Après la gestion « unifiée » des terminaux (UEM), la gestion « autonome » ? Gartner anticipe ce changement terminologique. Dans un horizon de trois à cinq ans, estime le cabinet américain, MSP et clients finaux ne pourront plus mettre à l’échelle leurs effectifs et leurs compétences. L’automatisation s’imposera alors sur ce marché.
L’évolution des capacités délivrées en SaaS et l’émergence de briques DEX (gestion de l’expérience digitale) préfigurent cette trajectoire, nous explique-t-on. Reste qu’en l’état, l’UEM apparaît comme un segment mûr, stable, avec peu d’évolutions dans les produits. Et peu d’opportunités d’expansion, sinon la consolidation d’outils, les travailleurs de première ligne et le mid-market. La croissance des revenus est plutôt portée par la clientèle existante. Souvent entrée par la gestion des terminaux mobiles et qui étend son périmètre aux ordinateurs.
D’une année à l’autre, les critères d’inclusion au Magic Quadrant de l’UEM n’ont pas évolué… si ce n’est l’ajout d’un indice de momentum fondé essentiellement sur la popularité des fournisseurs dans l’écosystème Gartner (forums Peer Insights en particulier) et dans les offres d’emploi.
Ce nouveau critère coûte à Syxsense sa place au Quadrant. Le fournisseur américain a toutefois droit à une « mention honorable ». Même chose pour HCL Software, qui ne respecte pas deux des critères d’inclusion. En l’occurrence, la commercialisation de son produit sous une licence unique et l’intégration avec l’API Microsoft Graph pour la protection des données et des applications.
Mention honorable également pour BlackBerry, classé l’an dernier, mais absent cette année à défaut de couverture de macOS. Citrix aussi a quitté le Quadrant : il a cessé, début juillet, de commercialiser sa solution UEM pour se concentrer sur le DaaS et le ZTNA.
Gartner juge les fournisseurs sur deux axes. L’un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit…). L’autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services…).
Sur l’axe « vision », les fournisseurs classés au Quadrant se placent dans cet ordre :
Fournisseur | Date de création | |
1 | VMware | 1998 |
2 | Microsoft | 1975 |
3 | Ivanti | 1985 |
4 | ManageEngine | 1996 |
5 | IBM | 1911 |
6 | Matrix42 | 1992 |
Sur l’axe « exécution » :
Fournisseur | |
1 | Microsoft |
2 | VMware |
3 | IBM |
3′ | Ivanti |
5 | ManageEngine |
6 | Matrix42 |
« Challenger » en 2020, « visionnaire » en 2021, Ivanti est cette fois dans le carré des « leaders ». Gartner vante la couverture fonctionnelle de sa plate-forme Neurons (systèmes Linux, OS serveur, wearables…). Il salue aussi ses offres sectorielles (santé, logistique, retail, secteur public). Et, sur le volet automatisation, les capacités de découverte active et passive de terminaux non gérés.
Appréciation moins favorable concernant le licensing. Pas évident de comprendre ce qu’il y a dans chaque produit, pour résumer les propos de Gartner. Autre point faible : l’administration, avec le risque d’avoir à utiliser plusieurs consoles. Enfin, il n’y a pas de parité fonctionnelle entre le SaaS et la version sur site. En plus de bénéficier de mises à jour plus fréquentes, la première a certaines fonctionnalités exclusives, dont celles qui touchent à l’automatisation.
L’an dernier, Microsoft faisait partie des « leaders » avec son offre Endpoint Manager, qui associe Intune et Configuration Manager dans le cadre de la licence Enterprise Mobility + Security (EMS). Il le reste, avec globalement les mêmes points forts. En premier lieu, le niveau d’intégration avec ses autres produits, d’Azure AD à Defender ATP. Un gage de stabilité et de performances par rapport à l’utilisation de solutions tierces.
Au rang des points faibles figure le reporting, « basique », avec peu de modèles prêts à l’emploi par rapport à ce que proposent les concurrents. Autre constat, déjà établi en 2021 : l’offre se prête peu aux cas d’usage « non standard » : IoT, terminaux durcis, systèmes Linux et UNIX… Et la difficulté de prise en main (tendance des clients à sous-estimer la charge liée à l’intégration avec les autres produits Microsoft).
Chez VMware, la couverture fonctionnelle est à nouveau un point fort (SSO avec la brique Access, VPN avec Tunnel, UES avec Carbon Black, virtualisation des applications et des bureaux avec Horizon…). Tout comme la simplicité d’usage de la console Workspace ONE. Nouveau cette année : un bon point sur l’automatisation. Avec, d’une part, un orchestrateur low code capable de déclencher des actions en fonction des signaux de l’UEM. Et de l’autre, un module d’automatisation à base de règles à partir de Workspace ONE Essentials.
On ne peut pas en dire autant sur le pricing. La véritable valeur ajoutée (DEX, accès conditionnels, automatisations spécifiques) se trouve dans les licences Advanced et Enterprise. Qui font partie des produits « les plus chers » parmi ceux évalués. Il n’est, en outre, pas facile pour les utilisateurs de Microsoft 365 de trouver l’équilibre avec Endpoint Manager. Et à nouveau, le SaaS est « en avance » sur la version on-prem au niveau fonctionnel : reporting avec historique de données, analyse de risque, automatisation à base de connecteurs spécialisés…
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