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Etat : la mutualisation des datacenters avance pianissimo

Le Comité de modernisation de l'administration, présidé par le Premier ministre, compte sur la rationalisation des datacenters de l'Etat pour économiser entre 500 et 800 millions d'euros par an d'ici 3 à 5 ans. Un chantier qui peine à démarrer alors que les premières réflexions remontent à. 2011.

Publié par La rédaction le | Mis à jour le
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Etat : la mutualisation des datacenters avance pianissimo

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, présidait ce jour le quatrième comité interministériel de modernisation de l'action publique (Cimap). Rappelons que ces bilans d'étape servent à surveiller l'avancement des réformes de l'administration et le lancement de nouveaux chantiers, dans le cadre de la MAP (modernisation de l'action publique) venue supplanter la RGPP (révision générale des politiques publiques) de l'ère Sarkozy. Si la méthode se veut différente - la MAP étant, selon le gouvernement, mois focalisée sur les réductions d'effectifs de fonctionnaires -, l'objectif reste inchangé : faire des économies.

Ce crû de décembre doit déboucher sur 5 à 7 milliards d'économies sur le train de vie de l'Etat en rythme de croisière, selon Matignon. Soit en 2017. Parmi les nouvelles actions répertoriées figure la modernisation des infrastructures informatiques de l'Etat, dont le gouvernement espère dégager entre 500 à 800 millions d'économies annuelles, « d'ici 2017-2020 ». « La majorité des énergies et des budgets informatiques est aujourd'hui consacrée aux services informatiques courants - gestion des infrastructures matérielles (réseaux, centres informatiques, postes de travail, .) et de services (messagerie, outils collaboratifs, annuaires, référentiels .) », déplore le Cimap dans son relevé de décision. Le Premier ministre demande donc à la Disic (Direction interministérielle des systèmes d'information de l'Etat), la DSI de l'Etat, de lui fournir sous trois mois une « trajectoire de mutualisation » des infrastructures matérielles et logicielles des différents ministères, en s'appuyant sur les moyens de ces derniers.

Un recensement des datacenters dès l'automne 2011

Un chantier qui n'est pas réellement nouveau. En effet, il figure sur l'agenda de la Disic depuis sa création en 2011. Celle-ci tente d'organiser les directions informatiques des différentes administrations - via des chantiers portant notamment sur la maîtrise des projets IT - et de rationaliser les réseaux (via le projet de réseau interministériel de l'Etat, en cours de déploiement) ainsi que les datacenters, un des leviers exploités par d'autres administrations dans le monde pour réduire leurs dépenses informatiques (Lire notre article « L'Etat fédéral américain a économisé 10 milliards sur ses dépenses IT. Et la France ?« ).

Dans son document de bilan publié en juin dernier, la Disic explique que cette ambition a d'ailleurs déjà été « réaffirmée » lors du comité interministériel pour la modernisation de l'action publique. de décembre 2012 et qu'un « schéma directeur des infrastructures d'hébergement a été lancé afin de définir une cible partagée à 10 ans ». La publication de la DSI de l'Etat fait état d'un premier recensement, totalisant une centaine de centres informatiques sur le territoire (pour 20 000 mètres carrés et quelque 20 000 serveurs). Reste que ce recensement date déjà de l'automne 2011 (128 salles principales avaient alors été identifiées) et que la Disic prévoyait de définir un schéma type de mutualisation pour la mi-2012. A ce jour, aucune information sur des travaux de mutualisation de salles informatiques de l'Etat n'a filtrée.

Et ni le dernier Cimap, ni les directives données par le Premier ministre ne semblent indiquer que le chantier a démarré. De facto, la Disic risque de se heurter à la volonté des ministères de garder le contrôle sur leurs infrastructures, d'autant qu'elle n'a pas « vocation à opérer de façon préférentielle les services mutualisés », selon les directives fixées par Cimap. Les négociations avec les différents ministères s'annoncent donc ardues.

Le démarrage du Cloud gouvernemental

Toujours dans une optique de simplification et de réduction des coûts, une réflexion sur les apports du Cloud a également été engagée au sein de l'administration, notamment via un rapport commandé au CGEIET (Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies). En mai dernier, lors des états généraux du Cloud Computing, Jacques Marzin, le directeur de la Disic, a ainsi expliqué que le recours au nuage faisait partie d'une « gestion maîtrisée des coûts ». Une expérimentation est menée par la Dila (Direction de l'information légale et administrative), le ministère de l'Ecologie et la Disic. En octobre dernier, un démonstrateur a été mis sur pied pour une période de six mois. « Le G-Cloud privé est déjà ouvert à certains ministères et uniquement accessible via le réseau interministériel de l'Etat », précise un document publié sur Archimag par Thomas de Saint-Aubin, responsable du pôle stratégie à la délégation de l'innovation, du développement et de la stratégie de la Dila.

Malgré ces progrès récents, sur ces deux sujets, la France semble accuser plusieurs années de retard par rapport aux Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, deux pays qui ont misé sur la mutualisation de leurs infrastructures et le Cloud pour réaliser des économies. Même si cette volonté s'est, sur le terrain, heurté comme on pouvait s'y attendre à de multiples résistances.

Seulement 1,15 % du budget de l'Etat

Dès son entrée en fonction, au début du premier mandat de Barack Obama, Vivek Kundra, le DSI de l'Etat fédéral américain, avait affiché son intérêt pour le Cloud. Le magasin applicatif de l'administration US (Apps.gov) a ouvert dès 2009. De son côté, le gouvernement britannique a lancé depuis plusieurs années son projet G-Cloud, le Cloud gouvernemental là aussi adossé à une place de marché applicative (CloudStore). La version 4 de G-Cloud est entrée en service fin octobre.

Si les chantiers de mutualisation de datacenters et de Cloud démarrés par l'Etat français visent clairement à réaliser des économies, « les marges ainsi dégagées seront en partie réemployées pour investir dans de nouvelles démarches de modernisation du système d'information, d'innovation et de simplification », signale le Cimap dans son relevé de décision. De facto, l'Etat français investit globalement peu dans ses systèmes d'information. Comme le signale un rapport récent du think tank Terra Nova (étiqueté à gauche), la France ne consacre que 1,15 % de son budget à ses SI. Sur la base de comparaisons internationales, Terra Nova préconise de porter ce taux à 3 %.

Photo : Yves Malenfer/Matignon

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