« Un beau partenariat entre Elastic et AWS ». Ainsi Werner Vogels avait-il commenté, sur Twitter, le lancement d’Amazon Elasticsearch Service. C’était en octobre 2015.
Le CTO du groupe américain n’imaginait alors sans doute pas que ses propos referaient surface des années plus tard. C’est pourtant le cas. En toile de fond, un conflit avec Elastic, l’entreprise qui porte le projet open source Elasticsearch.
Ce conflit a atteint des sommets la semaine passée. Elastic a ouvert le bal en annonçant la modification prochaine de la licence de son code source. Apache 2.0 laissera la place à un système « à la carte » reposant sur deux options dont aucune n’est open source.
Un objectif, d’après Elastic : empêcher des tiers de fournir Elasticsearch en tant que service sans collaborer en retour. Dans sa communication, l’entreprise pointe AWS avec une certaine modération. Mais hors des canaux officiels, son CEO Shay Banon affiche moins de retenue.
« Si nous ne nous dressons pas contre eux maintenant […], qui le fera ? », s’interroge l’intéressé. Et d’agonir Amazon de reproches. Entre autres :
Amazon avait lancé Open Distro for Elasticsearch début 2019. Cette distribution fonctionne comme une version upstream : les changements que le groupe américain effectue redescendent vers le projet Elasticsearch. En ce sens, il ne s’agit pas d’un fork, a-t-il toujours affirmé.
Mais cela va le devenir, et c’est une question de semaines. La décision est officielle depuis le 21 janvier. Le projet démarrera sur la base de la dernière version stable d’Elasticsearch (7.10). Ce sera lui qui alimentera l’Open Distro.
Il en va de la nécessité de maintenir une version open source d’Elasticsearch, résume AWS. Non sans assurer s’inscrire dans le même esprit que Grafana vis-à-vis de Kibana (autre produit que gère Elastic). Et, au passage, qualifier de « fausse et trompeuse » la licence SSPL qu’Elastic a décidé d’adopter… alors même qu’elle s’était engagée à ne jamais abandonner Apache 2.0.
Sur ce dernier point, AWS fait référence à un billet de blog de 2018 par lequel Elastic prend l’engagement en question. L’entreprise avait fait cette annonce au moment où elle commençait à ouvrir (en partie) le code des modules complémentaires qu’elle avait développés sur Elasticsearch.
Ce billet a fait l’objet d’un addendum dans la journée du 21 janvier 2021, pour le remettre dans le contexte actuel. AWS a éclipsé cette précision… en pointant vers une version archivée.
Des précisions, Elastic en a apporté d’autres. Notamment son intention d’aligner sa licence maison sur « l’esprit de la licence BSL » (elle aussi non reconnue par l’OSI). Elle maintiendra l’interdiction de distribuer Elasticsearch as a service. Mais apportera, en particulier, la garantie que le code finira par basculer en Apache 2.0… sous cinq ans maximum.
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