'aune du sentiment des spéculateurs car elle porte un changement de paradigme de très grande envergure.
Les applications commerciales concrètes sont déjà là et l'écho au sein des gouvernements commence à se faire entendre.
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Jérôme de Tychey, ? - .
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