Cybersécurité : une offre souveraine est-elle (vraiment) possible ?

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Est-il possible de sécuriser le système d’information uniquement avec des solutions « Made in France » ? Si l’écosystème cyber français affiche un dynamisme éclatant, il doit se préparer à passer à la vitesse supérieure.

Quel modèle de développement pour créer des champions mondiaux ?

L’autre point d’achoppement entre l’analyse publiée par Xerfi et la situation actuelle porte sur le modèle de développement de cet écosystème français.

En droite ligne avec la « Start-Up Nation » prônée par le gouvernement, la politique actuelle vise à faire émerger des champions internationaux en faisant grossir les start-up en licorne, puis en champions internationaux.
Une approche à laquelle adhère totalement Hexatrust qui compte sur le plan cybersécurité du gouvernement pour booster la croissance de ses membres. « La stratégie nationale annoncée par le Président de la République doit notamment mettre à niveau le secteur hospitalier et des collectivités locales. Il faudra s’assurer que cet argent soit investi en priorité sur des offres souveraines. Chaque euro investi dans un plan de relance doit servir en priorité à des achats d’offres souveraines pour créer de l’emploi en France ! »

Le président d’Hexatrust milite pour un « Smart Business Act » qui permettrait aux petites entreprises françaises d’engranger les contrats et de croître beaucoup plus rapidement face à l’emprise des géants américains: « La filière a besoin de commandes et de chantiers. Le plan de relance européen doit être accompagné d’un European Business Act et imposer un « European First ! », avec au moins 50% des dépenses qui doivent aller vers des solutions européennes auprès des start-up et des PME afin d’en faire les futurs champions mondiaux. »

Face à ce modèle de développement, Flavien Vottero a étudié l’approche d’une réorganisation du secteur : des grandes manœuvres comme on en a connu dans l’industrie notamment, et qui verrait les géants nationaux que sont Orange Cyberdéfense, Thales, Atos et Airbus Cybersecurity converger pour produire un poids lourd mondial du secteur. « Nous avons fait un scénario prévisionnel sur la structuration du jeu concurrentiel et nous nous sommes notamment interrogés sur les problématiques actionnariales des gros opérateurs du marché cyber. Par exemple, nous avons étudié le scénario où Orange allait introduire en bourse leur activité Cyberdéfense, un scénario sur lequel il y a déjà eu des rumeurs. De même pour Atos qui est confronté à une problématique de baisse de cours de bourse et qui étudie une scission de ses activités. D’autre part, du côté d’Airbus, quelle est la pertinence d’opérer une activité dans le domaine de la cybersécurité en dehors du marché de la défense ? »
Pour l’expert, une filialisation des activités Cyberdéfense d’Orange en vue d’une introduction en bourse d’Orange rendrait possibles de multiples possibilités de rapprochement. »

Entre « Start-up Nation » ou grand mécano industriel, la France va clairement devoir changer de braquet pour rivaliser avec les géants de la cybersécurité.

Une enquête réalisée par Alain Clapaud

* « Les stratégies des acteurs de la cybersécurité à l’horizon 2023 – Nouvelles opportunités d’affaires,menace des big tech…: quels leviers et perspectives de croissance ? »