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Les femmes de l'IT (1) : Jocelyne Attal (Avaya)

Jocelyne Attal entame ses études supérieures sur les bancs de l’université. Peu attirée par les sciences de la matière, la future responsable d’Avaya obtiendra tout de même une licence. Elle poursuit son cursus à l’Institut de gestion de Paris, puis intègre en 1979, les rangs d’IBM. Plus tard, elle complétera son parcours par une formation dispensée à Harvard et réservées aux cadres d’entreprise.

Après avoir travaillé pour Gateway, IBM et Novell, elle rejoint en 2004 les effectifs d’Avaya. Le groupe, fournisseur de réseau de communication pour les entreprises, lui offre l’opportunité de piloter sa stratégie marketing au niveau mondial. Une tâche qu’elle poursuit encore aujourd’hui.

Les nouvelles technos vous ont-elles toujours intéressé ?

J’ai débuté en étudiant les sciences de la matière. Mais ça ne m’a pas passionnée plus que ça. En Deug et en Licence, il n’y avait que des hommes. Il y avait 9 femmes, sur une promotion de 200 !

En 1979, quand j’ai commencé chez IBM, en tant qu’ingénieur commercial, il y avait peu de femmes dans les nouvelles technologies. Je me suis dirigée vers le secteur où les emplois étaient les plus nombreux. C’était mieux payé et plus excitant.

En tant que femme, a-t-il été difficile d’intégrer une entreprise de ce secteur ? Quelles différences y a-t-il entre la France et les Etats-Unis ?

Aux Etats-Unis (Ndr : Jocelyne Attal y vit depuis plus de 10 ans), le fait d’être sorti d’une grande école ne rend pas forcément légitime. Seul la compétence et le résultat comptent. Néanmoins, il existe une loi aux Etats-Unis (Equal opportunities employment) qui réglemente les conditions d’embauche. Si une entreprise ne respecte pas la diversité, elle n’obtient pas de contrats fédéraux. Si on n’embauche pas une femme, sous prétexte qu’elle peut tomber enceinte, on est condamné. Par contre, il existe une très forte importance des réseaux. Et ils n’incluent pas les femmes, d’où leurs absence à des postes clefs.

En France, il s’agit d’avantage d’un problème de grandes écoles et de diplômes. C’est difficile de briguer des postes à responsabilités si on n’a pas fait HEC ou l’ENA. Il existe une véritable ségrégation scolaire en France. J’ai trouvé ma voie en France. Mais je me suis battue plus qu’un diplômé de Polytechnique ou Centrale.

Concevez-vous le monde des nouvelles technologies comme un univers sexiste ?

Je n’ai jamais souffert d’être une femme. Pour autant, je n’ai jamais nié le fait d’en être une. Ma fille qui a vingt ans aujourd’hui, ne m’a pas empêché de faire une « carrière féminine ». J’ai fait des sacrifices quand il fallait en faire. J’ai préféré passer du temps avec ma fille. Je revendique la possibilité de faire une parenthèse pour avoir un enfant et construire une vie de famille. J’ai fais les choses que je voulais. Mais j’ai eu de la chance.

Est-il aisé pour une femme de s’imposer en tant que responsable ?

La culture américaine est une culture de la discipline. Aux Etats-Unis, un chef est un chef, quelque soit son sexe. En France, il existe une remise en cause constante du statut de chef. Certains jours, c’est plus compliqué que d’autres. Quand on réprimande quelqu’un, il est possible que ce soit perçu comme un jugement de valeur. Certains pensent encore que les femmes ne sont pas faites pour être responsables. Parfois, nous passons pour des hystériques quand nous exprimons notre désaccord. Ce qui n’est jamais le cas pour un homme dont l’autorité est toujours respectée. Néanmoins, être une femme peut aider, nous éprouvons moins de fierté que les hommes, nous sommes moins blessées quand nous ne sommes pas d’accord.

Votre manière de diriger est-elle différente de celle d’un homme?

Je pense que oui. J’ai la réputation d’être une femme très dure, très tournée vers les résultats. En faisant preuve d’autorité, je dois parfois forcer un peu ma nature. Même si je suis dure, mon cœur reste celui d’une femme. Je suis plus à l’écoute des problèmes personnels.

Comment expliquez-vous la sous-représentation des femmes dans votre milieu ?

De moins en moins de femmes étudient dans les nouvelles technos. Le nombre de femmes qui y travaillent se tarit. C’est un domaine qui bouge beaucoup. Par ailleurs, faire un enfant et s’investir en même temps est difficile.

La situation est-elle en train de changer ?

Les filles de 25 ans aujourd’hui n’ont plus envie de faire ce que les plus anciennes ont fait. Les batailles que nous avons menées ne les intéressent pas. Elles ne se tournent plus forcément vers les carrières scientifiques, elles veulent une autre vie.

A suivre l’épisode 2 de notre feuilleton, la semaine prochaine

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