Dossier spécial : Open Source, comment, pour qui, pour quoi?

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L’engagement des éditeurs sur l’Open Source est indéniable, une stratégie
professionnelle se construit. Serait-ce au détriment de la communauté ?
Silicon.fr fait le point sur cette tendance qui n’a pas fini
d’influencer tout le marché?

La suite de notre dossier…

1 ? Le marché de l’open source 2 ? Les motivations de l’open source 3 ? Les acteurs du marché 4 ? Et Microsoft dans tout ça ? Microsoft et interopérabilité…

>>>>> 5 ? Retour sur 2006, une année charnière

6 ? Perspectives 2007

5 ? Retour sur 2006

S’il fallait qualifier l’année 2006 pour Linux et l’open source au travers d’évènements et de produits, nous retiendrions certainement trois moments forts, chronologiquement :

– Novell SUSE Linux Enterprise Desktop 10

Pour la première fois, un grand éditeur d’une distribution Linux se lance sérieusement dans l’aventure du poste de travail. Certes, cette annonce était attendue, mais tout portait à croire que les acteurs de l’open source n’y croyaient pas, laissant à Microsoft, Windows, Office et Internet Explorer le champ du poste de travail.

Pourtant, Novell a relevé le défi, et c’est probablement sa première véritable contribution à la communauté. Il démontre qu’une alternative sérieuse à Microsoft existe sur le poste de travail. Et chacun de préparer sa distribution desktop. Il existe un autre avenir que Windows pour simplement saisir des documents, aligner des chiffres ou surfer en ligne, mais il faudra s’accrocher !

Novell annonce SUSE Linux Enterprise 10

– Accord Microsoft et Novell sur Linux

La communauté a-t-elle fait plier le géant de Redmond, ou au contraire doit-elle craindre que Novell ait fait entrer le loup dans la bergerie ? Peu importe, le plus important c’est que Microsoft a enfin reconnu le monde Linux et qu’il ne puisse plus revenir sur cela.

Microsoft Windows supporte Novell Linux

L’accord est cependant porteur de beaucoup plus de choses que la simple reconnaissance ! Il est l’aboutissement d’une longue marche de l’industrie vers les standards, mais aussi vers l’interopérabilité. Accord Microsoft (Windows) Novell (Linux) : la révolution est en marche.

L’important n’est plus de savoir si Linux a sa place dans le paysage informatique, celle-ci lui est acquise et désormais reconnue par ‘l’ennemi héréditaire’ du pingouin. L’important aujourd’hui est que tout ce petit monde, car il s’agit bien d’un microcosme malgré les milliards qu’il draine, cohabite et communique.

Microsoft-Novell : ‘ Nous établissons un pont entre deux mondes ‘, nous a affirmé Bernard Ourghanlian, directeur ‘Technologie et Sécurité’ de Microsoft France

– Java en open source

Sun Microsystems va ouvrir Java à la communauté open source. Enfin diront certains, trop tard pourrions-nous relativiser !

Java open source est un micro événement pour Sun, qui confirme sa volonté de basculer l’ensemble de ses environnements logiciels dans le monde du libre (afin de s’attirer la sympathie de la communauté et de ventre du service et du hardware?). C’est un geste fort, dont l’implication financière sera probablement faible car depuis longtemps Java n’appartient plus à Sun dont la communauté s’est bien passée sans état d’âme.

Java vit désormais sa propre vie‘, nous a affirmé James Gosling, le créateur mythique de Java, à l’époque où l’open source n’était pas d’actualité.

– Une page se tourne !

Et pourtant, l’essentiel de l’année 2006 n’est pas là ! Il est culturel et pourrait marquer le monde du libre pour longtemps, voire très probablement définitivement ! Le plus important à retenir de cette année charnière sera la séparation, la cassure, le gouffre qui s’est créé entre les deux approches de Linux et du libre, le professionnel et le hobby.

L’année 2006 n’aura pas été marquée par des changements technologiques profonds, à peine par des nouveautés. En revanche, Linux et l’open source sont devenus une affaire de professionnels, n’en déplaise à la communauté.

Faisons preuve tout d’abord d’un peu de réalisme. L’argument de la gratuité, de la licence libre, n’est qu’accessoire. Au pays des serveurs, du middleware, de la consolidation, du SOA, la licence est devenue une part négligeable des budgets informatiques. A l’exception bien évidemment de quelques très grosses applications ? SAP ou Oracle pour ne citer que ceux là -, qui comme par hasard n’ont quasiment pas de concurrence sérieuse dans le monde de l’open source, l’essentiel d’un budget est désormais consacré au conseil, au développement, au déploiement et au support, étonnamment (vraiment ?) tout ce qui fait partie du modèle économique de l’open source.

Quelle est alors la place à la passion et au fanatisme de la première heure ? Les contributions bénévoles, certes, mais seulement sous contrôle des responsables des projets et des plates-formes. Les jeux sont faits et désormais le hobby n’a plus sa place.

Cette vision du monde libre trouve une expression inattendue dans le clivage qui s’élargit entre le noyau dur des développeurs du kernel Linux, avec à leur tête Linux Torvalds, et la FSF (Free Software Foundation), lors des travaux sur GPLv3. Le pragmatisme des premiers les oriente vers la volonté de conserver un code libre, tandis que l’idéalisme des seconds les oriente plutôt vers la présence de clauses anti DRM (Digital Right Management).

Linus Torvalds refuse la licence ‘libre’ GPL v3 le créateur de Linux a affirmé qu’il ne veut pas livrer le noyau Linux.

Autre exemple flagrant, l’évolution de la distribution Linux Ubuntu. Même si elle reste libre, elle migre lentement mais sûrement une approche professionnelle régie par ses propres règles.

Et que penser de la guerre des prix qu’à lancé Oracle ? Casser les prix sur un produit réputé gratuit, ce n’est pas très communautaire, ça !

Comme on le constate, deux mondes commencent à s’affronter et à évoluer dans une fourchette dont les branches s’écartent inexorablement ! Une branche idéaliste et une branche commerciale. Qui va gagner ? Il est à craindre que les jeux ne soient faits, et depuis longtemps. Depuis d’IBM a investi le monde de l’open source, par exemple? Car si les premiers ont la foi, les seconds tiennent les cordes de la bourse !