Interviewée par le Wall Street Journal, Meg Whitman, CEO de HP, est revenue sur les dernières nouvelles économiques qui ont quelque peu secoué les fondations du géant de l’informatique. Elle entend maintenir sa position, maintenir HP uni donc sans cessions, et appelle à la patience…
Meg Whitman et sa CFO (directrice financière) Cathie Lesjak sont tout d’abord revenues sur les acquisitions à un prix outrageusement élevé d’Autonomy et d’ECS, affirmant en particulier pour le premier que HP a payé « trop cher ».
Le coût combiné de ces deux acquisitions, 17 milliards de dollars, a pesé très lourdement sur les résultats du groupe. Et Autonomy a représenté 5,5 milliards sur les 8,8 milliards de dollars de pertes publiées en novembre dernier.
Meg Whitman a indiqué qu’Autonomy s’était mal présenté, laissant paraître une valeur qu’il n’a pas jusqu’à tromper la vigilance des auditeurs de Deloitte. Une affirmation qui ne convainc pas réellement…
« Merci, mais non merci ! » Qu’il s’agisse d’Autonomy, d’ECS, ou des actifs non rentables ou non stratégiques, Meg Whitman ne veut pas entendre parler de cessions. Ainsi a-t-elle affirmé qu’il n’est pas question de se séparer de ses deux entités récemment acquises.
Quant au projet de se séparer de certains actifs, pourtant évoqué dans le rapport 10-K remis à la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme de la bourse américaine, cette information aurait été imposée par des ‘conseillers juridiques’ en charge de la rédaction du document.
La CEO a par ailleurs confirmé que plusieurs acheteurs potentiels se seraient déclarés intéressés, mais pas forcément plus que d’habitude, les projets de cessions/acquisitions sont le lot quotidien des entreprises. Et de réitérer que HP restera une entité unique.
Pour Meg Whitman, 2012 aura été l’année des mauvaises nouvelles. Quant à 2013, ce sera l’année où les durs travaux de réparation de HP vont commencer à porter leurs fruits. « Nous avons placé les bonnes personnes à la bonne place au bon moment, vous pouvez en être sûrs… Mais nous devons être patients », a indiqué la CEO de HP.
Soyons réalistes : même à la tête de la plus grosse entreprise informatique au monde, en chiffre d’affaires, Meg Whitman n’en reste pas moins à la merci de son conseil d’administration et de ses actionnaires. Le discours de la CEO se veut rassurant en s’affirmant dans la continuité, mais à quel prix ?
Les pertes affichées par le groupe sont colossales, les réductions d’effectifs se chiffrent par milliers et le délestage de certains actifs non stratégiques, voire la réorganisation de la structuration du groupe, avec pourquoi pas la séparation de certaines entités (PC et imprimantes par exemple ?) même si elles restent sous contrôle, à aujourd’hui la faveur du marché.
Meg Whitman joue ici un jeu risqué, dans lequel il n’est pas certain qu’elle possède toutes les cartes. Sa volonté de maintenir l’unité du groupe fait sens dans sa communication plus que dans sa stratégie. Combien de temps encore pourra-t-elle maintenir et tenir la pression ?
À moins peut-être de maintenir une cohésion de façade tout en revoyant le périmètre du champ d’action de HP. Rien n’est figé, mis à part peut-être la stature de la patronne. À suivre…
Photo Meg Whitman © HP
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