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Grève très suivie chez SFR Business Solutions

Environ 70% des 800 salariés de SFR Business Solutions (SBS, ex-Telindus) sont entrés en grève hier, mercredi 15 juin. Une grève reconduite aujourd’hui et qui reste très suivie. « Autour de 50% des salariés, avance Arnaud Waterkeyn, délégué syndical de la CFDT, le principal syndicat de SBS devant la CGT. Ce n’est pas évident de faire le décompte précis alors que de nombreux salariés sont en déplacement mais je confirme que le mouvement est très suivi. »

Origine de cette contestation ? La remise en cause par la direction du groupe SFR (SFR-Numericable) de l’accord d’intéressement historique de Telindus, racheté en 2014 par SFR (Vivendi) à Belgacom puis intégré à Numericable avec le rachat de SFR par la holding de Patrick Drahi. Jusqu’à présent, les salariés de SBS profitaient d’un supplément de salaire de 8% à 10% grâce à l’intéressement. Des accords renégociés tous les 3 ans et, dont la prochaine échéance, permet aujourd’hui à la direction de proposer un alignement des conditions de SBS sur l’accord d’intéressement général du groupe. Lequel se limite lui autour de 2% à 2,5% en équivalent salaire, selon le syndicaliste. Une réelle perte financière pour les concernés, donc. « Nous ne sommes pas contre cet alignement sur l’accord général mais nous demandons des compensations en échange, ce que la direction a, jusqu’à présent, fait semblant de ne pas comprendre », explique Arnaud Waterkeyn. D’où la fronde des salariés. « L’activité de l’entreprise est réellement pertubée », assure le représentant syndical.

Des conséquences inévitables chez les clients

Une perturbation qui n’est pas sans conséquences sur le fonctionnement des services auprès des 500 clients environ de SBS, essentiellement des grands comptes, entreprises du CAC 40 et grandes administrations. « Les service de maintenance à distance et de support des systèmes réseaux installés chez les clients ne fonctionnent pas en ce moment », confirme le porte-parole de la CFDT. Ce qui pourrait coûter cher à SFR alors que certaines entreprises pourraient s’appuyer sur les contrats de SLA pour demander des pénalités financières.

« Aujourd’hui, on pense que certains clients vont réagir, avance Arnaud Waterkeyn. Ça risque de coûter cher à SFR financièrement et sous forme d’image car les clients grands comptes ont les capacités d’exprimer leur mécontentement jusqu’à la direction de SFR et je ne vous cache pas que l’on joue un peu là-dessus. » Et, en tant que client de SBS sur la maintenance du backbone, le réseau global de SFR pourrait à son tour être touché par le mouvement social. « S’il y a des incidents non réparés sur le backbone, cela peut avoir une incidence sur la qualité du réseau de SFR pour les utilisateurs grand public », prévient notre interlocuteur.

La revendication du jour cristallise une inquiétude plus globale pour ces équipes composées à 80% d’ingénieurs de conception systèmes. « Le groupe est en train de nous faire passer d’un métier de sur-mesure pour les grands comptes à des offres packagées construites à l’avance dans le modèle opérateurs et de cible clients en nous orientant vers les PME », explique Arnaud Waterkeyn. Une stratégie visant à dégager une plus grande marge qu’aujourd’hui. S’il est conscient du caractère inéluctable de l’évolution du marché, « on ne remet pas en cause le fonds mais il y a beaucoup de choses qui nous contrarient dans la forme avec un manque d’accompagnement, de dialogue social, de prise en compte des spécificités. Les salariés ne sont pas opposés à l’évolution mais aimeraient en voir un peu plus les aboutissants ». C’est cet ensemble d’inquiétudes qui perdurent depuis plusieurs mois et qui alimentent la grève du jour. D’autant que les départs sont généralement peu remplacés, selon le syndicaliste, ce qui alourdit la charge de travail des équipes et entretient le malaise.

Grève reconduite au jour le jour

Le mouvement risque-t-il de durer ? « La grève est reconduite de jour en jour », confie Arnaud Waterkeyn qui s’appuie sur un réservoir de non-grévistes pour espérer renforcer le mouvement. Tout dépendra de ce que la direction du groupe leur proposera. Les deux parties doivent se réunir dans l’après-midi. « On verra ce qu’il en ressort et on décidera, en fonction, de la reconduite de la grève ou pas. » Un conflit qui pourrait durer, donc.


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