Action en justice fructueuse pour Proofpoint. Voilà deux ans, l’éditeur américain avait porté plainte contre son concurrent français Vade Secure. Le tribunal californien chargé du dossier vient de lui donner raison sur l’essentiel de ses griefs. Avec, à la clé, un dédommagement d’environ 14 millions de dollars. La facture pourrait monter, un jugement complémentaire étant attendu pour cet automne.
La condamnation tient essentiellement à deux types de faits. D’un côté, des infractions au copyright. De l’autre, le vol de secrets industriels et commerciaux.
Dans cette affaire, il y a un autre défendant : Olivier Lemarié. L’intéressé avait fondé, dans les années 2000, la société Bizanga. Son produit : un serveur SMTP à destination des opérateurs, avec diverses technologies de protection des boîtes de messagerie.
En 2010, l’américain Cloudmark, spécialiste de la sécurité des e-mails, avait mis la main sur Bizanga. Olivier Lemarié avait poursuivi l’aventure… jusqu’à rejoindre, en février 2017, Vade Secure. Peu après, Cloudmark allait passer dans le giron de Proofpoint.
Ce dernier s’étonne d’un surcroît soudain d’activité chez Vade Secure à cette période. D’abord par le dépôt de brevets, relatifs entre autres à des méthodes de détection du phishing. Ensuite, par le lancement de Vade Secure for Office 365, offre qui aurait été décisive dans la signature d’un accord d’investissement avec le fonds General Catalyst (investissement qui, précisons-le, n’a finalement jamais pris corps). Enfin, par le nombre de départs de Cloudmark vers Vade Secure. En l’occurrence, au moins trois autres ingénieurs seniors « débauchés » en l’espace de quelques mois.
Qu’ont impliqué ces transferts en matière de « transmission de savoirs » ? D’après Proofpoint, la communication à Vade Secure d’une vingtaine d’éléments du portefeuille technologique de Cloudmark. Ce sans respect des engagements de non-divulgation qu’avait pris Olivier Lemarié.
La justice US a tranché ainsi pour 15 de ces éléments. Ils concernent en particulier les mécanismes d’analyse comportementale, l’intégration avec Office 365 et la gestion des licences.
La majeure partie de la sanction infligée à l’éditeur français l’est au titre de profits indus. Le reste est la conséquence de la violation de contrat.
Illustration principale © Skórzewiak – Adobe Stock
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