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Linus Torvalds : « L’égoïsme est à l’origine du succès de Linux »

Lauréat aux côtés du scientifique japonais Shinya Yamanaka de l’édition 2012 du Millennium Technology Prize décerné par l’Académie finlandaise de technologie, Linus Torvalds, 42 ans, créateur du noyau Linux, jette un nouveau pavé dans la mare. Dans un entretien accordé à la BBC, l’informaticien américano-finlandais déclare que le succès de Linux, des serveurs aux smartphones, est lié à un mélange d’égoïsme et de confiance.

L’open source n’est pas un « revival » hippie

Lorsque Linus Torvalds a rendu disponible le code source du premier noyau Linux en 1991, il n’avait pas d’attentes particulières concernant l’avenir de cette initiative. Il s’agissait surtout de montrer de quoi il était capable. « Je n’attendais certainement pas que les gens m’aident pour ce projet, mais j’espérais des retours sur ce que j’avais fait, et je recherchais [d’autres] bonnes idées », a précisé le programmeur dans l’interview rendue publique mercredi.

À propos de l’engouement de contributeurs non rémunérés au développement de Linux, M. Torvalds a ajouté estimer « que l’idée réelle de l’open source est de permettre à chacun d’être “égoïste”, et non pas d’essayer d’obtenir que tout le monde contribue à une sorte de bien commun ». Il ne s’agit pas de former une communauté qui souhaiterait rendre le monde meilleur, tels des campeurs autour d’un feu.

Pour la version la plus récente du noyau Linux, désormais bien plus sophistiqué et complexe que par le passé, 7800 développeurs répartis sur 80 pays ont contribué à sa mise en œuvre. « Il est bien plus difficile de devenir un développeur cœur (core) aujourd’hui qu’il y a 15 ans », reconnait Linus Torvalds.

Altruistes, les contributeurs de Linux ?

« L’open source ne fonctionne vraiment que si chacun contribue pour ses propres raisons égoïstes, et celles-ci ne sont pas forcément de l’ordre d’une “récompense financière” », a insisté M. Torvalds. Il a lui-même commencé à créer Linux pour « le plaisir de bricoler ». Programmer était sa passion. Apprendre à contrôler le matériel était son but égoïste.

Il s’est avéré que Linus Torvalds n’était pas le seul à éprouver ce sentiment. Les équipes des départements informatiques de grandes universités étaient également intéressées par ce type de projet, non pas forcément pour créer un système d’exploitation de A à Z, mais pour y contribuer, y compris en apportant des idées.

Et pour mener à bien un tel projet open source, « la confiance est essentielle ». Personnellement, a expliqué le programmeur, « je veux que les gens aient confiance dans le fait que je sois impartial pas seulement parce qu’ils m’ont vu maintenir le noyau (kernel) au fil des ans, mais parce qu’ils savent que je n’ai tout simplement pas d’incitations qui pourraient m’entraîner à soutenir telle entreprise spécialisée Linux plutôt qu’une autre ». Actuellement, Linus Torvalds travaille pour la Linux Foundation, une organisation professionnelle à but non lucratif.

La licence publique générale et l’entreprise

La licence libre GPLv2 (GNU Global Public Licence, la v3 a été publiée le 29 juin 2007) a permis de garantir le partage d’idées, le droit des auteurs et des utilisateurs à travers la liberté d’utiliser, d’étudier, de modifier et de diffuser le logiciel et ses versions dérivées. Chacun doit avoir la possibilité d’accéder au code source du programme, toute modification apportée ne peut être redistribuée que sous licence GPL.

Au départ, a observé Linus Torvalds, « de nombreuses entreprises étaient méfiantes vis-à-vis de la licence GPL […], parfois elles l’étaient doublement parce que certains dans le camp du logiciel libre étaient bruyamment ‘anti-commercial’ et attendaient que les entreprises transforment tout en logiciel libre du jour au lendemain ». Cela n’a pas été le cas, au contraire, a poursuivi l’informaticien : « le modèle n’est pas simplement adapté à l’échelle de l’individu, il s’applique justement à l’échelle de l’entreprise et à l’échelle mondiale. »

Une fois passé l’orage, le débat s’est recentré sur l’open source et sur les opportunités commerciales offertes. On le constate avec les succès enregistrés par des sociétés comme Red Hat et Canonical sur le segment des distributions Linux ou encore de Google avec l’OS mobile Android, adopté par Samsung, HTC et d’autres.

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