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Davos : « la sphère privée telle que nous la connaissions, c’est fini »

« La sphère privée telle que nous la connaissions ne peut plus exister. La façon dont nous envisagions avant la sphère privée, c’est fini » a expliqué au forum économique de Davos Margo Seltzer, professeur de sciences informatiques à l’université de Harvard.

Bien évidemment, c’est Internet qui a été à la source de ce changement de société aussi massif que subit. Un phénomène boosté par les réseaux sociaux, qui balaient allégrement le concept de vie privée, mais également par les services de renseignement, qui collectent à qui mieux mieux tout ce qui passe à portée de leurs oreilles (électroniques).

Une collecte massive de profils génétiques

Margo Seltzer trace un portrait un brin inquiétant de ce qui nous attend pour le futur : une collecte et une exploitation des données génétiques de chaque individu. Reste qu’ici comme ailleurs ce n’est pas la technologie qui est à blâmer, mais l’usage qui en sera éventuellement fait.

Pour les aspects négatifs, nous pouvons imaginer une compagnie d’assurance qui augmenterait les cotisations des personnes à risque, ou un employeur qui refuserait un poste à une personne enceinte. Des aspects positifs existent toutefois. La collecte massive de profils génétiques, et leur exploitation au travers du Big Data, permettra par exemple de créer des traitements sur mesure pour certaines maladies – comme le cancer – avec une efficacité sans équivalent à ce que nous obtenons aujourd’hui.

Une collecte volontaire ?

Margo Seltzer avance déjà que des mini-drones pourraient aller collecter des échantillons d’ADN à l’insu de la population. Un scénario qui pourrait être supplanté toutefois par des méthodes plus classiques, comme une collecte organisée directement par les acteurs du système de santé d’un pays, sous l’impulsion de leur gouvernement, ou encore en forçant les sociétés privées à partager avec les services de renseignement les données qu’elles collectent sur leurs clients.

Les citoyens devront donc se montrer prudents, afin que l’effacement de la sphère privée telle que nous la connaissons ne se transforme pas en de nouvelles opportunités de surveiller encore plus la population. Des points qui devront être réglés par l’entremise de nouvelles lois encadrant l’exploitation de ces technologies.

Gare aux bonnes affaires

« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux », avait déclaré Benjamin Franklin. Sur le même thème, nous pouvons avancer que celui qui est prêt à sacrifier un peu de sa vie privée pour une ristourne ne fait probablement pas là une très bonne affaire.

Revenons au monde de la santé : aux États-Unis ceux qui acceptent de partager les données des montres et bracelets connectés auprès de certains assureurs, peuvent – s’ils font figure de bon élève – profiter de cotisations santé plus avantageuses. Un système qui peut avoir de bons côtés, s’il ne se généralise pas. Car c’est bien là le vrai danger : passer d’une société où nous pouvons décider d’effacer une partie de notre sphère privée, à une société où nous serions obligés de le faire…

À lire aussi :
Firefox 36 veut aller plus loin dans la protection de la vie privée
Facebook ménage la vie privée pour optimiser le ciblage publicitaire
Les États-Unis s’opposent à la protection de la vie privée en ligne

Crédit photo : © Margo I. Seltzer

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