En préambule, le chercheur évoque l’origine de son goût pour les mathématiques avec notamment Alan Turing « qui a été le premier à travailler sur ce que sera un ordinateur et de comprendre la puissance qu’il pourra avoir sur les hommes et sur les évènements, en l’occurrence, à l’époque, il s’agissait de mettre fin à la guerre ». Puis, il revient sur la cybersécurité où il constate que ce domaine comporte 3 volets : « des techniques, des hommes et des processus » qui trouvent des parallèles avec les mathématiques.
Avant de développer, il précise un postulat de départ :« la cybersécurité et les mathématiques travaillent sur l’inconnu ». Ainsi, la technique « évolue constamment au point qu’aujourd’hui il est impossible de tout maîtriser. En mathématique, depuis Poincaré, personne ne maîtrise la totalité de la chaîne des mathématiques ». La sécurité informatique est, elle aussi, complexe avec des menaces de plus en plus variées et des produits de plus en plus divers. Cédric Villani constate que « les concepts évoluent avec une nouvelle façon de regarder le problème », rejoignant ainsi l’adaptation de la façon d’appréhender les attaques informatiques.
Sur les hommes, le monde de la sécurité et celui des mathématiques sont confrontés au problème de la motivation selon l’enseignant-chercheur :« on voit qu’il est difficile aujourd’hui d’orienter les jeunes vers les sciences. Il faut le faire de manière ludique, accessible, etc ». Les deux domaines sont en situation de pénurie de compétences, reconnait Cédric Villani tout en jetant aussi la pierre à « l’enseignement qui est un élément complexe. Il faudra revoir la façon dont on enseigne les mathématiques ». La problématique touche aussi le domaine de la cybersécurité avec des difficultés à créer des filières ad hoc avec des enseignants formés à ces sujets.
Enfin, sur les processus, Cédric Villani constate des points d’adhérence entre les deux domaines : « dans un programme informatique et en mathématiques, il y a des bugs, des erreurs. Cela arrive, mais il y a des moyens pour y faire face ». Et parfois c’est une question de temps : « Grigori Perelman a résolu le problème de la conjecture de Poincaré en 2003, mais il a fallu attendre 4 ans pour valider sa démonstration », rappelle le scientifique. Il ne faut d’ailleurs pas avoir peur des critiques, « nous sommes dans un monde de compétition, de concours avec beaucoup de règles et des exigences de qualité extrêmement dures ». Pour lui, c’est « un vrai bazar, mais qui permet d’avoir une qualité des mathématiques reconnues dans le monde entier ».
Enfin, il termine son intervention sur le futur du rapprochement entre l’informatique et son domaine de prédilection. « La numérisation est une révolution pour les mathématiques qui s’insinuent partout et posent de nouveaux défis », admet le scientifique. Et pas question de penser que l’intelligence artificielle effacera les mathématiciens :« l’informatique n’a pas remplacé les mathématiciens, pour preuve la NSA en a embauché beaucoup », explique le médaillé Fields devant une assistance conquise.
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