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L’espionnage du Cloud révèle le rôle central des câbles transatlantiques

Alors que les grands noms du Cloud – Google, Yahoo et, tout récemment, Microsoft –ont tous annoncé leur intention de chiffrer les communications entre leurs datacenters, le New York Times publie un article confirmant que les écoutes de la NSA pratiquées sur ces fournisseurs utiliseraient bien des techniques d’écoute des câbles en fibre optique sur lesquels transitent les données.

Ces derniers sont opérés par des géants des télécoms, comme Verizon, BT, Vodafone ou Level 3, ce dernier étant d’ailleurs particulièrement dans l’œil du cyclone. Leader du marché des backbone Internet, cette société fournit notamment les câbles utilisés par Google et Yahoo. Elle est présente dans 200 datacenters aux Etats-Unis et une centaine en Europe

L’article du quotidien américain se base sur les témoignages de trois experts ayant une bonne connaissance des architectures techniques de Yahoo et Google. Tous trois s’expriment de façon anonyme.

Pour l’Europe, le rôle clef du GCHQ britannique

Rappelons que 99 % du trafic intercontinental (Internet et téléphone) transite via quelque 265 câbles sous-marins, selon les chiffres de l’institut d’études Telegeography. Pour les échanges entre l’Europe et les Etats-Unis, c’est la Grande-Bretagne qui joue le rôle de plaque tournante (voir la carte interactive de Telegeography), hébergeant les principales stations d’atterrissage de câbles par lesquelles transite la quasi-totalité du trafic transatlantique.

Or, comme le révélait en juin The Guardian, le programme Tempora de la NSA « délègue » au GCHQ anglais, l’agence de renseignement électronique de Sa Gracieuse Majesté, de surveiller l’ensemble des communications transitant par les câbles de sept grands opérateurs mondiaux, dont BT, Verizon, Vodafone et Level 3, atterrissant dans des stations situées sur le sol britannique. Tempora aurait été mis en place au début de 2012. Il mobiliserait 300 analystes du GCHQ et 250 de la NSA. Une disposition législative datant de 2000 oblige, en Grande-Bretagne, les opérateurs à coopérer avec le gouvernement britannique tout en gardant le silence sur ces programmes.

Selon le lanceur d’alertes Edward Snowden, la station de Bude, au Royaume-Uni, a ainsi servi de « laboratoire » au GCHQ pendant trois ans. Celle-ci accueille 6 câbles, pour une bande passante totale de 7 To/s selon les estimations de TeleGeography.

Fleur Pellerin : le câble, enjeu de souveraineté

Le caractère stratégique des câbles sous-marins est d’ailleurs reconnu par les différents états. En janvier dernier, dans une interview aux Echos, Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l’Economie numérique, admettait le rôle stratégique d’Alcatel Submarine Networks (ASN), producteur et installateur de câbles sous-marins, soulignant l’enjeu en matière de « cybersurveillance » et de « sécurité du territoire ». Et de déclarer de façon tout à fait explicite : « Nous sommes favorables à une solution qui maintienne l’intégrité d’ASN et son ancrage national. Je rappelle que d’éventuelles prises de participation seraient de toute façon soumises à une revue du Trésor au titre du décret sur l’investissement étranger en France. » Le message est on ne peut plus clair : toute prise de participation d’un acteur jugé trop proche d’un gouvernement étranger n’est pas envisageable aux yeux du gouvernement français.

Aux Etats-Unis, expliquait récemment The Washington Post, une « team télécom » est chargée de veiller à ce que les câbles sous l’Atlantique et le Pacifique restent sous contrôle américain. C’est cette équipe qui aurait fait capoter un projet de nouveau câble entre New-York et Londres fabriqué par Huawei, un équipementier chinois que le gouvernement américain soupçonne de travailler en étroite collaboration avec le régime de Pékin.


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