Impliqué dans le scandale Louvois, du nom du logiciel de paie des armées dont le ministre de la Défense a annoncé l’arrêt hier, la SSII Steria a réagi dans un communiqué dès hier soir pour tenter de minimiser sa responsabilité dans ce naufrage. Ce qu’avait déjà fait un rapport de la Commission de la Défense nationale de l’Assemblée nationale qui appelait, en septembre, à ne pas faire du prestataire un bouc-émissaire dans cette affaire.
Fait rarissime, François Enaud, le gérant exécutif de la SSII, est venus s’exprimer sur l’affaire Louvois sur BFM, pour « arrêter cet amalgame entre le nom de Steria et les dysfonctionnements de Louvois ». Indiquant s’exprimer en accord avec le ministère, le dirigeant a clairement pointé dans deux directions pour expliquer le ratage de ce projet visant à fournir aux armées un nouvel outil de gestion pour les 180 000 feuilles de paie que sort chaque mois le ministère.
Premier fautif : le calculateur, qui a souffert de bogues. Rappelons que cet outil, au cœur du système d’information Louvois, n’a pas été développé par Steria, mais par le ministère de la Défense. La SSII n’est intervenue sur le calculateur que dans un second temps, à partir de février 2011. Mais, au-delà de l’outil lui-même, le naufrage de Louvois dépasse le seul cadre de l’informatique, selon François Enaud.
« L’outil a l’intelligence qu’on lui donne, celle que lui transmettent des humains, a-t-il expliqué au micro de notre confrère Stéphane Soumier. Il y a dans l’armée un métier qu’on appelle les ‘soldiers’, l’équivalent des agents de paie dans les entreprises. Ce sont eux qui font la qualité de la paye, l’outil se contentant de calculer à partir des données transmises par ces personnels. Si on perd ces compétences, on a des problèmes dans le calcul de la paie. »
Une thèse qu’on retrouve tout au long du rapport de la Commission de la Défense et qui attribue aux réformes des armées (création des bases de défense se traduisant par le regroupement des cellules RH de proximité, réductions d’effectifs, objectifs de la RGPP…) une large part de responsabilité dans l’échec de Louvois. Une thèse certes recevable, mais qui a le mérite, politiquement, de faire porter le chapeau à la précédente majorité. Pour le plus grand bonheur de Steria.
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