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Edito: Shanghai déclasse nos universités: provocation?…

L’université de Shanghai vient de rendre public un classement des institutions d’enseignements supérieures – une classification construite à la manière d’une élection de Miss France ! (cf: www.ed.sjtu.edu.cn/ranking.htm).

On peut déjà s’interroger sur l’intérêt de comparer des universités en fonction de critères qui n’ont rien à voir avec le programme d’enseignement, ni avec les métiers auxquels il prépare… Mais le résultat est là, bien attristant: l’Université de Paris VI se retrouve en 46è position, l’Ecole Polytechnique à la 256è, et l’Ecole Normale Supérieure à la 93è place! Cette publication a fait l’objet de nombreux commentaires dans la presse. Evidemment, les universités américaines occupent les premières places de ce classement impromptu. Pour certains de nos compatriotes, c’est l’occasion de dénoncer le déclin de notre système éducatif qui s’inscrit dans un contexte global de morosité et c’est également l’heure d’affirmer qu’ailleurs c’est toujours mieux! Le fait que chez nous la moitié des élèves du premier cycle abandonne l’université, sans diplôme, serait la démonstration que l’enseignement supérieur n’est pas adapté aux nouvelles contraintes économiques et industrielles. Les solutions proposées? Elle nous sont régulièrement répétées, nous les connaissons, déjà : autonomie voire privatisation de certains établissements, et évidemment abandon de la gratuité de l’enseignement supérieur qui serait cause de cette dégradation. Ce qui nous choque dans ces commentaires, c’est la critique continue sur un système éducatif qui ne remplirait pas son rôle. On oublie de parler, par exemple, de la qualité des formations délivrées par les BTS ou les IUT. On ne dit jamais clairement que derrière les grandes entreprises françaises, qui présentent un niveau d’excellence, il y a toujours une ou plusieurs grandes écoles. Que serait l’industrie aéronautique sans Sup Aéro? l’automobile sans l’Ecole Centrale ? et les Arts et Métiers ou Alcatel sans Sup Télécom (l’ENST ou l’INT), et Bouygues sans les Ponts-et-Chaussées et toute l’industrie agro-alimentaire sans les écoles d’agriculture. On ne dit jamais que les efforts financiers accordés par les différents gouvernements (1,1% du PNB, c’est en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE qui est de 1,4%). C’est donc déjà à la base un problème politique. Il ne faudrait pas oublier qu’un des principes de la République, en France, repose sur un accès gratuit à l’enseignement supérieur pour tous ceux qui ont leur bac, et c’est l’université qui fait le sale travail de la sélection. Si les résultats ne sont pas à la hauteur, il y aurait lieu de s’interroger sur les causes réelles de cet échec. En revanche, je n’ai pas vu dans le classement figurer l’université privée Léonard de Vinci. (*) Enseignant, chargé de cours, Ecole Centrale de Paris.

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