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Dossier : Linux s’impose dans le monde des affaires

II – Finance et calcul haute performance (HPC) sous Linux

Le London Stock Exchange Group (LSE), propriétaire des Bourses de Londres et de Milan, a annoncé en septembre 2009 acquérir MillenniumIT, prestataire informatique basé au Sri Lanka, à la fois intégrateur de systèmes et éditeur de logiciels, pour la somme de 18 millions de livres sterling (environ 30 millions de dollars).

MillenniumIT compte parmi ses clients : l’American Stock Exchange, le Boston SE, l’Oslo Børs, le Delhi Stock Exchange et la Bourse d’Égypte… L’occasion pour le LSE Group de proposer ses propres services IT aux places boursières et établissements financiers.

L’opération a surtout permis au groupe britannique d’intégrer l’entité qui allait accompagner la migration fin 2010 de ses plateformes d’échanges sous Linux à la LSE (Millennium Exchange et SUSE Linux Enterprise Server en remplacement de TradElect, Infolect et d’autres basées sur les technologies Microsoft).

Grâce à cette migration, le groupe LSE estime avoir réduit ses coûts d’exploitation et de développement IT d’environ 10 millions de livres sur son exercice fiscal 2011-2012.

« Pratiquement toutes les places boursières ont choisi Linux, 8 sur 10 selon la Linux Foundation, dont NYSE Euronext et la Deutsche Börse, qui ont opté pour la distribution et des solutions Red Hat (RHEL, Red Hat Enterprise MRG…) », indiquent Hervé Lemaître, manager architecte solutions et responsable avant-vente, et Jérôme Fenal, chargé des grands comptes secteur public et finance chez Red Hat France.

C’est également le cas d’importantes banques d’investissement, comme JPMorgan Chase & Co., qui a initié le développement d’AMQP (Advanced Message Queuing Protocol), un protocole ouvert pour les systèmes de messagerie orientés intergiciel (middleware).

« Les établissements financiers et bancaires de Wall Street sont des early adopters de Linux et, parfois, des contributeurs », poursuivent MM. Lemaître et Fenal. En témoigne l’arrivée en 2010 d’Ulrich Drepper, auteur et mainteneur de plusieurs projets libres, dont la GNU C Library (glibc), au sein du département technologie de Goldman Sachs, après avoir travaillé chez Red Hat et Cygnus Solutions.

Quel est le point de vue de SUSE, concurrent de Red Hat ?

Pour une organisation, le choix de Linux, quelle que soit la distribution, est opéré par plusieurs facteurs :

« Il s’agit d’abord de retrouver “génétiquement” ce qui fait la puissance d’UNIX. Ce marché a vu ses revenus baisser, à l’inverse des serveurs de type x86 (le marché mondial des serveurs UNIX a baissé de 20,3 % au second trimestre 2012 par rapport à la même période l’an dernier, en termes de revenus, selon IDC) », observe Philippe Desmaison, directeur technique de SUSE France.

De plus, Linux permet aux grands comptes de s’équiper de systèmes performants (traitement de données en volume, puissance multicore…) à moindre coût. « Dans le monde Linux, ce qui s’achète, se vend, c’est la maintenance et le support. Les dépenses d’investissement (CAPEX) sont quasi-nulles et il est possible de réduire drastiquement les dépenses d’exploitation (OPEX) », souligne-t-il.

Ensuite, il y a la dimension open source. « Celle-ci permet aux organisations de ne plus être dépendantes d’un système verrouillé, d’opter pour la distribution de leur choix et de s’appuyer sur différents partenaires, bien que le projet puisse être piloté par un seul acteur », poursuit M. Desmaison.

Celui-ci ci ajoute que les entreprises et administrations qui optent pour SUSE Linux Enterprise – distribution prise en charge par les principales architectures matérielles, dont Intel et AMD x86 32 et 64 bits, Intel Itanium, IBM Power et System z – le font, en priorité, pour une question de coûts « car nous sommes moins chers ».

Sur le marché des distributions Linux commerciales, SUSE est le numéro 2 mondial, derrière Red Hat. Les deux sociétés, l’une d’origine européenne, l’autre américaine, ont tissé « une relation de coopétition ». Elles sont donc à la fois concurrentes et partenaires, puisque toutes deux travaillent sur le même produit, Linux, et contribuent à son développement collaboratif.

Elles ont, néanmoins, adopté des stratégies bien différentes :

Red Hat se présente comme « le premier fournisseur mondial de solutions open source ». La firme entre en concurrence directe avec de puissants éditeurs de logiciels et fournisseurs de services en nuage, dont Microsoft, VMware et Google, sur différents segments de marché, parmi lesquels : les systèmes d’exploitation (avec Red Hat Enterprise Linux – RHEL), le middleware (JBoss Enterprise Middleware), la virtualisation (Red Hat Enterprise Virtualization – RHEV), le cloud (OpenShift), etc.

SUSE, de son côté, met l’accent sur l’interopérabilité de son offre, SUSE Linux Enterprise (OS, extensions, support et services), son intégration au sein de SI complexes, d’environnements physiques, virtuels et en nuage.

Comment dans ce contexte répondre aux problématiques des entreprises et administrations liées au calcul haute performance (HPC) ?

« Le marché nous dicte son besoin. Le HPC (High-performance computing) a émergé dans les laboratoires et centres de recherche, ces mêmes laboratoires et grands comptes travaillent avec Linux depuis des années… Linux est donc un standard de fait dans le HPC », affirme Jean-Pierre Laisné, directeur de la stratégie open source de Bull, vice-président du consortium OW2 et cofondateur de l’AFUL.

Pour répondre aux besoins de grands groupes, universités et laboratoires, Bull fournit des systèmes, dont la gamme bullx, sur une base Linux (Red Hat Enterprise Linux ou Suse SLES & bullx supercomputer suite) optimisée pour le HPC.

« Avec Linux, OS libre et ouvert, les clients ont accès aux mêmes types de données que les constructeurs, c’est un gage de transparence, de sécurité et de confiancelorsque l’on intervient dans des environnements informatiques complexes. Chez Bull, nos clients sont aussi experts que nos ingénieurs. Nous parlons le même langage ! », constate M. Laisné.

Qu’en est-il de la réduction du temps de latence permise par Linux ? Red Hat, par exemple, propose Red Hat Enterprise MRG Realtime, une variante de RHEL avec un noyau qui permet de répondre à tout évènement en 8 microsecondes.

Chez SUSE, l’Extension Real Time associée à SUSE Linux Enterprise permet également de diminuer les temps de latence grâce à un noyau en temps réel prioritaire et à l’identification de threads d’application spécifiques.

La capacité de Linux à combiner volume et vitesse de traitement des données explique-t-elle, à elle seule, le succès de l’OS auprès des grands comptes ?

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