Lors d’un conseil des ministres franco-allemand organisé à l’Élysée ce mercredi 19 février, Angela Merkel a évoqué la création d’un réseau européen qui évite le transit aux États-Unis de données personnelles européennes, comme elle l’avait fait samedi (Lire : Contre la NSA, Merkel va proposer à Hollande de faire réseau commun). François Hollande partage le point de vue de la chancelière allemande en matière de protection des données, mais ne parle toutefois pas d’édifier un « réseau de communication » pan-européen.
Paris veut promouvoir les entreprises, les produits et les services européens, notamment dans le Cloud Computing et la sécurité IT, sans toutefois ériger de barrières insurmontables avec son partenaire et allié américain. Il faut dire que le président français a déclaré, la semaine dernière, lors d’un déplacement aux États-Unis, « la confiance restaurée » entre Washington et Paris, après le scandale des écoutes massives de la NSA américaine (Lire : Hollande à Obama : les écoutes de la NSA ? C’est déjà oublié).
La mise en place dans l’Union d’infrastructures, composants et applications 100% européens, n’est donc pas d’actualité. Considérée comme économiquement et politiquement dangereuse par de nombreux analystes, une telle initiative irait à l’encontre d’un Internet ouvert et interopérable.
Restés flous sur leur ambition commune, Paris et Berlin ont déclaré poursuivre les discussions engagées pour « conserver un niveau élevé de protection des données ». La chancelière allemande, qui soutient fortement le traité de libre-échange actuellement en négociation entre l’Union européenne et les États-Unis, aura lancé une idée choc. Et ce pour mieux se faire entendre de ses partenaires commerciaux en amont de l’adoption, d’ici la fin 2014, de la réforme européenne sur la protection des données.
« Les propositions allemandes restent floues et l’ambition affichée de construire un Internet européen peut faire craindre une balkanisation du net, mais au moins ont-elles le mérite de faire sortir l’Europe de sa léthargie », a déclaré dans un communiqué la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly, rapporteur de la mission du Sénat sur le rôle de l’UE dans la gouvernance mondiale d’Internet et auteur du rapport : « L’Union européenne, colonie du monde numérique ? »
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