L’avenir est décidément trouble pour les opérateurs télécoms. Selon la dernière étude annuelle Let’s Face It du courtier Exane BNP Paribas avec Arthur D. Little, les revenus des fournisseurs de services télécoms vont baisser de 2,4 % par an d’ici 2015, rapportent Les Echos (19/03).
Une baisse qui s’explique à la fois par la pression concurrentielle (et réglementaire en Europe), qui pousse à revoir à la baisse les tarifs des communications et, d’autre part, par la concurrence des applications mobiles de voix sur IP tels Skype et autre Google Voice. Applications qui permettent aux utilisateurs de communiquer sans nécessairement passer par le réseau et les services de leur opérateur. Or, le modèle économique de ces derniers s’appuie sur les appels téléphoniques. Moins d’appels, moins de revenus, donc.
Par ailleurs, les revenus issus des indémodables SMS pourraient également diminuer. Selon le cabinet, les applications de messagerie instantanée type WhatsApp (qui assure l’interopérabilité entre les différentes plates-formes Android, iOS, BlackBerry OS, Windows Phone) ou des solutions propres (Google Talk, iMessage d’Apple, BlackBerry Messenger…) vont phagocyter les services des messages courts.
Une tendance qui ne se remarque cependant pas en France où le taux d’utilisation des SMS atteint 212 SMS par mois par personne au 4e trimestre 2011, en hausse de 14 % par rapport aux 186 du trimestre précédent. De même, les opérateurs mobiles locaux ont intégré les forfaits SMS illimités dans leurs offres mobiles ce qui, ajouté à la simplicité du service, limite l’usage de produits concurrents.
C’est en effet le meilleur moyen de fidéliser le client aux services de l’opérateur. Car le risque, souligne le rapport toujours selon le quotidien économique, est que les opérateurs perdent le lien commercial avec leurs utilisateurs qui tendent à se tourner vers les fournisseurs de services via les applications des Apple Store, Google Play (futur Android Market), Marketplace et autre BlackBerry App World. Les opérateurs ne seraient alors vus que comme de simples fournisseurs de capacité (les « tuyaux » où circule l’information) et d’accès au réseau mondial.
Outre les stratégies pour maintenir le lien avec le consommateur (et tenter de lui vendre des services que les principaux acteurs du Net mobile proposent souvent gratuitement ou à peu de frais comme y invite l’offre VoIP de Kineto notamment), l’autre source de revenus des opérateurs sera dans la distribution même de leurs capacités. Ils pourraient ainsi passer des accords avec les Google et consorts pour leur garantir une meilleure qualité d’accès à leurs services moyennant finances. Mais les questions de neutralité du Net que le législateur tente de réglementer risquent alors de se poser. Et rien ne dit que les acteurs du secteur entreront dans ce type de négociations.
Le courtier n’est cependant pas le seul à voir s’assombrir l’avenir des opérateurs télécoms. Récemment, Michael Dunning du cabinet d’analyse FitchRatings confiait qu’il ne voyait pas de croissance dans le secteur des télécoms en Europe. Sauf, peut-être, pour les nouveaux entrants comme Free Mobile.
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