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Entre l’Europe et les Etats-Unis, qui a le plus gros débit ?

En matière de télécoms, la comparaison est souvent faite entre les marchés européen et nord-américain. Tant en termes de données économiques autour du nombre d’abonnés et d’opérateurs que de technologies réseau. Alors que l’Idate plaçait récemment les Etats-Unis en tête des pays à très haut débit mobile avec le Japon et la Corée, une nouvelle étude, américaine cette fois, s’attarde sur les déploiements des infrastructures haut débit des deux côtés de l’Atlantique.

La presse américaine fait régulièrement état d’un réseau Internet aussi dégradé que onéreux en regard des performances européenne et asiatique. Du côté européen, les instances européennes sont les premières, notamment à travers la voix de la Commissaire à l’Agenda numérique de Bruxelles Neelie Kroes, à estimer que l’Europe se situe encore et toujours un cran en dessous des Américains. Notamment sur la mobilité où les déploiements de réseaux 4G ont démarré plus tard (mais les Américains n’avaient quasiment pas déployé de 3G). Deux visions contradictoires que Christophe S. Yoo et John H. Chestnut, professeurs au Center for Technology, Innovation and Competition (CTIC) de l’université de Pennsylvanie, ont voulu tirer au clair. L’étude U.S. vs. European Broadband Deployment: What Do the Data Say? se concentre sur le marché européen, une comparaison avec le marché asiatique étant programmée pour plus tard.

82% des foyers américains en très haut débit

De toute évidence, les États-Unis n’affichent pas le retard que lui prêtent la presse locale. « [Les] données [de l’étude] révèlent que les préoccupations propres au recul des États-Unis sur la course aux débits sont infondées, estiment les auteurs. En premier lieu, le taux de foyers américains ayant accès aux réseaux de nouvelle génération est plus élevé qu’en Europe », tant sur la fibre jusqu’au domicile, que le câble ou en 4G. De fait, 82% des foyers américains auraient accès au très haut débit fixe contre 54% des résidences européennes à l’échelle nationale. Le contraste augmente à travers les zones rurales couvertes à 48% aux États-Unis contre 12% sur le vieux continent. La fibre à domicile (ou en pied d’immeuble) touche 23% des habitations américaines contre 12% en Europe. Et la 4G s’y étend sur 86% de la population contre à peine 27% en Europe, en moyenne.

Soulignons néanmoins que l’étude porte sur des données recueillies en 2012. Il serait intéressant de vérifier comment le secteur a évolué ces 18 derniers mois sur ces deux marchés, notamment avec la distribution des licences 4G en Europe et le déploiement des infrastructures mobiles très haut débit qui s’est accéléré dans certains pays (dont la France et le Royaume-Uni) des deux dernières années. D’autre part, quand l’Europe considère que le très haut débit fixe commence à 30 Mbit/s, ce barème tombe à 25 Mbit/s sur le sol américain. Ce qui, mécaniquement, augmente forcément les taux d’accès au très haut débit sur ce dernier marché. Enfin, l’étude du marché européen se limite au final à huit pays européen (Suède, France, Italie, Danemark, Espagne, Pays-Bas, Royaume-Uni et Allemagne). Une analyse restreinte, donc.

Différences flagrantes d’investissements

Malgré cette méthodologie discutable, qui ne remet néanmoins pas en cause les grandes tendances, l’étude démontre clairement les énormes différences d’investissements entre les deux marchés. Quand les opérateurs européens investissent 244 dollars par foyer, les Américain en mettent 562 en moyenne. Un écart qui s’explique en partie par la différence de régulation du marché. En Europe, les nouveaux arrivants sont « soutenus » par leur droit à accéder à l’infrastructure d’un opérateur de réseau, soit le temps qu’ils déploient leurs propres infrastructures (comme Free en France aujourd’hui), soit en tant que MVNO (opérateur mobile de réseau virtuel). Ce qui ne motiverait pas l’opérateur de réseau à accentuer ses investissements qu’il se voit indirectement obligé de partager. A l’inverse, le modèle américain pousse les nouveaux opérateurs à investir systématiquement dans leur propre réseau. « L’analyse comparative indique que l’approche américaine s’est avérée plus efficace dans la motion de la couverture des réseaux très haut débit que l’approche européenne », concluent les auteurs.

Autres données différenciantes : le coût des services. Il serait plus faible aux États-Unis qu’en Europe en-dessous de 12 Mbit/s, à peu près équivalent entre 12 et 30 Mbit/s et significativement plus élevé au-dessus. Soit 61 dollars contre 37 en Europe. Une différence qui s’expliquerait par une consommation moyenne des données supérieure de 50% outre-Atlantique (avec 60 Go par mois contre 40 Go). Selon les auteurs, « les prix pour les utilisateurs européens vont inévitablement grimper ». Wait and see…

crédit photo © Aquir – shutterstock


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