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DRM : le W3C va-t-il rejeter la spécification EME ?

Une coalition constituée de vingt-sept organisations, parmi lesquelles la Free Software Foundation (FSF), l’Electronic Frontier Foundation (EFF) et l’organisation française de défense du logiciel libre APRIL, alerte le World Wide Web Consortium (W3C) des risques de dérive protectionniste.

Dans une lettre datée du 24 avril, les signataires exhortent le consortium international dédié aux standards du Web à rejeter la proposition en faveur des extensions pour médias chiffrés (EME – Encrypted Media Extensions).

EME et DRM, une liaison dangereuse

Soutenue par Google, Microsoft, Netflix et d’autres poids lourds de l’industrie numérique, la proposition EME vise à étendre l’attribut HTMLMediaElement en y associant des interfaces de programmation (API) pour contrôler la lecture de contenus protégés par les droits d’auteur.

D’après ses promoteurs, la spécification ne constitue pas en elle-même une mesure de protection ou un sytème de gestion des droits numériques (DRM – Digital Rights Management), mais définit un cadre qui peut être utilisé pour « découvrir, sélectionner et interagir » avec de tels systèmes… Pour ses opposants, c’est là où le bât blesse.

« Chaque plugin nécessaire dans les navigateurs est une porte d’entrée métaphorique où des contraintes peuvent être exercées. Comme les DRM nécessitent de supprimer le droit des utilisateurs à modifier les plugins et d’autres programmes appropriés, elles sont par défaut incompatibles avec les logiciels libres », soulignent les signataires de la missive destinée au World Wide Web Consortium.

Ils poursuivent : « [la proposition] EME est sponsorisée par une poignée d’entreprises puissantes qui sont membres du W3C […] Ces sociétés font la promotion des DRM, aussi bien pour des raisons qui leur sont propres que pour les liens étroits qu’elles entretiennent avec des entreprises de médias les plus importantes. »

Pour un Web ouvert et interopérable

Pour maintenir le caractère ouvert et universel du Web, les DRM ne sauraient être associés au langage HTML qui le sous-tend (lire « Le W3C finalise l’HTML5 et prépare son successeur »).

Or, la « désastreuse » proposition EME « changerait le HTML […] pour l’adapter de façon à ce qu’il favorise les menottes numériques, au bénéfice perçu de ces quelques privilégiés », insiste la coalition des 27.

Garant de l’intégrité et l’interopérabilité du Web, le W3C est donc appelé à rejeter la proposition « EME ainsi que toute autre prévision de menottes numériques dans les standards du World Wide Web ».


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