Free va déployer un réseau de fibres optiques à Paris

Le trublion de l’Internet annonce sa stratégie en matière de très haut débit et entend frapper un grand coup: le FTTH (50 Mb/s) devrait être proposé au même prix que l’ADSL, soit 29,99 euros par mois ! Lorsque le réseau sera déployé, il pourra être ouvert à la concurrence

Cap sur le très haut débit ! Le groupe Iliad, la maison mère de Free, confirme ce lundi les rumeurs qui bruissaient depuis plusieurs semaines. L’opérateur va déployer un réseau de boucle locale en fibres optiques, technologie successeur de l’ADSL, dans un premier temps à Paris, à partir du 1er septembre 2007.

Rappelons que la fibre optique permet d’offrir des débits très élevés pour de nouveaux services comme la simultanéité d’usage pour les services existants, la télévision HD (en haute définition) sur un ou plusieurs postes (très haute qualité d’image), le téléchargement quasi-instantané, etc. L’un des atouts majeurs de la fibre est d’autoriser l’usage simultané de tous ces services pour répondre aux besoins d’entreprises ou, en résidentiel, à l’ensemble de la famille.

Paris devrait être une première étape, mais Free précise dans un communiqué qu’il étendra progressivement son réseau dans certaines villes de banlieue et dans certains quartiers de villes de province.

Plus de 10 millions de français, soit plus de 4 millions de prises raccordables seront éligibles d’ici 2012, promet le groupe.

On l’a dit, la fibre coûte très cher. Selon l’Idate, il faudrait débourser 10 milliards d’euros pour couvrir 40% de la population urbaine. 30 milliards supplémentaires seront nécessaires pour couvrir les 60% restants de la population des zones urbaines.

Un investissement d’un milliard

Free annonce que ce premier réseau exigera un investissement d’un milliard d’euros d’ici à 2012.

« Son financement est assuré par les liquidités du groupe et son ‘cash flow’ libre généré par ses activités existantes », explique-t-il.

Concrètement, l’offre FTTH de Free permet un débit de 50 Mbit/s, la téléphonie illimitée vers les postes fixes en France et vers plusieurs destinations internationales, une offre de TV HD, et la mise à disposition du terminal Freebox Optique.

Fidèle à son habitude, le groupe va frapper les esprits en proposant une offre FTTH (fiber to the home) au prix de son ADSL, soit 29,99 euros par mois ! Un tarif cassé compte tenu de cette technologie qui exige de lourds investissements. Un tarif qui risque de mettre à mal les opérateurs de fibre à Paris comme Erenis ou CiteFibre.

Côté débits, Free ne propose « que » le double du maximum proposé par l’ADSL. La fibre permet en effet d’aller au-delà des 100 Mb/s. Mais l’offre du groupe pourra monter en puissance.

Stratégiquement et commercialement, Free frappe un grand coup. « Ce déploiement sur fibres optiques va apporter au groupe une totale indépendance par rapport à l’opérateur historique, une amélioration de ses marges et une différenciation encore accrue sur le marché », souligne-t-il.

Free ne sera donc plus dépendant de France Télécom. L’opérateur n’aura plus à occuper les DSLAM de l’opérateur historique mais bâtira des Point Of Presence (POP) où bon lui semble.

Par ailleurs, cette nouvelle offre de rupture lui permet de prendre une sérieuse avance sur ses concurrents. Un objectif majeur pour Free qui sera bientôt talonné de près par Neuf Cegetel grâce au rachat d’AOL France.

Free marque également à la culotte France Télécom qui a également annoncé ses intentions en matière de fibre. L’opérateur historique, qui n’a pas prévu de lancement national, débuté un test à grande échelle dans les 3e, 4e, 6e, 7e, 13e et 16e arrondissements de Paris et dans cinq villes des Hauts de Seine (Asnières-sur-Seine, Boulogne -Billancourt, Issy-les-Moulineaux, Rueil-Malmaison, Villeneuve-La-Garenne).

La technologie utilisée par France Télécom est le FTTH (Fiber To The Home) combinée au GPON (Giga Passive Optical Network). Le GPON permet d’atteindre des débits jusqu’à 2,5 Gigabits/s en descendant et 1,2 Gigabits/s en remontant. Le pilote Très Haut Débit coûte 70 euros par mois. France Télécom devra faire des efforts…

D’autant plus que Free, contrairement à France Télécom, ouvrira son réseau à la concurrence. « Dès que ce réseau sera opérationnel, Free engagera des discussions avec tous les opérateurs qui le désirent pour leur proposer une offre de location de fibres optiques jusqu’à l’abonné », explique le groupe. « Le prix de location permettra aux opérateurs de répliquer les offres commerciales de Free ». Encore une mauvaise nouvelle pour France Télécom.

Cette annonce réjouit les internautes et les abonnés de Free (qui migreront gratuitement) mais pas les investisseurs. L’action Iliad chute de 12% à la bourse de Paris, les analystes se posant des questions sur le financement d’un tel réseau.

En collaboration avec la ville de Paris

Free a profité de la volonté de Paris de connecter la ville en très haut débit pour lancer son offre.

Le projet « Paris, Ville Numérique » initié par le Maire de Paris a particulièrement retenu l’attention de Free, explique le groupe.

Grâce à la délibération du Conseil Municipal de Paris du 10 juillet 2006 qui a autorisé le déploiement de plusieurs milliers de kilomètres de fibres optiques à travers une convention d’autorisation d’occupation du domaine public, Free s’est engagé dans le projet « Paris, Ville Numérique ».

Concrètement, Free pourra utiliser les égoûts de Paris pour faire passer ses fibres.